Comme les bons vins, Ainsi soient-ils*** a bonifié au fil des années. A la richesse visuelle des débuts s’est ajoutée la maîtrise de l’intrigue, plus nuancée que lors des premières saisons.
Engagée à nous faire découvrir la vie de prêtre de l’intérieur, la série aborde le dernier chapitre de son histoire. Après l’appel et la formation, vient le temps de l’envoi de ces trois prêtres fraîchement ordonnés sur les routes de France. Un aboutissement et un nouveau défi pour Yann (Julien Bouanich), Guillaume (Clément Manuel) et José (Samuel Jouy) qui avaient pris l’habitude de s’appuyer les uns sur les autres. Une aventure à vivre sur Arte tous les jeudis d’octobre à 20h50.
« On sait que la série est exigeante en début de saison, mais le public sait qu’il va être récompensé ensuite. C’est déstabilisant car nos personnages ne sont plus ensemble » reconnaît le producteur Bruno Nahon, conscient de perturber son public.
« Notre principale angoisse était de savoir comment nous allions faire le lien entre les personnages, malgré la distance. Nous voulions qu’ils puissent communiquer entre eux. Le thème de cette saison 3, c’est la paroisse. Nous voulions amener nos personnages dans le monde, les faire sortir du séminaire », poursuit le scénariste David Elkaïm.
Chacun d’eux se retrouve confronté à sa mission non telle qu’il la rêvait mais telle qu’elle lui est assignée. Ce qui ne manque pas de les déstabiliser. « José se retrouve plongé dans une communauté bourgeoise et affairée, Yann doit tenter de trouver sa place dans une communauté anéantie par la trahison de son pasteur et Guillaume se retrouve confronté au doute et à la solitude des prêtres. »
Dans ce quotidien qui apparait à certains comme totalement anachronique, les défis ne manquent pas. Générant de la solitude, des doutes, des conflits moraux, des échecs, de l’incompréhension, du découragement mais quelques lueurs d’espoir aussi. Sans oublier des moments très touchants et très beaux qui viennent illuminer ce nouveau tome de la série d’Arte.
Signe de maturité, cette 3e saison aborde aussi la délicate question de la pédophilie qui hante tellement l’église aujourd’hui. « Pour aborder cette thématique, nous voulions trouver le bon angle, nous avons donc choisi de mesurer l’impact de ce type d’affaire sur une petite communauté » explique David Elkaïm. Traitée avec tact et sensibilité, elle permet au jeune Julien Bouanich (Yann, ci-contre) de démontrer tous ses talents d’acteur.
Confrontés au départ à des réactions très hostiles de la part d’une partie du clergé, les auteurs sont surtout heureux d’avoir pu en rallier un grand nombre à leur cause.
« Dès le début, il y a eu des gens très actifs contre la série. En saison 2, il y a eu un mouvement inverse et une plus grande compréhension, nous recevions des retours plus contrastés. Ainsi de Monseigneur Di Falco qui après une première vidéo incendiaire contre la série en a tourné une seconde, plus positive et bienveillante », souligne le producteur Bruno Nahon.
« Chaque nouvelle saison a entraîné son lot de rencontres, précisent les auteurs en choeur car chaque fois nous tournons dans de vraies églises et sommes en contact étroit avec ceux qui en ont la charge. »
« Je me souviens du père Franco, chemise hawaïenne, moustache fine à la Clark Gable et piercing dans l’oreille. Il a une énergie incroyable, j’ai rarement vu quelqu’un comme cela », intervient Samuel Jouy, qui campe José. « En abordant un thème tel que celui-là, on a tous des images dans la tête mais ce qu’on découvre déjoue tout ce qu’on croit savoir. On se trompe aussi sur le public qui regarde j’ai été accosté un soir à Pigalle par un mec carrément patibulaire qui m’avait reconnu et m’a fait plein de commentaires sur mon personnage », lâche-t-il hilare.
Au moment de les quitter, au terme de ces 8 ultimes chapitres, on regrettera les questions qu’ils n’ont pas manqué de susciter. Parmi lesquelles cette très belle réflexion de Mgr Poileaux (l’excellent Jacques Bonnaffé): «On ne peut pas laisser tout le champ à ces gens qui ont confisqué Dieu, il faut nous battre.» Une phrase qui résonne bien au-delà de l’église catholique.
KT
mise à jour (9.10.2015): Avec 866 000 fidèles au rendez-vous hier soir, la série dépasse son audience de fin de saison 2. On n’est pas encore au sommet enregistré en saison 1 mais vu la qualité de ce dernier volet, cela devrait encore monter.
mise à jour (23.10.2015): « Ainsi soient-ils » a clos sa saison 3 ce jeudi soir sur Arte sur une belle note (864 000 fidèles, soit plus de monde que lors de la dernière saison) et beaucoup d’émotions.
J’ai adoré cette série
je ne suis pas en général qualifiée d ‘émotive, mais là j’avoue avoir eu plusieurs fois la larme.
José m’a particulièrement émue.
Merci
Ici, aux États-Unis, nous en sommes à la fin de la 2ème saison, grâce à TV5MONDE. J’espère que nous ne devrons pas attendre 6 mois pour la 3ème saison, comme ce fut le cas entre les deux 1ère saisons. J’adore cette série. Est-ce possible de la diffuser sur Netflix aux USA ? Du fait qu’il y a déjà des sous-titres en anglais, je suis persuadée que beaucoup d’Américains, qui n’ont aucune raison de souscrire à TV5MONDE, du fait qu’ils ne sont pas francophones, se fascineraient pour cette série. Le marché américain est énorme et donc, forcément rentable. Qu’en dites-vous ?