murs.jpgLa Belge Veerle Baetens (“Alabama Monroe”) tourne dans “Au-delà des murs”, série d’“angoisse pure” pour Arte. Le nouveau projet du duo Hervé Hadmar – Marc Herpoux parie sur des décors 100% belges et très majoritairement wallons. Habituée du petit écran en Flandre, l’actrice sera aussi visible dans la série The Team attendue le 20 août sur Arte.

Récit d’un tournage qui s’est achevé le 31 juillet.

Le bus est sagement garé le long d’un côté de la place Saint-Josse, prêt à démarrer. Mais le trajet du jour ne figure sur aucune carte de route de la Stib. « Tant qu’il n’est pas équipé de dispositif extérieur qui pourrait gêner la circulation, il peut s’insérer sans autorisation dans le trafic bruxellois« , nous explique l’assistante de production française. Le bus reconstitue le trajet quotidien du personnage de Lisa pour aller et revenir de son travail à l’hôpital César De Paepe où elle œuvre en tant que logopède.
A l’intérieur, l’équipe technique s’est glissée juste derrière le chauffeur, pour filmer la scène. Cheveux teints en brun, la comédienne Veerle Baetens est assise au milieu du bus, du côté gauche, et les figurants ont pris place au fond, de part et d’autre de la rangée. Souriante, détendue, elle nous adresse un signe de la main avant que le bus ne s’éloigne.

Deux réalités confrontées

murs1.jpgLes alentours de la place Saint-Josse, c’est le quartier où habite le personnage principal, Lisa. C’est ici que sera intégrée numériquement une maison filmée ailleurs à Bruxelles (Forest). Deux décors qui n’en feront qu’un dans la série.

« Il y a trois jours, j’étais épuisée, je n’en pouvais plus, confesse Veerle Baetens. Parce que l’état dans lequel je dois me mettre pour incarner Lisa n’est pas un état naturel. Mais si je n’arrive pas à le ressentir au plus profond de moi, je ne parviens pas à le jouer. Dans l’ambiance et le genre fantastique, il y a un côté psychologique qui m’intéresse. Ce qui est enrichissant, ce sont les failles. Lisa est un personnage très complexe et c’est ce qui fait que j’ai directement été attirée par elle. Elle est vraiment bizarre et ne dévoile pas sa vraie nature. »

« Je dois quand même être un peu maso parce que la série que je suis en train d’écrire est aussi dans ce style-là, poursuit l’actrice (la série Tabula Rasa écrite avec Malin-Sarah Gozin et Christophe Dirickx, NdlR). Mais le scénario d’ ‘Au-delà des murs’ est une exception car l’ambiance oscille tout le temps entre l’angoisse et la mélancolie. On a commencé en tournant la fin de l’histoire et, cette semaine, on termine avec le début de l’aventure. Il y a une adaptation au fur et à mesure, comme dans un Rubik’s Cube. Même au montage ou au mixage, on continue à ajuster les choses, l’histoire est en constante adaptation. »

Les trois moments d’une histoire

au-delà des murs.jpg« Il y a trois moments dans l’histoire d’un film : l’écriture, la réalisation et le montage, intervient Hervé Hadmar. L’histoire doit faire sens mais il ne faut pas en être prisonnier. Quand je dis ‘action’, je redeviens spectateur de mon récit. Si j’y crois, même si ce n’est pas ce que j’avais écrit au départ, je garde. » « Dans Alabama Monroe, c’était comme ça, on adaptait sans cesse« , renchérit Veerle Baetens. « Le personnage a beaucoup changé en complexité et en richesse« , confirme Hervé Hadmar. « J’ai réfléchi pour savoir comment l’histoire pourrait être encore plus émouvante, comment mener le plus de gens possibles vers Lisa », enchaîne la comédienne. « Elle a plus de failles et de côtés dangereux qu’au début. Lisa est davantage borderline », abonde le réalisateur.

Une tension psychologique qui n’est qu’en partie feinte. Outre le sujet, le fait de tourner en français participe à la pression (cf. ci-contre), même si Veerle Baetens est une habituée des séries en Flandre avec de nombreux projets sur le petit écran tels « Flikken » ou « Code 37 ». Engagée dans la série européenne « The Team » attendue le 20 août sur Arte, elle sera également à l’affiche d’ « Un début prometteur », film d’Emma Luchini, et « Des nouvelles de la planète Mars », le nouveau projet de Dominik Moll. Toujours en version française mais sur grand écran, cette fois.

Pour la comédienne Veerle Baetens, à la tension psychologique permanente s’est ajoutée la difficulté de la langue. « Au début, c’est vrai que c’était angoissant de tourner en français. La première fois, ce n’était vraiment pas évident d’autant que j’avais deux mois de tournage en France. Mais en même temps, c’était très chouette, cela m’apprend beaucoup. Même si je reste en Belgique, je constate que les Wallons et les Flamands ont vraiment des cultures différentes. Et puis, j’adore pouvoir symboliser l’union du pays. (Elle sourit) Je pense qu’une nouvelle génération de comédiens flamands déploie ses ailes, une vague qui souhaite se tourner davantage vers l’international. Cela a commencé avec « Rundskop » et « Alabama Monroe ». C’est parfois difficile d’accomplir son travail hors frontières mais on est dans une bonne période du cinéma en Flandre » , conclut Veerle Baetens avant d’aller prendre sa place dans le bus en partance.
KT