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Krach boursier, montée du fascisme, ombre de l’Ira et guerre des clans : les Peaky Blinders sont à nouveau dans la tourmente. La saison 5, déjà dispo sur arte.tv et Netflix, est à suivre sur Arte ce vendredi à 20h55.

« Il n’y a pas de repos pour moi en ce bas monde », professe Thomas Shelby (Cillian Murphy) qui, en quatre saisons, a prouvé que l’homme pouvait avoir de très nombreuses vies : gangster, ex-bookmaker, homme d’affaires et aujourd’hui homme politique : député, il siège parmi les socialistes à Westminster…

Toujours hanté par l’image de sa douce Grace (Annabelle Wallis) trop tôt disparue, Tommy se perd par moments dans la drogue et ses rêveries paranoïaques tout en continuant à manœuvrer intensément afin de garantir l’ascension fulgurante de sa famille. Mais 1929 lui réserve son lot de mauvaises surprises, tant sur le plan du business que de la fratrie. Mafia chinoise, gang écossais, menaces de l’Ira et krach boursier : il semble clair que le repos n’interviendra pas de sitôt.

Les Shelby pensaient avoir déjà tout vécu – les tranchées de la Première Guerre mondiale, les complots, traquenards, guérillas, extorsions et règlements de compte avec les gangs rivaux de Birmingham – mais c’était sans compter la crise de 1929 qui va précipiter la famille nouvellement enrichie au cœur de la grande lessiveuse financière, les forçant une fois encore à se réinventer. L’intrigue se joue entre Birmingham, Londres et les États-Unis. Et tandis que les hommes reviennent à la case départ (Birmingham l’industrieuse), les femmes du clan vont tenter une fois encore de peser dans la balance des intérêts familiaux.

Une série belle et brutale

Toujours aussi cinématographique grâce à la caméra d’Anthony Byrne, la nouvelle saison de Peaky Blinders*** est portée par un montage au cordeau, une photographie post-apocalyptique et une bande-son résolument fiévreuse. Un sens de l’image et de la métaphore mis au service de l’onirisme du récit imaginé par Steven Knight.

La saga de la famille Shelby pourrait n’être qu’une banale histoire de mauvais garçons devenus piliers de la bonne société, mais le charisme de ses interprètes – Cillian Murphy, Helen McCrory et Paul Anderson en tête – et le parallélisme avec la trame historique (la montée du fascisme) et les soubresauts de la société britannique du début du XXe siècle en font une série digne d’une anthologie. La petite histoire des Shelby épousant la grande avec panache et détermination.

Helen McCrory (Polly Gray) dans le second épisode de « Peaky Blinders – Saison 5

Malgré les expéditions punitives et les échanges de tirs en tous genres, Peaky Blinders s’apparente à de l’horlogerie fine : un récit qui ronronne et progresse presque imperceptiblement, sans à-coup comme si le temps était son meilleur allié.

Des audiences au sommet

La 5e saison, annoncée initialement comme étant la dernière, sera finalement suivie d’une saison 6 et d’une saison 7, comme l’a révélé son créateur Steven Knight. Preuve que le destin des Shelby n’est pas près de sortir de la brume, à l’image de son chef de meute en plein doute.

Au Royaume-Uni, la saison 5 de Peaky Blinders s’est achevée sur un niveau d’audience record : 3,8 millions de personnes ont suivi le dernier épisode sur BBC One. À J + 7, les quatre premiers épisodes avaient déjà fédéré une très jolie moyenne de 5,9 millions de Britanniques.

Récompensée en 2018 du Bafta de la meilleure série dramatique, Peaky Blinders, désormais aussi disponible en intégralité sur Netflix, est diffusée par Arte depuis la toute première saison en 2015.

Karin Tshidimba