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Ecoute, empathie, soins : c’est le credo des soignants depuis la nuit des temps, comme le rappelle Call the midwife** Inspirée des mémoires de Jennifer Worth, la série éclaire le quotidien de la population du quartier des docks londoniens dans les années 60. A voir sur La Une, du lundi au vendredi à 15h05 et sur Auvio.

« Je ne savais rien de la pauvreté, ni des logements insalubres, rien des poux, de la crasse ou des familles dormant à quatre dans le même lit. Rien de la passion qui allait grandir en moi, nouveau-né après nouveau-né, accouchement après accouchement. En fait, je ne connaissais rien de la vie. »

Ainsi débutent les mémoires de Jennifer Worth (1935-2011), jeune fille de bonne famille devenue sage-femme en 1957 au cœur de l’un des quartiers les plus pauvres de Londres. Pour parfaire sa formation d’infirmière, elle est accueillie au sein d’une institution religieuse installée au cœur du East-End, soignant et accompagnant les familles ouvrières de la naissance jusqu’à leur dernier souffle. Son étonnement est donc grand face à la surpopulation, l’absence d’hygiène, mais aussi face à la grande fraternité et à l’entraide qui règnent dans ces quartiers oubliés et encore jonchés des gravats des bombardements.

Photographie au plus près de la classe populaire

Au fil de ses visites dans les familles forcément nombreuses (la contraception y reste, au mieux, artisanale) c’est une photographie très incarnée de l’époque et du quartier des docks que la jeune Jenny Lee propose au fil de ses mémoires*. À sa suite, on découvre les petits et grands événements qui ont marqué la classe ouvrière au tournant des Swinging Sixties.

Dans cette série au long cours créée par Heidi Thomas, les six premiers épisodes (la première saison) ont été réalisés par Philippa Lowthorpe. Un duo féminin qui fait des merveilles, révélant les ombres et les lumières de chaque personnage dans ce portrait d’ensemble résolument humain.

La sensible et dévouée Jenny Lee (Jessica Raine) et ses collègues Cynthia, Trixie et Chummy illuminent tout un pan de l’histoire britannique : celui du rôle dévolu aux femmes au sein des communautés déshéritées. Entraide et sororité sont au cœur de cette série atypique qui compte déjà neuf saisons et charrie un large public de fans : 9 millions de téléspectateurs en moyenne sur BBC One et sur PBS aux États-Unis. Une juste récompense pour un travail au service d’une noble ambition. Rares sont en effet les récits qui mettent en lumière les classes populaires…

En mars 2019, la BBC a prolongé la série pour deux nouveaux volets de huit épisodes, assurant sa diffusion jusqu’en 2022.

Karin Tshidimba

*La série est inspirée du livre de Jennifer Worth, paru en 2002, et publié en français chez Albin Michel en 2013 (Appelez la sage-femme, 458 pages, environ 20 €). Ses mémoires sont déclinées en quatre tomes. L’auteure n’a jamais connu de son vivant le succès de la série télévisée qu’elle a inspiré à la BBC.