Amazon Prime Video met sur orbite un récit classique d’espionnage, une production française qui réveille le passé mais résonne aussi curieusement avec l’actualité.

En 1965, au plus fort des tensions entre l’Ouest et le bloc de l’Est, la course aux étoiles entre scientifiques russes, américains et français reflète la guerre froide que d’autres se livrent sur terre. Du succès de la première pourrait bien dépendre l’issue de la seconde…
Conscients de l’avancée des Russes en matière de conquête spatiale, les services secrets français décident de recruter Francis Mareuil (Niels Schneider), jeune scientifique travaillant au sein du Centre national des études spatiales (CNES), afin de les aider à mettre la main sur des documents top secret attestant des progrès russes en la matière. L’occasion pour Francis de sortir de l’ombre de son père, accusé de trahison, comme le lui fait miroiter son parrain, Charles Contignet (Lambert Wilson).

Les multiples facettes de Berlin

Arrivé à Berlin en compagnie d’un agent expérimenté (José Garcia), le jeune ingénieur rencontre Lyudmila Goloubeva (Vera Kolesnikova), pianiste fraîchement recrutée par le KGB afin d’espionner son propre père, scientifique renommé. Francis est touché par la détresse qu’il pressent chez la jeune femme, visiblement mal en point et aussi inexpérimentée que lui pour sa première mission sur le terrain.
Pendant que Francis Mareuil semble déboussolé, sa femme (Ana Girardot) restée à Paris, se retrouve mêlée à des enjeux qui la dépassent, en tentant simplement d’aider sa nièce à sortir d’un mauvais pas…
De l’ingénieur en aérospatiale à la pianiste et à l’infirmière, trois destins basculent ainsi en quelques heures, sur fond de guerre psychologique et de menace nucléaire.

Francis Mareuil (Niels Schneider) rencontre Lyudmila Goloubeva (Vera Kolesnikova) à Berlin.

Loin du “Bureau des légendes”

Loin des tensions extrêmes et des trames géopolitiques complexes qui ont fait la réputation du Bureau des Légendes imaginé par Eric Rochant, Totems★★ parie sur l’action et les renverserments rapides de situation. Thriller historique aux reconstitutions et à la photographie soignées, aux ambiances tour à tour menaçantes ou feutrées et aux décors spectaculaires, Totems évolue entre Paris, Berlin, l’Algérie, Prague et Moscou.

La série, réalisée par Jérome Salle, Antoine Blossier et Frédéric Jardin, s’inscrit dans la veine des classiques du genre avec des clins d’œil touchants à John Le Carré ou Alfred Hitchcock. Dans cette atmosphère de suspicion généralisée, difficile de savoir si l’attirance que ressentent Francis et Lyudmila l’un pour l’autre, est sincère ou bien calculée… Une trame qui entraîne cette fiction française dans le sillage d’un autre grand modèle de série d’espionnage, The Americans, sans pour autant parvenir à rivaliser avec sa psyché tourmentée.

Troubles des sentiments et des identités

Bien plus que par les périls qui guettent ses apprentis espions, l’intrigue est dictée par les fluctuations de leurs sentiments et de leurs émotions, ainsi que par le jeu de dupes dans lequel Américains, Français et Russes rivalisent de perfidie. Son atmosphère est davantage celle d’une série d’action que d’un thriller d’espionnage pur, avec ses temps morts, ses moments de bluff et ses planques interminables. Quant à l’intrigue autour d’Anne Mareuil, elle met en lumière la place assignée aux femmes dans les années 60.

Signée par Juliette Soubrier (Zone Blanche, Les Bracelets rouges) et Olivier Dujols (Le Bureau des Légendes, Falco), cette création française permet de découvrir les Totems, échanges de renseignements entre services secrets français et étrangers, comme la série d’Eric Rochant avait permis de découvrir l’utilisation de légendes, par les agents envoyés en mission sur le terrain. Le lien est fait à travers le personnage de José Garcia, alias Virgile, espion marqué par la torture et les traumatismes d’une vie passée sous une fausse identité.

Karin Tshidimba

Nb: Les trois premiers épisodes sont déjà disponibles (sur 8), un nouvel épisode est mis en ligne chaque vendredi.