Après le succès phénoménal – dans tous les sens du terme – de sa première série, l’écrivain Nic Pizzolatto a remisé son spleen et ses obsessions au fond de son baluchon et mis le cap sur la Californie.
Pas celle dont les paysages tapissent les résidences hôtelières ou les chambres d’étudiants; celle dont les noeuds routiers et la démesure un peu froide attisent les rêves des éternels noceurs, lui fournissant sans doute une solide inspiration pour sa nouvelle intrigue.
Suivant le principe de l’anthologie – nouvelle intrigue, nouveau lieu et nouveaux personnages à chaque saison – Nic Pizzolatto a rompu toutes les amarres de son précédent opus. Un pari un peu fou puisqu’il sait pertinemment que tous ceux qui vont regarder la nouvelle saison de True Detective** le feront pour retrouver ses images hallucinées, cette atmosphère mystérieusement opaque, ses intrigues salement imbriquées, ses questionnements philosophiques sans fin et ses personnages au bout du rouleau. Tout réinventer mais tout garder, tel est le défi du créateur face au deuxième tome de son oeuvre.
Le premier épisode est à découvrir ce jeudi à 21h sur Be TV.
Dès le générique, le fan a donc droit à une délicieuse piqûre de rappel: une musique entêtante qui vous prend dans ses filets: «Nevermind» de Leonard Cohen. A l’écran, des images enchâssées: un univers familier, inextricablement mêlé, obsessionnel, hanté, avec des paysages et des visages qui s’impriment tellement fort sur la rétine qu’on les reconnaît encore les yeux fermés.
Passées ces quelques minutes, une autre réalité s’impose. Ray Velcoro (Colin Farrell, photo), policier à Vinci, petite cité de Californie, tente d’imposer son image de bon père à l’écoute d’un ado en déroute, mais son passé fracassé, le naufrage de son couple et ses entorses à la Loi le placent sous la menace permanente d’une sortie de route… définitive.
Si la saison 1 de True Detective avait pu maintenir, au départ, l’illusion de la normalité pour l’un des membres du binôme policier, dès le 1er épisode de cette saison 2, le téléspectateur découvre un trio de flics en perdition, embourbés dans des histoires qui, manifestement, les dépassent.
Qu’il s’agisse de Velcoro bien trop proche de l’ex-mafieux Francis Semyon (Vince Vaughn), devenu promoteur aux dents longues, pour ne pas risquer la mise à pied.
Ou d’Antigone Bezzerides (Rachel McAdams, photo) dont le profil guerrier tranche singulièrement avec les errements de ses proches.
Ou encore de Paul Woodrugh (Taylor Kitsch) qui tente d’apaiser ses démons au volant de son «terrible engin», emblème de la patrouille autoroutière de Californie.
Quant à la disparition de Ben Caspere, le gestionnaire de la municipalité à la veille de la signature d’un énorme contrat – portant sur un chantier ferroviaire de 68 milliards de dollars -, elle met Vinci, ses édiles et sa police, sous tension.
Si la découverte d’un corps à la fin du 1er épisode charrie quelques similitudes avec les crimes évoqués dans la saison 1, on est bien loin des bayous, de leur atmosphère entêtante et de la balade sensorielle proposée par Rust (Matthew McConaughey) et Marty (Woody Harrelson).
Reste à voir comment le nouveau quatuor parviendra à imposer sa propre musique au fil des 7 épisodes à venir… Si le début de saison affiche 2 étoiles au compteur, on ne désespère pas de le voir grimper en douceur…
KT
mise à jour (27.03.2017): La saison 3 de True Detective est en écriture et David Milch (NYPD Blue, Deadwood) a rejoint son créateur Nic Pizzolatto dans la writing’s room.
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