Depuis une semaine, le scénariste Dan Franck déambule à Marseille, en pleins préparatifs de sa future série politique pour Netflix. « Ceux qui attendent de la Kalachnikov seront déçus » prévient-il.
Dan Franck et Pascal Breton, scénariste et producteur de « Marseille« , la future série française de Netflix, promettent au contraire « une grande bataille politique ». Raison pour laquelle ils sont venus sonder le terrain juste avant les élections départementales. « On a voulu voir comment ça se passe à Marseille », lâche avec impatience Dan Franck, assis au bar d’un hôtel surplombant le Vieux-Port: « C’est une ville qui a une telle personnalité! »
Visite à la mairie, puis dans les quartiers « pour sentir l’ambiance », et dimanche, ils ont fait « la tournée des popotes », selon les dires du scénariste de Carlos, dans un entretien accordé à l’AFP.
En plus des politiques -le maire, Jean-Claude Gaudin et Dominique Tian, son premier adjoint -, qui ont ouvert leurs portes, « je suis allé dans des mosquées. Je suis allé à Félix Pyat [une cité sensible, ndlr]. J’ai rencontré des personnages très denses », dit-il.
Des voyous? « Oui, beaucoup. Indépendamment de toute considération morale, c’est quand même des gens qui ont des choses à raconter. » Et qui sont « très heureux » que « des gens autres que ceux de leur milieu (…) les écoutent », souligne-t-il.
Mais Dan Franck n’écrit pas un polar. L’intrigue joue de la « schizophrénie narrative » entre « la cité, d’un côté et la mairie, de l’autre », explique-t-il. « C’est surtout un conflit entre deux personnages, deux morales politiques, deux générations confrontées à ce même terrain-là », ajoute-t-il. Avec une question: « Qu’est-ce que c’est que la politique dans ces milieux sociaux qui sont déclassés, qui sont hors du champ politique et qu’on s’accapare, du point de vue politique, avec des prébendes? »
Toute ressemblance avec des personnages existant ou ayant existé ne peut qu’être fortuite, s’empresse de préciser l’auteur. « C’est une histoire totalement inventée », assure-t-il: « Je me nourris de la connaissance politique que je peux avoir », mais « il n’y a pas Gaudin, il n’y a pas Defferre, il y a seulement Marseille ».
« C’est la scène locale la plus belle », ajoute Pascal Breton (Federation Entertainment), qui a convaincu Netflix, leader mondial de la vidéo en ligne sur abonnement, de préférer cette ville à Paris pour transposer sa saga washingtonienne à succès.
« Marseille est comme un grand théâtre qui regarde la mer, autour du Vieux-Port, (…) un théâtre italien. » Autant qu’une « cité à la manière grecque », dit le producteur des séries françaises « Dolmen » et « Sous le soleil ».
L’histoire empruntera aux quinze dernières années de vie politique française, ramenées à l’échelle de cette cité-État où l’élection municipale compte autant que la présidentielle, explique-t-il.
Au-delà du souci d’éviter les clichés, le « Marseille-bashing » -qui irrite particulièrement les responsables locaux- et l’offense aux « gardiens du temple », notamment l’écrivain marseillais de référence, feu Jean-Claude Izzo, les auteurs semblent avoir à coeur de réhabiliter, sinon la politique -qu’ils « aiment » l’un et l’autre-, au moins la série politique, un genre victime de « frilosité », selon Dan Franck.
« On ne voit pas beaucoup le fonctionnement de la démocratie française à la télé française », note encore Pascal Breton. « C’est juste dur de rendre (la politique) spectaculaire, de (la) rendre dramatique, voire tragique », reconnaît-il. Mais « le fait que ça revienne à la mode dans les séries nous offre cet espace. C’est à nous de ne pas le rater » a-t-il encore confié à l’AFP.
D’autant que d’autres nations (pays scandinaves, Grande-Bretagne, Israël) n’ont, quant à elles, pas loupé ce virage crucial.
La série, déclinée en huit épisodes, est attendue fin 2015.
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