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33 ans après la catastrophe, les frissons demeurent et sont même décuplés en la découvrant à travers les yeux de ceux qui l’ont vécue de près. Une mini-série HBO aussi instructive que poignante

On a beau être prévenus, la découverte de Chernobyl*** est un choc. Un choc qui met tous vos sens en éveil. Il n’y a guère que l’odeur qui ne parvient pas jusqu’à nous. Tout le reste semble imprégner l’écran : les lueurs dans la nuit, le bruit des flammes dévorant la centrale et des lances à incendie semblant aussi insignifiantes que de simples jets d’eau.

Face à l’horreur constatée, les premiers ouvriers de la centrale nucléaire sont restés incrédules et bouche bée, c’est la raison pour laquelle les scènes sans parole se succèdent. Personne ne trouve les mots pour qualifier l’effroi qui les a tous envahis. Tous ? Non, le directeur Diatlov croit savoir tout mieux que tout le monde et pense qu’il suffit de s’en tenir au protocole pour gérer cette « crise » inédite.

Silence et sobriété

Tandis que les pompiers se démènent, combattants dérisoires face à ce brasier apocalyptique, les badauds se pressent aux abords du site pour mieux voir ce feu qui embrase le ciel sous la lune. Le silence qui s’abat ensuite sur la ville du Nord de l’Ukraine est presque palpable tout comme les nuages de cendres qui ont lentement envahi le ciel. Ces nuages sous lesquels les enfants dansent comme s’il s’agissait de banals flocons de neige…

Cette sobriété, à l’image et au son, est la première grande qualité de la mini-série produite par HBO et Sky. Une reconstitution impressionnante qui évite soigneusement tout pathos, en restant rivée à hauteur humaine. Ce sont le pompier Vassili et sa femme, le professeur Legasov (Jared Harris) et sa collègue Ulana Khomyuk (Emily Watson) qui sont nos guides au cœur de ce qui constitue, alors, la plus grande catastrophe nucléaire vécue sur terre.

Entre propagande, incrédulité et incompétence, les autorités politiques refusent d’abord de voir la réalité en face et menacent, par conséquent, la vie de millions de personnes. Il faudra attendre que les Suédois perçoivent les premières radiations pour qu’enfin les Soviétiques admettent la réalité : le réacteur de la centrale de Tchernobyl a explosé.

Une fois la catastrophe admise, il s’agit de gérer au mieux ses conséquences. Le vice-Premier ministre soviétique Boris Shcherbina (campé par l’impeccable Stellan Skarsgård) est donc chargé par le Kremlin de diriger la commission gouvernementale sur Tchernobyl dans les heures qui suivent l’accident.

Réalité augmentée

Tournée à Vilnius, en Lituanie, la série, en cinq épisodes, est portée par Jared Harris (vu dans Mad Men, Fringe, The Crown), Stellan Skarsgard (River) et Emily Watson (Le mari de la ministre). Tous les trois campent des personnages emblématiques ou fictifs (pour la dernière) qui permettent de (re)vivre l’Histoire au plus près de sa dimension symbolique et humaine.
À la réalisation, on retrouve Johan Renck qui a œuvré sur les séries Breaking Bad et The Walking Dead, c’est dire s’il s’y connaît dans les environnements apocalyptiques…

Résumer deux années de lutte en 5 heures (et autant d’épisodes) a demandé de « prendre quelques libertés avec la vérité des faits », reconnaît le créateur Craig Mazin qui a souligné que si le personnage d’Ulana n’a pas existé en tant que tel il est à la jonction de différents parcours de femmes scientifiques qui ont effectivement travaillé sans relâche afin de réduire l’impact de cette catastrophe écologique et humaine majeure.

Karin Tshidimba