« Le déclic de la série était latent parce que mon papa (Jean-Claude Deret, NdlR) a écrit une série super connue à l’époque : Thierry la Fronde et ma maman (Céline Léger, NdlR) y jouait le rôle de la belle Isabelle. On en parlait souvent, c’était quelque chose d’extrêmement naturel. C’était presque mon pain quotidien », explique la comédienne et réalisatrice Zabou Breitman. « Je n’en ai jamais fait car c’était difficile de me comparer à mon père. J’ai mis beaucoup de temps à oser parce que c’était son domaine. Un jour, mon papa a cessé de vivre et quelque temps avant sa disparition, on m’a proposé de faire une série. Et j’ai réalisé que tout était en place, tout était là. Comme un rubik’s cube dont on connaît la manipulation. C’était comme une impulsion, très naturelle. »
Le projet de Paris, etc était préexistant à l’arrivée de Zabou Breitman. « Maïwenn et Anne Berest ont commencé à écrire l’histoire de 5 femmes à Paris et puis, cela s’est arrêté. Quatre ans plus tard, on m’a proposé de reprendre ce projet. J’ai demandé à travailler avec Anne Berest qui avait tout en mémoire. Il y avait notamment déjà une chose préexistante : les débuts d’épisode qui commencent tous de la même façon, vous m’en direz des nouvelles… », annonce-t-elle d’un air entendu à la salle.
Présentée samedi soir dans le cadre du Festival Are You Series à Bozar, la série est à découvrir ce lundi dès 21h sur Be1 et mardi à 21h10 sur Be Séries.
La série nous promène d’un quartier et d’un arrondissement à l’autre au fil des existences de ces 5 femmes. « Je ne voulais pas montrer le Paris de Ratatouille même si je l’adore, il y a un Paris plus populaire, plus diversifié, c’est celui que je voulais montrer. Comme le 13e arrondissement qui est un collage entre les Tours et un Paris plus contemporain, et le métro aussi. Je ne voulais pas filmer une carte postale entre Champs Elysées et Saint-Germain des Prés. Il y a cela dans la série mais pas seulement. Avec la scénariste, on a pris un plan de Paris et on s’est demandé : combien gagnent-elles et où peuvent-elles se loger ? Si on ne part pas de là, on imprime quelque chose de faux, dès le départ. » Ce qui explique que dès le générique, on aperçoit un plan du métro simplifié qui symbolise leurs trajectoires quotidiennes.
« Tout le monde le pense, mais je n’adore pas jouer dans mes films »
« Ma volonté n’était pas de montrer des femmes qui vont se crêper le chignon pour avoir les derniers dessous à la mode, poursuit Zabou Breitman. Mes priorités ne sont pas celles-ci et j’espère que ce qui passe à travers la série est plus naturel. Il ne faut pas que les gens se disent : il y a 5 femmes au générique, cela va être la journée de la femme. J’essaie que ce soit la journée de la femme, de l’homme et de tout le monde pendant 365 jours. »
Scénariste et réalisatrice Zabou Breitman est aussi actrice dans sa série, elle est l’une des 5 femmes que l’on suit.
« Tout le monde pense que j’ai adoré, que je me suis jetée sur le rôle mais c’est faux. Je n’adore pas jouer dans mes films car c’est difficile d’être au maquillage alors qu’il faudrait être en train de préparer le plan. J’ai trouvé cela compliqué. Car on n’avait que 7 jours pour réaliser un épisode de 30 minutes, ce qui est très peu. Cela m’a fait perdre du temps. Et puis, quand on réalise, le rapport avec l’équipe n’est pas le même que quand on est comédienne et cela m’a un peu donné l’impression d’être en petite culotte devant des amis. Ce que je fais tous les jours, en fait (elle rit) mais là, c’était un peu impudique. Disons que j’y ai été un peu forcée. »
« J’ai choisi des comédiennes pas terribles, pas super jolies non plus et puis, elles sont très chiantes (elle rit) mais surtout ce sont des comédiennes qu’on n’a pas l’habitude de voir dans les séries, elles ont toutes plutôt tourner dans des films d’auteurs et ce sont de très bonnes comédiennes. J’ai auditionné tout le monde même ceux qui n’avaient que trois lignes de dialogue car cela tue l’histoire qu’on raconte si on n’est pas bon et qu’on n’y croit pas… Elles ont voulu que je dirige les 12 épisodes pour qu’il y ait une homogénéité, les mêmes choix et les mêmes partis pris tout au long de la réalisation. »
« J’ai adoré faire une série »
« J’ai adoré faire une série. Cela m’a rappelé un fonctionnement qu’on retrouve dans le théâtre ou dans la littérature. Quand on prend un bouquin, qu’on arrête puis qu’on le reprend encore, on retrouve les personnages. Ici aussi, la narration est construite en différents chapitres avec une fin ouverte au terme de chaque épisode et une progression au fil de différents chapitres », détaille Zabou Breitman.
Quant à la question d’une possible suite…
« Je suis enthousiaste pour une suite mais je suis prise, j’ai pas mal d’engagements au théâtre. Or, réaliser une série, cela prend deux ans et il faut savoir où on le trouve ce temps-là. Et puis, c’est un virus la série et je suis compulsive… Moi-même, une fois que je me lance, j’y passe la nuit. »
« Les trois dernières séries que j’ai regardées ? Big Little Lies, The Handmaid’s tale (montrée en clôture du festival, mardi soir, NdlR) et la saison 2 de Fargo. L’intérêt de festivals comme celui-ci est de pouvoir voir les séries sur grand écran avec une image encore plus belle et de pouvoir rencontrer le public et lui parler comme au théâtre. C’est la raison pour laquelle je suis très heureuse d’être venue présenter ma série à Bruxelles. »
Entretien: Karin Tshidimba
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