C’est l’un des moments clés de la vie d’une série: celui où les producteurs retiennent leur souffle en attendant le verdict du public. L’enjeu? Le remplacement de l’un des acteur principaux. Ce moment où tout peu basculer en entraînant dans son sillage la bonne réputation d’une intrigue jusqu’alors sans tache. Car il suffit parfois de retirer un seul élément pour que tout l’édifice s’effondre.
Ce jeu d’équilibriste se présente bien plus souvent qu’on ne le croit en raison de la volatilité d’un métier où chaque année les nouveautés chassent les précédents projets.

Pour Meurtres au paradis**, fruit d’une étroite collaboration entre BBC et France Télévisions, l’enjeu était d’autant plus grand que le démarrage fut d’abord hésitant. Pas évident de faire admettre ce scénario d’un inspecteur coulant des jours heureux au bord de la Tamise, expédié, pour d’obscures raisons avec costume en tweed et cravate sombre sous le soleil des Caraïbes. D’autant qu’il ne cesse de se plaindre de cette mutation qui semblerait paradisiaque à tant d’autres… (cf note précédente)

Pourtant, en deux saisons de Death in paradise (en VO), la sauce « exotic piccadilly » a pris et convaincu un nombre croissant de convives, bien au-delà de la Manche où elle comptabilise 7 millions de fidèles. Le remplacement du DI Richard Poole aka Ben Miller s’annonçait donc corsé…

Pour parvenir à ses fins et relancer sa série sur de nouvelles pistes, Robert Thorogood a choisi de passer par une rupture assez nette. Bien que tous deux originaires de la fière Albion, les inspecteurs en question ne sont pas faits du même bois. Le nouveau est aussi sociable et attentif que l’ancien était renfermé et ombrageux. A dire vrai, l’inspecteur Humphrey Goodman (Kris Marshall, photo) est tout le contraire de Richard Poole, sauf sur un point: sa maladresse avec les autres ou avec lui-même.

Avec son doux air d’épagneul reconnaissant, l’homme s’avère plein de sollicitude à l’égard de Camille Bordey (Sara Martins) qui subit de plein fouet le choc du décès de Richard Poole. Un épisode de transition qui a permis à Humphrey Goodman d’exprimer, hier soir, sa sympathie à ses nouveaux collègues et de révéler par touches discrètes sa personnalité un brin fantasque. Des qualités humaines qui vont lui permettre d’être rapidement adopté par l’équipe et par le public. 

Distrait, un peu empoté, il prend note des détails de l’enquête sur des bouts de papier et semble éprouver beaucoup de difficulté à gérer son quotidien et ses affaires. Sous des dehors parfaitement inoffensifs et maladroits, Goodman cache un brillant esprit de déduction et un sens aigu de l’observation, comme son prédécesseur d’ailleurs. Entre acteurs, le passage de témoin fut plutôt cordial comme le montre cet extrait. 

Cette saison 3 poursuit l’exploration des plus beaux coins de l’île de Sainte-Marie et de la vie privée des membres de l’équipe, dont on suit davantage les interactions. Une 4e saison est déjà en préparation pour un tournage toujours installé en Guadeloupe.
KT

nb: 3,6 millions de fidèles étaient présents lundi soir sur France 2 pour le démarrage de cette saison 3, bien au-delà des scores réalisés l’été dernier (2 millions de fans).