Sélectionner une page

Génériques de séries.jpgAprès s’être intéressé, en 2017, aux Fins de séries, sorte de validation ultime de balades emblématiques et souvent tourmentées, Olivier Joyard s’est penché sur ces prémisses qui font fondre les cœurs des fans: les Génériques de séries**, portes d’entrée d’univers particuliers et préliminaires sans cesse renouvelés. Un documentaire détaillé et argumenté à voir ce dimanche à 14h05 sur Be1 (mais aussi le 06/06 à 20h30 sur Be Ciné et sur Be à la demande).

Défini comme un « attrape cœur » pour celles et ceux qui le regardent, le générique de série permet d’entrer « dans l’identité et la tête de quelqu’un d’autre », selon la journaliste et auteure Iris Brey. Que celui-ci soit l’auteur ou le personnage principal de la série.
« C’est comme un rituel qui nous prépare et nous réconforte. » D’autres fans l’avouent sans honte: ces quelques images et notes de musique les « transportent dans un ailleurs tout de suite meilleur ». Le générique permettant « avant tout une connexion émotionnelle » à un univers fictionnel bien défini.

Formé à la cinéphilie « pure et dure » dans le cadre des « Cahiers du cinéma », Olivier Joyard a pris un virage au début des années 2000: celui de la série. « Au fil des années, je me suis rendu compte que je regardais de plus en plus de séries. Le grand changement est intervenu à la fin des années 90. Je me souviens du premier numéro spécial que les « Cahiers » ont consacré au phénomène : c’était en 2003 ; on avait mis 24h chrono en Une. Cela a été mal perçu par une partie de notre public mais on a eu aussi plein de retours positifs car, objectivement, on était en plein âge d’or des séries » nous expliquait-il alors.

Cette passion grandissante, il l’a confessée dans son premier documentaire exploratoire de ce pan de la culture populaire en pleine expansion: Series Addict sorti en 2013. Entre-temps, il avait changé de crèmerie. Olivier Joyard officie désormais au magazine « Les Inrocks » où il peut marier ses deux passions : le cinéma et les séries.

Si les premières séries étaient dépourvues de génériques, ils ont très vite revêtu un intérêt majeur pour les chaînes et les annonceurs qui les sponsorisaient, véhiculant à la fois des enjeux industriels et culturels.
Promesses d’un monde nouveau, préliminaires et objets d’art en soi, les génériques deviennent des points de ralliement pour un public d’amateurs grandissant.

Création envoûtante et arty, le générique a développé au fil du temps un jeu de référence avec le public qui, souvent, en redemande. En attestent tous ces génériques évolutifs qui suivent les transformations de leur série-mère. Terrain de jeu de nombreux créateurs qu’Olivier Joyard a rencontrés et interrogés, son documentaire en souligne la finesse d’analyse et les enjeux.
De La Quatrième dimension à Mad Men en passant par Dexter, Les Soprano et Six Feet Under chaque série y fait entendre sa propre voix. A chacun, sa madeleine, pas vrai ?…

Karin Tshidimba