L’excès de drame peut-il nuire à la santé? C’est la question qu’on est enclin à se poser après la vision des deux premiers épisodes de Monday Mornings, la nouvelle série de David E. Kelley.
Le papa d’Ally Mc Beal et The Practice qui a aussi été celui de Chicago Hope, revient à ses premières amours et semble même décidé à les combiner puisqu’il sera beaucoup question des poursuites auxquelles les chirurgiens s’exposent en cas d’erreurs médicales ou non.
Blues des blouses blanches? Pas seulement car il sera aussi question de confiance, d’éthique professionnelle, d’entraide et de solidarité, de dépassement de soi, de performance et d’attirance dans cette nouvelle série hospitalière basée à Portland. Beaucoup (trop) de sentiments en jeu ? Là est toute la question… Malgré un casting compétent et varié, des personnalités contrastées et des intrigues rondement menées et joliment filmées, il manque ce «petit truc en plus» qui pourrait emporter la mise. Si bien que les prochaines semaines (et audiences) devraient rapidement apporter leur verdict.
Son atout (car elle en a un)?
«Monday Mornings» brise un tabou et, en même temps, évente un vieux fantasme: savoir de quoi les médecins parlent entre eux lorsque nous, simples patients, ne sommes pas à portée d’oreille.
Régulièrement, le lundi matin, ils se réunissent pour passer en revue quelques cas litigieux. Ceux dont la profession ne s’honore pas vraiment, qu’ils se soient soldés, ou non, par la mort du patient.
Au cours de cette fameuse réunion « secrète » du lundi ni défense corporatiste, ni faux semblant mais la froide vérité que tous tentent de regarder droit dans les yeux. Quand, pourquoi et comment ai-je fauté ? Cela pourrait ressembler à un vague acte de contrition publique, sauf qu’il s’agit bien de tirer les enseignements des erreurs du passé pour empêcher qu’elles ne se reproduisent. Et qu’on donnerait cher pour savoir si telle ou telle réputation est usurpée, lorsqu’il s’agit de confier l’un des nôtres aux bons soins d’un chirurgien.
Cet angle d’attaque, sans être révolutionnaire, propose une approche contrastée de la pratique chirurgicale et change en tout cas des amours contrariées (Grey’s anatomy) et maladies rarissimes (Dr House) proposées ces dernières années.
Dur dur de renouveler le genre médical de nos jours? On le dirait bien. Après la décennie de succès d’Urgences, difficile d’imposer un nouveau ton qui ne serait ni le cynisme (Dr House), ni l’humour transgressif (Nurse Jackie).
Car si les divas et beaux gosses de Private practice ont définitivement remisé leur stéthoscope, on ne peut pas en dire autant de la fameuse bande de Grey’s anatomy qui n’en finit pourtant pas de traîner sa lourde fatigue scénaristique.
Et la relève? Elle se fait attendre. Quatre séries ont pris le départ dans ce créneau depuis la rentrée au pays de l’Oncle Sam (cf. note précédente). Sans succès jusqu’ici.
The Mob doctor, mêlant chirurgie et mafia a été jugée peu crédible; The Mindy project s’apparente davantage à une comédie explorant la vie d’une trentenaire que l’aspect médical de son profil; Emily Owens, jugée trop peu innovante, a déjà été annulée. Quant à Do no harm , nouvelle déclinaison du syndrome Jekyll et Hyde, apparue fin janvier, elle n’a même pas eu le temps de se retourner (2 épisodes diffusés) qu’elle était déjà annulée…
Bref, on souhaite déjà bon vent au britannique Dr Monroe – qui arrive sur Arte dans une semaine. En espérant qu’il saura nous surprendre.
KT
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