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Aucune indication dans les grilles, un teaser minimaliste, ni photos en situation, ni identité des invités. La communication autour de Who is America**, la nouvelle série de Sacha Baron Cohen pour Showtime a tout de la traînée de poudre volontairement explosive… En dire le moins possible pour attirer le chaland mais aussi pour éviter les attaques a priori vis-à-vis du programme ? C’est visiblement la stratégie retenue.
Car attaques il y aura certainement et elles risquent même d’être virulentes. Il faut dire que dans sa nouvelle création, le réalisateur anglais n’y va pas par quatre chemins, pointant les errements et les raccourcis vaseux de l’Amérique selon Donald Trump. Or les personnes auxquelles s’attaque le réalisateur, rendu célèbre par son film « Borat », sont loin d’être des anonymes.

Qu’il s’agisse de membres du Congrès férocement pro-armes ou de conservateurs pur jus, ils tombent tous allègrement dans le panneau de ces provocations, trop heureux de rencontrer quelqu’un prêt à embrasser leurs convictions et même leurs contradictions. Cela donne des dialogues hallucinants qui provoqueront sans aucun doute l’hilarité mais qui font surtout froid dans le dos tant les idées proférées sont poussées à l’extrême.

Le premier des sept épisodes est à découvrir ce lundi à 21h50 sur Be1, mais aussi mardi à 20h30 sur Be Séries

Où l’on voit que la volonté de laisser chacun dire ce qu’il souhaite et vivre comme il l’entend – au nom de la sacro-sainte liberté d’expression protégée par la Constitution américaine – peut vous entraîner très loin… Et même, le plus souvent, à l’opposé du sens commun.

Entre Strip-Tease et François l’Embrouille

who is America.jpgIl y a dans le dispositif grinçant mis en place par Sacha Baron Cohen quelque chose de très belge, mariant à la fois la tradition des caméras cachées d’un François l’Embrouille grimé et les confessions rassemblées dans la fameuse émission documentaire Strip-Tease.
Une touche de surréalisme qui atteint un niveau supérieur puisqu’il ne s’agit pas d’anonymes filmés dans leur quotidien mais d’hommes et de femmes publics placés le plus souvent devant leur contradictions et devant les limites inhérentes à leurs discours, souvent réducteurs et parfois mensongers. Le tout réalisé sans trucage ni caméras cachées. D’où la nécessité de garder le plus grand secret sur le contenu de chaque numéro.

La séquence la plus hallucinante du premier de ces 7 épisodes (diffusés dimanche soir sur Showtime et ce lundi soir sur Be TV) concerne le lobby pro-armes qui ne manque pas de défenseurs au sein du Congrès. Se faisant passer pour un instructeur israélien spécialiste des armes cherchant à développer un programme «pour les enfants de 12 à… 4 ans », Baron Cohen (déguisé) parvient à faire endosser son discours délirant à la plupart de ses interlocuteurs sans aucune difficulté, encourageant même certains d’entre eux à en faire la publicité dans un spot présentant une collection de jouets pour enfants transformés en armes à feu.


Une série qui va faire du bruit

Puisqu’il est impossible de savoir lequel des personnages endossés par Sacha Baron Cohen figurera dans les prochains épisodes, ni quelle personnalité y sera confrontée, reste à faire des pronostics.
Qui du farouche opposant à l’Obamacare, se déplaçant en chaise roulante et imputant ses maux à Obama, de l’Amérindien aux moeurs extrêmement libres, luttant contre les règles liées au genre, ou du lobbyiste israélien pro-armes (photo) récoltera la plus grande volée d’insultes et de lettres de menaces ?
Difficile à dire dans une Amérique où la propagation de fake news et d’idéologies subversives semble avoir ramolli les esprits, tout en encourageant la plus grande hypocrisie. Les paris sont ouverts… La candidate républicaine Sarah Palin, piégée et très remontée contre Baron Cohen, semble tenir la corde pour l’instant.

Karin Tshidimba