Né dans un roman, c’est sous la forme du feuilleton que Sherlock Holmes a pris son envol, assurant à son auteur, Arthur Conan Doyle, une reconnaissance inespérée et même envahissante.
L’imaginaire populaire – ou la légende urbaine – ont fait de lui un homme élancé, portant une casquette à rabats en tweed et fumant la pipe. Au fil des décennies, il a arboré de nombreux costumes à la coupe plus ou moins stricte et souvent élégante. De nombreux comédiens lui ont prêté un indéniable flegme et un charme certain, bien loin de la description initiale, relativement sobre établie par son créateur, sir Arthur Conan Doyle.
Observations, déductions, logique
Mince et d’apparence plutôt sombre, Sherlock Holmes est un homme grand, « au nez aquilin et aux yeux gris pénétrants », arborant une silhouette rehaussée d’épaules angulaires. « Il était reconnaissable à sa façon saccadée de marcher, ainsi qu’à sa voix haute et discordante. » Un physique peu banal clairement inspiré du professeur de chirurgie, Joseph Bell, auprès duquel le jeune Arthur Conan Doyle a étudié la médecine, au milieu des années 1870, à l’université d’Edimbourg. L’homme, résolument insolite, s’avérait brillant dans le travail déductif.
« Il regardait le patient, l’autorisait à peine à ouvrir la bouche qu’il établissait déjà le diagnostic. » Il découvrait aussi très souvent la nationalité du patient et sa profession, entièrement grâce à son « art de l’observation. Un homme aussi scientifique que lui devrait être détective », se disait Conan Doyle. Une intuition devenue réalité sous sa plume, dès la toute première enquête du grand Sherlock Holmes, Une étude en rouge, parue en 1887. Car, au-delà de son intérêt pour la médecine, Conan Doyle était aussi un lecteur assidu de romans policiers.
Rapidement, l’auteur se met à élaborer des hypothèses et des énigmes qui doivent nourrir ses récits et ses enquêtes dont la figure centrale sera un homme aux qualités intellectuelles indéniables et à l’immense culture générale.
Si son premier roman ne rencontre aucun succès, Arthur Conan Doyle ne renonce pas pour autant. Ses aventures, publiées sous forme de feuilletons dès 1891 dans le Strand Magazine, trouvent rapidement leur public : des lecteurs fascinés par cet homme qui parvient à transformer l’invisible et le mystère en déductions logiques.
Les zones d’ombre de Holmes
Sherlock déchiffre les signes extérieurs comme il interpréterait un tableau et se dit même capable de « lire l’âme humaine ». Une sensibilité étonnante chez cet homme réputé imperturbable qui s’enflamme tout de même au contact de la peinture et de la musique – le violon en particulier qu’Holmes affectionne -, même s’il ne jure que par la science et les lois rationnelles. Sa façon « quasi surnaturelle de lire les signes et les personnalités » des êtres humains qui l’entourent en fait une personnalité étrange, d’autant plus inquiétante que lui-même reste indéchiffrable.
Décrit par son fidèle assistant Watson, comme « un phénomène coupé du reste du monde, un cerveau dénué de cœur », Sherlock demeure une énigme, un être difficile à cerner.

Tenté par le spiritisme et fumeur d’opium patenté, Holmes a confessé à son fidèle Watson un ancien penchant pour la cocaïne. Une drogue découverte par Conan Doyle dans la foulée de sa rencontre avec Oscar Wilde, référence totalement abandonnée dans ses récits ultérieurs à la suite du procès encouru par ce dernier.
Quel que soit le profil (psychologique) qu’on lui prête, Sherlock Holmes n’a pas fini de fasciner le grand public. Au 221b Baker Street à Londres, appartement originel du personnage, siège un musée en son honneur. Encore aujourd’hui, le lieu reçoit environ cinquante lettres par semaine provenant du monde entier. Deux autres musées suisses sont dédiés au célèbre enquêteur dont le destin est désormais consigné dans La Pléiade.
Karin Tshidimba
NB : ces descriptions sont extraites du fameux ouvrage “Holmes est l’énigme” signé par Arthur Conan Doyle.
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