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Portée par trois acteurs belges dans les rôles principaux – Laurent Capelluto, Renaud Rutten et Olivier Bonjour -, la série Zone blanche a été tournée dans les Vosges mais aussi dans certaines parties de la forêt ardennaise entre fin juillet et fin octobre dernier. Après une saison 1 très sombre, la saison 2 promet d’autres mystères et une atmosphère « bleutée« , dont le comédien Laurent Capelluto parle avec enthousiasme. Où l’on découvre une histoire de sanctuaire celte pillé à l’époque romaine et de rites sacrificiels qui nous renvoient deux millénaires en arrière…
Rencontre avec Laurent Capelluto, l’un des talents belges de « Zone blanche » dont la saison 2 débute sur AB3 à 20 h.

Le succès de la série française Zone blanche est peu banal. Vendue à Amazon worldwide, sa première saison a été diffusée dans 200 pays et sous-titrée dans 19 langues. Présentée à la Berlinale, elle a glané des prix à Camerimage (meilleure photographie), au Fipa (meilleure musique), au festival de Luchon (meilleure réalisation, meilleure photographie et meilleur espoir masculin) et elle a même voyagé jusqu’au Texas, à la suite de sa sélection au Fantastic Fest d’Austin.

Nouvelle ambiance, nouveaux personnages

« Dans cette nouvelle saison, un nouveau personnage féminin, campé par Marina Hands, intervient. Avec lequel Siriani va développer une relation personnelle et professionnelle particulière. Comme un film noir dans la série. Cela va permettre de mieux comprendre ce qui a entraîné son parachutage à Villefranche », explique son interprète, Laurent Capelluto.
Un développement de son personnage qui lui importe beaucoup, après qu’il l’a patiemment construit avec des « touches de Columbo, de Buster Keaton, de Pierre Richard et d’Eliott Ness aussi ».

« J’aime sa ténacité, son regard décalé, sa capacité d’ironie et de distance face à la réalité, son second degré aussi. Je me suis raconté que cela cache une blessure, qui explique son comportement, et c’est une question que l’on aborde dans cette 2e saison. »
« La saison 2 sera moins sombre, avec des touches d’ironie qui permettent de prendre de la distance par rapport à l’enquête et à la situation vécue à Villefranche », assure-t-il. Il y a, chez l’acteur belge, une douceur et une discrétion qu’on ne retrouve pas dans son personnage fantasque mais déterminé et souvent intraitable.

« C’est vraiment l’histoire qui m’a séduit et le fait d’avoir l’occasion d’appréhender un personnage sur la longueur : avoir, comme au théâtre, une matière qui me permettait de travailler en profondeur, de pouvoir discuter avec les réalisateurs de l’atmosphère et du côté décalé de tous les personnages. Avec son atmosphère de western, Zone blanche est une série qui s’inspire de plusieurs genres. J’aime ce côté dingo et ce beau mélange d’influences. »

Une quête d’originalité

« Si l’histoire ne m’intéresse pas, je ne vais pas pouvoir m’impliquer. Si je me rends compte que celui qui l’a inventée le fait seulement pour bouffer ou faire un projet de plus, cela ne va pas être dynamisant. La qualité de l’histoire, l’intérêt que je lui porte et l’urgence que je sens chez le réalisateur, c’est tout cela qui va me guider dans mes choix au cinéma et en télévision. Aujourd’hui, il n’y a plus lieu de faire la différence. »
Si ce n’est, tout de même, en termes de rythme de travail… « Il y avait des journées longues et difficiles mais quel plaisir de voir qu’on ne va jamais lâcher une séquence tant qu’on n’a pas tous les plans que l’on veut et au moins une prise qui nous convient ! C’est fatigant mais quelle belle énergie cela confère ! J’ai aussi fait des premiers films qui étaient fauchés et avec des réalisateurs moins expérimentés. Tout dépend d’un projet à l’autre. Ce n’étaient pas des conditions très confortables, mais franchement je les trouvais bonnes. »

Un récit développé sur cinq saisons (probables)

Le comédien bénit aussi les temps de répétitions offerts par la série. « Ce n’est pas toujours le cas mais, ici, on a eu des lectures de tous les épisodes avec l’auteur, les deux réalisateurs et le producteur. C’est appréciable parce qu’on avait l’espace pour amender certains dialogues des personnages. Ils ont imaginé cinq saisons mais je découvre au fur et à mesure les mystères. Plein d’énigmes demeurent même pour nous. Tout n’est pas écrit mais les grandes lignes existent jusqu’à la saison 5. »
Reste à savoir combien de temps encore le procureur Siriani parviendra à résister au fort taux de mortalité qui sévit dans la région…

« Le théâtre me met en travail, en mouvements »

Au sujet de son parcours de comédien, Laurent Capelluto confie : « Je ne me projetais pas ailleurs qu’au théâtre car c’est la réalité des comédiens en Belgique. J’ai eu la chance d’arriver très tôt au Théâtre national et d’y rester pendant deux ans, d’avoir un statut d’artiste et de vivre de mon métier, ce qui est beaucoup plus compliqué aujourd’hui pour les jeunes. Le cinéma est venu par hasard et m’a ouvert un autre champ, comme la série aujourd’hui. »

Dans la vie de Laurent Capelluto, le théâtre est une histoire d’équilibre.
« Si je ne fais pas au moins un projet théâtral par saison, je ne m’offre pas l’occasion d’un travail de recherche car le temps du théâtre est nettement moins régi par des questions d’argent que celui du cinéma ou de la télévision. Je m’offre cet espace-là chaque année. Si je ne fais pas cela, je vais m’assécher, il y aura quelque chose en moi qui ne sera plus en mouvements et en travail. »

Par curiosité et goût des histoires qui s’inscrivent dans la durée, le comédien a été happé dans le monde des séries. « De plus en plus de grands réalisateurs de cinéma montent des projets de séries parce que c’est plus facile à financer que le cinéma. J’essaie de me laisser guider par l’histoire. Je ne suis pas du tout un créateur, je ne suis pas capable d’inventer des histoires mais je peux mettre ma créativité au service de quelqu’un qui se lance » précise-t-il.

On en a profité pour lui demander quelle(s) série(s) l’ont le plus marqué jusqu’ici…

Laurent Capelluto sera sur la scène du théâtre Le Public du 19 mars au 27 avril dans la pièce Rétrospective de Bernard Cogniaux, dans une mise en scène de Pietro Pizzuti, avec Sandrine Laroche, Sarah Joseph et Jonas Claessens.
« C’est l’histoire d’un artiste contemporain devenu mondialement connu qui revient dans son village d’enfance pour une rétrospective. Celle-ci est organisée dans le nouveau centre culturel construit en lieu et place de la grange de ses parents. Cet homme, coincé entre remise en question égocentrique et doutes, est confronté à son amie d’enfance qui gère le nouveau centre sur fond de questions de politique culturelle et d’annonce de l’installation d’un centre pour demandeurs d’asile dans le village. Le spectacle pose des questions de société et de citoyenneté mais aussi d’autres, liées à l’art et à sa pratique. »

Entretien: Karin Tshidimba