Imaginée par l’ex-Premier ministre Edouard Philippe et son conseiller Gilles Boyer, la série explore les coulisses d’une campagne électorale. Adaptée de leur roman éponyme, elle est portée par un casting aux petits oignons emmené par Melvil Poupaud, Swann Arlaud et l’épatante Karin Viard. A voir dès ce mardi sur Auvio

Sourire carnassier et brushing impeccable, Marie-France Trémeau (Karin Viard) se prépare à la victoire lors de ces primaires de la droite française qui l’opposent au candidat Paul Francœur (Melvil Poupaud), nettement moins à droite qu’elle sur l’échiquier politique. Malgré leurs intenses préparatifs et leur expérience du terrain, tous les deux ne sont pas au bout de leurs surprises et la partie qui s’engage s’annonce très longue…

Dans l’ombre est un projet de série imaginé par l’ex-Premier ministre français Edouard Philippe et par Gilles Boyer, son ancien conseiller spécial, actuel Eurodéputé, au départ de leur deuxième roman commun paru chez Lattès en 2011. Annoncé en 2021 à Séries Mania, le résultat a été présenté en mars dernier au public lillois, juste retour des choses aux yeux des sériephiles.

Coulisses et tractations politiques

La série déclinée en six épisodes a permis une réactualisation du sujet du roman – une campagne électorale vue depuis les coulisses sur laquelle planent de multiples menaces.

Ce récit de politique-fiction analyse une fraude présumée se déroulant dans le cadre de la primaire de la droite républicaine. “Juste retour des choses”, souligne, en forme de clin d’oeil, le scénariste et réalisateur Pierre Schoeller, après la série Baron Noir, produite par Canal +, qui s’était plongée, dès 2016, sans peur et de façon très incisive, dans les tourments électoraux d’un candidat de la gauche…

Au fil de ses six épisodes, Dans L’ombre ausculte “l’engagement nécessaire” des proches du candidat Paul Francœur et les rouages cachés du milieu politique. Une évocation, entamée sur le ton du thriller, qui “évolue ensuite vers un portrait de groupe plus approfondi”, soulignent le réalisateur et les scénaristes en chœur.

En voyant la troupe réunie autour du candidat Melvil Poupaud, on songe forcément à cette première incursion dans la sphère politique produite en 2012 par France Télévisions avec la série Les Hommes de l’ombre, créée par Dan Franck et Régis Lefebvre, emmenée par Nathalie Baye.

Afin de façonner son personnage de candidat à la Présidentielle 2025, le comédien Melvil Poupaud s’est rendu au Havre, en compagnie du maire Edouard Philippe, tout aussi affable que son personnage de Paul Francœur dans la série. “Au point de se demander si, lui aussi, ne jouait pas un personnage… ”, notait le comédien avec une pointe d’ironie.

Karin Viard défend avec détermination son personnage de Marie-France Trémeau, figure de la droite dure française, pour laquelle elle a multiplié les références, tout en veillant à ce qu’elle soit “toujours très bien habillée”, glisse-t-elle avec un sourire en coin.

Des ressemblances pas si fortuites

Le toujours discret Swann Arlaud se glisse avec aisance dans le rôle de César Casalonga, apparatchik plutôt taiseux mais toujours sur la brèche. Meilleur compagnon de route de Paul Francœur, il doit tenter d’esquiver les attaques des autres candidats et éteindre les rancœurs de sa propre famille politique alors que plane sur la campagne le spectre d’un trucage du vote électronique.

Dans le rôle de Texier, proche conseiller de la candidate Marie-France Trémeau, au brushing façon Chantal Goya et aux dents longues, on retrouve Sofian Khammes (BRI) qui avait reçu le Prix Eclat de la Révélation acteur 2023.

Dans ce monde très masculin de cabinettards et de proches conseillers, brille Evelyne Brochu, alias Marylin, femme de tête et communicante de pointe du candidat Francœur. Son style efficace mais polissé tranche forcément avec celui beaucoup plus frontal du personnage campé par Maud Wyler, reine de la toile à l’influence indiscutable.

Dans cette série, si les personnages restent fictifs, la proximité avec le réel est très troublante, notamment grâce à la description soignée de faits récents et de phénomènes avérés, comme c’était déjà le cas, notamment, dans la série La Fièvre.

“On a une idée assez précise de ce qui se dit, ne se dit pas, de ce qui se joue dans les regards, les non-dits, les ambiguïtés, on y est très attachés”, a confié Gilles Boyer coscénariste de la série. Que l’on se penche sur les élections en Belgique, en France ou aux États-Unis, il y a un tas de leçons à tirer de l’observation de cette fourmilière. La suite est à découvrir sur Auvio et très prochainement sur France 2.

Karin Tshidimba