Malgré le happy end recherché et certaines entourloupes et facilités rendues nécessaires par un rythme enlevé – la fin était proche…-, la saison finale de Downton Abbey a évité de sombrer dans le mièvre.
Préservant la ligne de vie de ses personnages jusqu’au bout, Julian Fellowes a organisé un chassé-croisé du meilleur effet entre l’intransigeant Carson, la conciliante Mrs Hughes (photo du bas), l’effacé Mr Molesley et la fragile Baxter. Anna, la parfaite confidente, et le dévoué Mr Bates, l’infatigable Mrs Patmore et l’irritante Daisy y ont tous pris leur part sans oublier le fameux mouton noir, Thomas Barrow.
Donnant une dernière fois vie, avec brio, au microcosme de Downton Abbey, l’auteur l’a conduit à reprendre son destin en main au terme d’épreuves non négligeables. Chaque personnage ayant une série d’options à déterminer et à assumer, au fil des 9 chapitres de cette ultime saison 6, afin de se bâtir un avenir plus radieux.
Au fil de six saisons plutôt mouvementées, nous avons assisté aux succès et aux échecs de Lord et Lady Grantham et de leurs nombreux proches et apparentés.
Un quotidien régi par un grand nombre de règles et de conventions, qui n’excluait pas quelques écarts ou éclats de rire et face auquel les fans ont pu développer une tendresse toute particulière pour les brouilles de la comtesse douairière, la célèbre et redoutable Lady Violet (au centre), avec sa bru Cora (à droite) ou avec sa lointaine cousine Isobel (à gauche sur la photo). L’actrice Maggy Smith étant l’un des piliers et l’un des éléments les plus savoureux de cet univers fictionnel.
Cette micro-société, le public l’a observée avec d’autant plus d’attention qu’elle semblait épiée et singée, comme à travers une glace sans tain, par le personnel qui l’entoure. Femmes de chambres, valets, cuisinières et majordomes paraissant bâtir leurs espoirs et leurs desseins en fonction des hommes et des femmes dans l’ombre desquels ils vivent depuis si longtemps.
Si la série a régulièrement cédé aux sirènes du soap, en multipliant les secrets, révélations, accidents, coups du sort et arrivées impromptues, elle a permis de vivre une passionnante traversée du début du 20e siècle (de 1911 à 1926) et de ses multiples enjeux (crise économique, conflit mondial, déclin de l’aristocratie, réorganisation des liens sociaux), offrant un écrin élégant et harmonieux aux soubresauts de l’Histoire (britannique).
Et puis, une série qui propose de si beaux personnages féminins et, par le biais de ces dames, un regard acéré sur un siècle riche d’adaptations et de bouleversements, voilà qui nous change de l’ordinaire.
Au fil des saisons, les jeunes filles Crawley (Lady Mary, Lady Edith et bien sûr la défunte Lady Sybil) ont réussi à s’affirmer dans les méandres très « masculinocentrés » des successions et des gestions domaniales. Elles ont lutté pour l’égalité des droits, ont presque toutes opté pour un travail (fût-il caritatif) plutôt que pour l’oisiveté et se sont engagées sur les chemins de la modernité en réclamant une part de bonheur qui ne soit pas exclusivement maternel ou conjugal. De beaux exemples, en vérité auxquels s’ajoutent les parcours d’Anna et de Mrs Patmore (à droite sur la photo).
Pour toutes ces bonnes raisons, et pour l’écrin de choix qui n’a cessé de les abriter, on regrettera de ne plus remonter les allées de Downton Abbey… même si l’on convient sans peine que les « meilleures choses » doivent avoir une fin.
Karin Tshidimba
nb: Quelque 7 millions de Britanniques ont suivi cette 6e saison, parachevée le jour de Noël en Grande-Bretagne, et en tenant compte de la télévision de rattrapage, les chiffres montent même à 10,9 millions, un record ! En France aussi puisque 1,2 million de fidèles ont suivi son épilogue sur TMC le 2 janvier. Aux Etats-Unis, la saison 6 vient seulement de débuter sur PBS.
Nous sommes bien d’accord que sur la 2ème photo, il s’agit des personnages de Mrs Hughues et Patmore…
bien sûr, que nous sommes d’accord…
La série va jusqu’en 1936 (et non 26) !
Et je suis d’accord : c’est une magnifique série et le dernier épisode, tout en Happy end, était magique !
non non, la série se termine bien avec le passage à l’année 1926, mais nous sommes d’accord sur l’essentiel