Coproduite par Arte, cette série résolument européenne, portée notamment par Sylvie Testud, a été présentée dimanche soir en compétition à Séries Mania. Lundi, une partie de l’équipe répondait aux questions des journalistes

« Par hasard, nous étions en Grèce au moment où on a vu arriver les premiers réfugiés sur les plages grecques. J’ai vu arriver sur l’île de Kos, des familles, des femmes enceintes, des images auxquelles on n’avait jamais été confrontés. Et j’ai vraiment eu l’impression de voir l’Histoire en marche. On avait à coeur d’être très fidèles à cette réalité et on s’est beaucoup documenté. La richesse de cette série c’était justement de confronter les approches et les politiques de deux et même plusieurs pays », explique le producteur Jimmy Desmarais (Atlantique Productions).

Mettre en avant les espoirs humains

« On voulait surtout ramener l’humanité dans ce débat parce que le sujet reste souvent très abstrait : on parle des politiques en vigueur, on cite des chiffres… C’est cette volonté qui nous a guidés, explique Olivier Wotling », directeur de la Fiction d’Arte. Avec leurs partenaires allemands (Lupa Film et la chaîne SWR), ils ont défini les contours de la série Eden, soit 6 épisodes à découvrir en mai sur Arte.

Rapidement, leur choix s’est porté sur le cinéaste Dominik Moll (Harry, un ami qui vous veut du bien, Des nouvelles de la planète Mars).
« Je n’avais jamais abordé un sujet sociétal d’une telle importance dans mes films, cela m’a à la fois intrigué, attiré et fait un peu peur car je me disais qu’il fallait vraiment être à la hauteur. Etant moi-même une sorte de coproduction franco-allemande et n’ayant jamais tourné en Allemagne jusqu’ici, je trouvais que c’était une une bonne opportunité surtout sur un sujet de ce type-là. » Pour y parvenir, Dominik Moll a fait appel à des consultants « et on a rencontré de nombreux réfugiés et migrants, des membres d’ONG, pour avoir une base solide sur laquelle bâtir la fiction ».
« Jalal (Altawil qui interprète Fares, NdlR) lui-même est réfugié syrien. Pierre Linhart, le scénariste français et moi, nous avons été très impressionnés par l’échange qu’on a pu avoir avec lui lorsqu’il nous a parlé de son expérience en tant que réfugié sous la dictature de Bachar el-Assad », poursuit Dominik Moll.

Je voulais sortir de la caricature de tout ce qui a été dit sur ces événements

« Je me suis tout de suite dit qu’on ne pourrait pas traiter de tous les sujets mais qu’on pouvait essayer de rendre justice aux trajectoires des cinq personnages choisis par les scénaristes. Je voulais notamment sortir de la caricature de tout ce qui a été dit sur ces événements parce que les Grecs ont vraiment été formidables, en fait. Il était important de montrer que d’autres personnes ont des problèmes financiers sérieux en Europe et, à travers le personnage de Sylvie Testud, aborder les aspects économiques de la gestion des camps. »

L’important, pour toute l’équipe, était de montrer que « derrière toutes ces histoires de réfugiés, il y a des personnes avec leurs espoirs, leurs peurs, leurs émotions et de mettre cela en avant, tout en respectant les ressorts de la fiction pour que le spectateur ait envie de regarder la série jusqu’au bout. »

Illustrer les politiques françaises et allemandes

« Nous avions la volonté de montrer les défis affrontés par les Occidentaux et voir comment individuellement chacun tente de gérer ces questions au mieux. Que fait-on ? Comment agit-on ? poursuit Jimmy Desmarais. Le choix d’Angela Merkel ayant était celui de l’accueil, c’est ce que nous avons abordé à travers la vie de la famille allemande. Une attitude très différente de la politique choisie par la France. Nous voulions aborder le point de vue des migrants avec cette mise en abyme supplémentaire pour nos acteurs réfugiés de jouer ce qu’ils ont vraiment vécu. On voulait proposer un panorama assez riche, bien plus complexe que les nombreuses simplifications auxquelles on est confronté dans ce dossier » insiste-t-il.

« C’est très difficile de trouver des sujets de coproduction qui ne soient pas forcés, qui soient naturels, admet Jimmy Desmarais. Lupa films avait déjà entamé sa réflexion sur la question des migrants et on s’est dit que c’était une question vraiment européenne. Une fois le projet scellé entre Arte et SWR, on a réuni des scénaristes français et allemands, avec une écriture très collective via une réunion de la writers’ room à Berlin tous les mois. Le plus compliqué était d’écrire sur une problématique qui change tout le temps, depuis le début de l’exode des réfugiés en Syrie, en 2015 jusqu’à aujourd’hui. »
En mettant en lumière des trajectoires de vie qui se croisent et, parfois, se répondent.

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