De Phoebe Waller-Bridge, on apprécie le sens aigu de l’observation, le soin apporté au réalisme et à l’humain. On se souvient aussi de l’étonnante autodérision de Fleabag, comédie décapante sur une jeune adulte tentant de ne pas se laisser gagner par la dépression. Elle y tenait le rôle principal tel un miroir tendu aux prestations qui l’ont fait remarquer dans le milieu du stand up.
Avec Killing Eve, sa nouvelle série pour BBC America présentée en compétition au Festival CanneSéries cette semaine, la scénariste britannique démontre sa maestria une fois de plus mais dans le domaine du drama, cette fois.
Epaulée par les comédiennes Jodie Comer (renversante dans la série Thirteen) et Sandra Oh, rendue mondialement célèbre par son rôle dans Grey’s Anatomy, la créatrice dynamite le thriller d’espionnage et propose deux nouveaux personnages féminins hauts en couleur dont on regrette de ne pas pouvoir connaître d’emblée les futurs démêlés.
Le premier épisode de la série, présenté dimanche soir à Cannes et aux Etats-Unis, a fait mouche et nécessitera qu’on suive de très près sa diffusion prochaine aux Etats-Unis mais aussi,on l’espère, de ce côté-ci de l’Atlantique.
Avant même le succès de son lancement le 8 avril, la série a déjà été renouvelée pour une saison 2.
Bonne nouvelle pour les admirateurs de ce trio de femmes fortes puisque la saison 1 n’affiche que huit épisodes au compteur.
Déjà renouvelée pour une saison 2
Dans le rôle d’une tueuse à gage internationale, connue sous le nom de code « Villanelle », Jodie Comer s’amuse visiblement beaucoup et entraîne le public à sa suite. « A la fois inoffensive et dangereuse, transparente et vénéneuse », comme la décrit Phoebe Waller-Bridge, Villanelle apparaît sans affect et sans limite. Ses virées meurtrières entraînent de multiples changements de looks (elle est adepte du luxe et des belles tenues) et de modes opératoires, un quotidien qui semble parfaitement convenir à ce caméléon capable de passer d’un tempérament de feu à l’attitude la plus froide et détachée en un clignement d’oeil.
L’irruption de Villanelle à Londres va bouleverser la vie d’Eve Polastri (Sandra Oh) qui dépérit dans son boulot d’analyste pour le compte du MI6 et rêve d’enfin s’imposer sur le terrain.
L’enquête, lancée par les services secrets afin de déterminer l’identité de cette mystérieuse tueuse à gages qui enchaîne les missions sans états d’âme ni temps morts, va enfin lui en donner l’occasion.
Adaptant le roman « Codename Villanelle » de Luke Jennings, la série de Phoebe Waller-Bridge s’en empare et le mâtine d’humour noir british grâce à la complicité de ses deux personnages féminins. « Deux femmes qui vont en apprendre beaucoup l’une sur l’autre à travers cette montée en tension et cette inévitable confrontation », a expliqué l’actrice Sandra Oh lors de la conférence de presse organisée ce lundi matin à Cannes.
« Eve est à un moment-clé de son existence où elle fait le point sur sa vie et sur ce qu’elle veut vraiment. Cela rend le personnage plus profond et plus intéressant que beaucoup d’autres qu’on croise ou qu’on nous donne à lire. Le cinéma ne m’a jamais proposé de rôles de cette densité ou de cette profondeur », poursuit la comédienne soulignant que « l’une des forces des séries est de proposer un éventail de rôles et de personnages nettement plus inclusifs et diversifiés que le cinéma ».
Karin Tshidimba, à Cannes
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