Si l’empire des séries célèbre, à juste titre, le travail des scénaristes, leur imagination n’explique pas à elle seule la qualité des créations américaines.
Pour assurer le succès d’une série, il est nécessaire que de grandes images se mettent au service d’un grand récit.
S’affirmer à travers les créations les plus originales : c’était – et c’est d’ailleurs toujours – le credo des grandes chaînes du câble – HBO en tête -, avant qu’elles ne commencent à se faire voler la vedette par d’audacieuses plateformes, à commencer par la plus redoutable: Netflix.
Royaume du scénariste-roi et du réalisateur interchangeable, la télévision américaine a cependant permis à certains de ces créateurs de sortir de l’ombre pour imprimer leur patte, voire même leur griffe sur l’écran. Depuis une dizaine d’années, le rôle des réalisateurs, dans la définition de l’identité visuelle d’une série, a d’ailleurs tendance à s’accroître. Chacun tentant de se démarquer dans la jungle des nouveautés.
Spécialiste des séries, la journaliste française Charlotte Blum est partie avec le réalisateur Vincent Gonon à la rencontre de six réalisateurs emblématiques des grandes séries américaines sur leur lieu de travail ; elle en est revenue avec une série aussi passionnante que visuellement attractive. Chacun y dévoilant des bribes (habitudes et incontournables) de sa méthode de travail. The art of television***: un parcours initiatique à suivre le samedi à 20h25 sur Be1 et le mercredi à 20h55 sur Be Séries.
Série documentaire en six volets, The art of television tient à la fois de la malle aux trésors et de la caverne d’Ali Baba : à travers ces portraits inédits, six réalisateurs y évoquent leurs mentors et leurs rencontres marquantes.
Où l’on découvre le sens profond de la réflexion d’Alan Poul (photo du dessus), producteur exécutif et réalisateur de quelques épisodes de l’excellente Six feet under.
Licencié en littérature japonaise et expert en cinéma japonais, passionné de comédies musicales, il ne cache pas l’influence de la calligraphie, de la musique et de l’art japonais sur son travail.
« J’ai mis longtemps avant de faire le job de mes rêves, j’ai dû suspendre mes espoirs et mes attentes. Mais je ne le regrette pas car toutes ces expériences personnelles et professionnelles ont enrichi ma façon de voir le monde. C’est notre vision du monde qui façonne ce qu’on fait en tant que réalisateur. »
Documentaire THE ART OF TELEVISION from Empreinte Digitale on Vimeo.
Dans ce métier de l’ombre où les femmes s’imposent tant bien que mal, Charlotte Blum a eu la bonne idée d’inviter deux réalisatrices à se confier : Jennifer Getzinger, photo n°2 (Mad Men, Masters of Sex, The big C) et Rosemary Rodriguez (The Good Wife, Jessica Jones) qui détaillent, toutes les deux, leur parcours dans ce milieu où les femmes ne sont pas légion.
Des confidences éclairantes car tous les autres épisodes valent le détour.
Qu’il s’agisse de celui consacré à Tim Van Patten (The Sopranos, The Wire, Boardwalk Empire) ; à Alan Taylor photo ci-contre (Homicide, Deadwood, Game of Thrones) ou à Matthew Penn (Law & Order, Damages).
Soit six épisodes d’une série documentaire à savourer sans modération, en attendant les révélations de la saison 2.
Karin Tshidimba
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