rectify s3.jpgC’est grâce à Mad Men qu’Abigail Spencer est sortie de l’anonymat des seconds rôles anecdotiques en télévision comme au cinéma. On a connu pire comme entrée en matière d’autant qu’elle y campa Suzanne Farrell, l’ancienne institutrice de Sally Draper dont Don Draper tombe amoureux… Une première expérience qui lui fit dire que « la télévision américaine avait décidément de beaux rôles à offrir aux actrices ». Impression confirmée avec la formidable série Rectify*** de Ray Mc Kinnon. Elle y incarne Amantha, la soeur guerrière de Daniel Holden qui n’a de cesse de lutter pour la libération de son frère, condamné à mort. Devenue l’un des piliers de cette série, la comédienne y livre une performance à la fois intense et fragile qui lui a valu une nomination aux Critic’s Choice Television Awards. Une prestation qui lui a également permis d’être choisie pour prendre part à la saison 2 de True Detective.

Abigail Spencer nous a parlé de la saison 3 de la série que Sundance Channel lance ce dimanche à 21h, après avoir rediffusé les saisons 1 et 2 en marathon dès 8h.

rectify 31.jpg« Daniel et Amantha sont interdépendants, c’est ce que nous apprend la saison 2. On s’était intéressé à tout ce que Daniel a vécu durant ses longues années en prison mais la saison 2 a permis de mieux comprendre ce que cela a coûté à sa soeur aussi. On y voit Amantha apprendre à vivre avec toutes ces expériences, à essayer de les dépasser. Jusqu’ici ce n’était pas un problème car sauver son frère a donné un sens à son existence. Mais peu à peu, elle tente de se concentrer sur sa propre vie. Dans la saison 3, cette transformation se poursuit. Amantha va y apparaître apaisée. »

Même si elle se sent, au départ, très éloignée du personnage d’Amantha, Abigail Spencer a vécu une mutation parallèle à celle de son personnage. « Cela m’a changée, confie-t-elle. Avec Rectify, le public vit une sensation d’immersion. Ce n’est pas une série que l’on peut suivre en rangeant son linge, on doit être concentré et prêt à se laisser envahir par toute une série d’émotions. Mais je pense que tout ceux qui acceptent de vivre cela en ressortent changés. En tout cas, pour nous les acteurs, c’est le cas. »

rectify 32.jpg« Ray McKinnon a cette formidable façon d’écrire sur le Sud des Etats-Unis. Je viens d’une petite ville sudiste alors je sais ce que c’est. Je les connais. Cela m’a frappée dès la lecture des cinq premières pages du script. C’est comme si nous étions allés au collège ensemble. Il n’y a pas beaucoup de dialogues dans le script mais ils sont tous pleins de sous-textes précieux. Il y a vraiment beaucoup de poésie dans tout ce que Ray écrit. » Cette part inaudible donne à la série, qu’il a écrite et réalisée, toute sa subtilité et sa finesse.

« La saison 3 reprend une heure après la fin de la saison 2. Je ne veux pas trop en dévoiler mais disons que la vérité va éclater au grand jour. On va enfin savoir ce qui s’est passé ce fameux soir où Daniel est accusé d’avoir tué sa petite amie. Je ne sais pas si c’est si important de savoir qui l’a tuée car ce que nous avons découvert tout au long des deux premières saisons c’est à quel point votre mémoire peut vous jouer des tours et à quel point les motivations et agendas personnels de toutes les personnes impliquées peuvent interférer sur l’enquête en cours. L’important n’est pas de découvrir ce qui s’est passé mais bien la façon dont cela a affecté la vie de tous ces gens », insiste Abigail Spencer.

Sundance Channel est réputée pour ses choix artistiques mais ce n’est pas un grand network aux Etats-Unis. Ce qui explique sans doute les audiences encore modestes de cette série atypique.
«Bientôt Rectify sera disponible sur Netflix, sur itunes et en vidéo à la demande, elle fait petit à petit son chemin. Nous espérons que les gens nous trouveront. Quant à Ray, il pense que cette série aura un destin semblable à celui de The Wire: le public prendra peut-être conscience de sa réelle valeur plus tard. En attendant, nous devons rester investis au service de la série.»

Cet engagement indéniable a déjà assuré à Rectify une pluie de critiques enthousiastes.

KT, à Monte-Carlo