Un brillant adolescent noir se débat dans une banlieue pauvre, loin des clichés sur Miami Beach. Par le scénariste du film Moonlight une série d’apprentissage à voir sur Be tv.

Homestead, une banlieue noire où pousse une jeunesse déshéritée grandissant le plus souvent sans père (mort ou démissionnaire) et sans réelle perspective d’avenir. Dans ce paysage désolé, David Young (Akili McDowell, vu dans Billions), élève mature et futé, fait office d’exception. Inscrit au collège pilote Galvin, il est promis à un avenir brillant, du moins s’il s’accroche à ses études et poursuit ses efforts.

Mais, entre son copain Seren (Nathaniel Logan McIntyre) qui cache de lourds problèmes familiaux et les mauvaises fréquentations de son quartier, il n’est pas simple de tenir le cap. Surtout lorsqu’à 14 ans on est coincé entre une mère ancienne alcoolique qui travaille trop et un petit frère GJ qui ne tient pas en place et n’a pas froid aux yeux.

Comment se rêver un avenir ?

Entre crise d’identité, conflits de loyauté, déterminismes et assignation sociale, le tableau pourra sembler très chargé à certains, mais le réel l’est souvent tout autant lorsqu’on grandit dans une banlieue déshéritée au milieu des petits dealers, des prostituées et des chômeurs de longue durée. Dans ces quartiers excentrés où les habitants font face à un quotidien rythmé par le désœuvrement et les boulots éreintants et mal payés, il n’est pas aisé de se rêver un avenir.

« Je suis comme ma mère. Parfois, je fais n’importe quoi et je ne sais même pas pourquoi. Le pire, c’est quand je sens que je suis enfermé ou coincé. Parfois, j’ai l’impression de ne pas pouvoir rester en place », confesse un David d’ordinaire taiseux et volontiers impulsif.

Cette lucidité, l’adolescent la cultive par intermittence car il semble parfois ailleurs, dans la lune ou, au contraire, extrêmement préoccupé et stressé. Souvent, tout semble se bousculer dans sa tête : les relations tendues avec les parents, la surveillance des profs, la pression quotidienne pour intégrer un bon lycée…
Sa professeure Mrs Woods-Trap (Phylicia Rashad, vue dans The Cosby Show) tente de le guider et de l’épauler de son mieux, mais depuis la mort de son mentor, Spike, abattu par la police, plus rien n’est pareil pour David.

Spike (Isaiah Johnson) était le seul à l’écouter : « Il me soutenait et me disait de croire en mon avenir. Il voulait que j’aille à Hurston », le fameux lycée préparatoire. Perdu et déboussolé depuis ce décès, David est fréquemment sujet aux hallucinations et aux cauchemars.

Une prolongation du film « Moonlight »

Première série écrite par le dramaturge Tarell Alvin McCraney, oscarisé pour le scénario du film Moonlight, en 2016, David Makes Man*** explore les écueils auxquels est confronté un adolescent d’une cité défavorisée de Floride. Prolongeant ainsi la réflexion entamée dans le film de Barry Jenkins, inspiré de sa pièce originelle en partie autobiographique, intitulée In Moonlight Black Boys Look Blue.

Tiraillé entre ses racines mal connues et un environnement plus aisé dans lequel il se sent résolument étranger, voire méprisé, David, alias Dai, cherche de nouveaux repères.
Ce récit initiatique à la fois onirique et cru, à l’esthétique inédite, voire franchement innovante, est décliné en deux saisons et coproduit par deux « stars » de la cause afro-américaine : la productrice Oprah Winfrey et le comédien Michael B. Jordan (Black Panther, The Wire).

Karin Tshidimba

Les dix épisodes de la série sont disponibles depuis ce mercredi 7/07 sur Be à la demande.