C’était l’un des doubles temps forts du Festival Séries Mania : la venue de la star Uma Thurman dans une salle du Nouveau Siècle archi-comble et conquise, pour une longue masterclass au cours de laquelle l’actrice américaine est revenue sur les grandes étapes de sa carrière au cinéma et dans les séries (The Slap, Smash). Rencontre suivie de la présentation, en avant-première mondiale, de la nouvelle série dans laquelle apparaît la comédienne : Chambers**, thriller horrifique lancé ce vendredi 26 avril sur Netflix. La nouvelle création originale emprunte de multiples voies de traverse.

Courses aux autographes, photos et interviews millimétrées, et sous haute sécurité : la venue de l’égérie de Pulp Fiction et Kill Bill avait fait monter la température de plusieurs degrés en mars dernier sous un ciel lillois pourtant largement voilé. Autant de préludes à un événement très attendu du Festival Séries Mania : la présentation, en avant-première mondiale de la série dans laquelle l’actrice partage notamment l’affiche avec Tony Goldwyn, vu dans Scandal.

Uma Thurman métamorphosée

Uma Thurman y tient le rôle de Nancy, une riche mère de famille, dévastée par la mort de sa fille adolescente, Becky, étudiante prometteuse et égérie de son lycée. Lorsqu’elle découvre l’identité de la jeune patiente qui a bénéficié d’un don d’organe à l’issue d’une transplantation cardiaque, Nancy n’a de cesse de tenter de se rapprocher de la jeune Sasha, jusqu’à vampiriser peu à peu son existence. Dans ce rôle de mère de famille perturbée et inquiétante, Uma Thurman démontre toute l’ampleur de sa palette de jeu, trop souvent réduite aux rôles de femmes fortes, froides ou sans pitié.

La force de cette série, créée par Leah Rachel, découle de sa façon de laisser monter la tension et de glisser peu à peu vers l’horreur ou le paranormal tout en montrant à quel point les vies de ces deux familles, réunies par le destin, sont à des centaines de kilomètres de distance l’une de l’autre. Et pas seulement sur le plan géographique.

La jeune Sivan Alyra Rose, comédienne apache, crève l’écran

Jeune Amérindienne volontaire et désinvolte, Sasha (Sivan Alyra Rose, épatante) vit auprès de son oncle, patron d’une modeste animalerie, En rencontrant la famille de sa donneuse, elle découvre le versant doré du rêve américain. Un univers huppé où les siens n’ont d’ordinaire pas leur place. Mais où les dangers et les obstacles ne sont pas forcément moins présents, comme elle va vite en prendre conscience. Rapidement, la question de la mort plutôt mystérieuse de Becky s’impose à Sasha d’autant plus que tout le monde semble vouloir soigneusement l’éviter. Un sujet qui découle notamment de l’attitude étrange du père de Becky (Tony Goldwyn, vu dans Scandal) et des sensations bizarres que Sasha commence à éprouver.

Si Chambers séduit d’emblée par son atmosphère soignée, la série requiert un peu de patience pour que s’installe son univers polymorphe. Le caractère volontiers disparate des éléments livrés dans les premiers épisodes (la question du deuil, des inégalités sociales, l’héritage des Indiens, les doutes et les rivalités au lycée, le tout saupoudré d’une petite touche mystique) pousse le spectateur à se poser de multiples questions. Ce qui n’est pas un mal en soi face aux trop nombreuses séries calibrées ou excessivement explicatives qui pullulent sur nos écrans.

Ancrée au cœur de l’hypnotique désert de l’Arizona, Chambers n’emprunte pas des voies trop balisées. Et sait aussi susciter, à certains moments, l’effroi. Un début intrigant et très bien défendu par une jeune actrice, sincère, qui se révèle.

nb: Maya Hawke, fille d’Uma Thurman et Ethan Hawke, a rejoint le casting de la saison 3 de Stranger Things. Mère et fille seront donc prochainement toutes les deux à l’affiche d’une série Netflix…

Karin Tshidimba, à Lille

mise à jour (19/06): La série « Chambers », portée notamment par l’actrice Uma Thurman, ne connaîtra pas de saison 2. Elle vient d’être annulée par Netflix…