Les fans sont aux anges. HBO a annoncé qu’elle renouvelait sa série The Last of Us pour une saison 2. Et l’épisode 3, centré sur l’histoire de Bill et de Frank, vient de prouver que les séries survivalistes pouvaient avoir du fond et du coeur, tout en signant une véritable révolution narrative sans forfanterie, ni mièvrerie. Du grand art.
Surprendre le public, approfondir la quête et explorer de nouveaux horizons. Cela devrait toujours être le but d’un épisode de série. Ne pas se contenter d’ajouter une couche supplémentaire d’intrigue à l’histoire mais creuser plus profondément la psychologie des personnages et leur permettre de dévoiler de nouvelles facettes de leur psyché.
C’est l’opportunité offerte par l’épisode 3 de The Last of Us*** qui se concentre sur deux personnages a priori secondaires, mais dont la rencontre va changer la vie de nos deux protagonistes principaux, Joel (Pedro Pascal) et Ellie (Bella Ramsey). Pas seulement en leur offrant le matériel dont ils ont besoin pour progresser dans leur quête, mais en les aidant à dépasser leur méfiance réciproque et à s’investir dans une relation quasi filiale, censée leur permettre de franchir les nombreux obstacles sur leur route et de survivre.
Etre ou paraître: le vrai dilemme
Se détachant de la trame originelle du jeu vidéo homonyme dont elle s’inspire, l’épisode 3 de la série propose à Bill (Nick Offerman vu dans Parks and Recreation) et Frank (Murray Bartlett vu dans The White Lotus) un destin plus étoffé. La beauté, la justesse et la finesse de la narration offrent aux acteurs l’occasion de briller dans un registre inattendu ou trop souvent bâclé : une véritable histoire d’amour gay loin de tous clichés. Ce faisant, la série imaginée par Neil Druckmann, développeur et scénariste du jeu originel, et Craig Mazin (Chernobyl), son complice, prouve ses ambitions en s’éloignant du matériau originel et en développant de nouvelles intrigues visuellement et narrativement pertinentes.
A travers le personnage de Bill, survivaliste ultra-organisé et armé, qui semble avoir tout prévu pour survivre (eau, nourriture, munitions et système de défense ultra-perfectionné) sauf l’essentiel – l’optimisme et l’espoir -, la série nous pousse à nous interroger sur notre propre grille d’évaluation de la vie et du quotidien. Pourquoi et pour quoi survivre si on est seul et en guerre contre le monde entier ? Que vaut la vie si on est forcé de la subir en étant aigri et emmuré ? En abordant ces questions essentielles et existentielles, la série franchit un cap et se place en résonance avec des récits à forte implication émotionnelle tel que The Leftovers où il n’est pas seulement question de paraître (fort et inébranlable), mais aussi d’être (heureux ou en paix avec soi-même).
Prouvant, par la même occasion, que ce n’est pas un hasard si la série post-apocalytique a réalisé le deuxième meilleur démarrage de la décennie pour la chaîne HBO et qu’elle a donc bien mérité son statut de leader…
En route vers la saison 2
Ces libertés prises avec le jeu vidéo qui l’a inspirée ne sont visiblement que les premières puisque HBO a déjà précisé que la saison 2 n’aborderait pas l’ensemble du contenu de The Last of Us part II tel que les amateurs du jeu le connaissent. Craig Mazin, le coscénariste de la série, a souligné qu’il était impossible d’intégrer au sein d’une seule saison l’ensemble des histoires développées dans ce second volet bien « davantage étiré dans le temps » que ne l’était le premier. Sans oublier le fait que les deux scénaristes souhaitent garder la possibilité de développer des « intrigues indépendantes et inédites » dans la série. Wait & see, donc…
Karin Tshidimba
nb: Chaque nouvel épisode de la série est disponible le lundi (dès 3h du matin ou à 20h30) sur Be tv en Belgique et sur Amazon Prime en France.
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