Le métier d’acteur est une activité multi-risques où il est souvent question d’affronter ses peurs, ses angoisses et de relever des défis.
Entre caméléon et serpent, le comédien doit se fondre dans la peau de son personnage avec la mission de se faire oublier afin de renforcer la crédibilité de l’intrigue. Au risque de brouiller les contours de sa propre personnalité. 

« Certains rôles vous hantent plus que d’autres » confirme un Thierry Godard à l’actualité chargée. Connu pour ses rôles dans Engrenages sur Canal+ (photo) et Un village français  sur France 3, le comédien vient de tourner pour Arte Palace Beach Hotel, une fiction réalisée par Philippe Venault. Un thriller tourné à Chyre dans un hôtel qui sert de sas de décompression pour les soldats français revenus de mission en Afghanistan. Une intrigue qui interroge les traumatismes de ceux qui reviennent du front.

Il arrive qu’un rôle «déteigne sur votre manière d’être et vous fasse découvrir des choses que vous ignoriez sur vous-même» analyse Anne Richard, héroïne de Boulevard du Palais sur France 2.

A moins que ce ne soit votre personnalité qui pousse les metteurs en scène à vous proposer certains rôles plutôt que d’autres. Ainsi dans « Piège de glace« , attendu sur France 2, l’actrice endosse le rôle d’une femme rendue antipathique et obsessionnelle par la mort de sa fille.
«Elle est à la recherche du responsable de l’accident dans lequel sa fille a péri. Probablement, le fait que je n’ai pas d’enfant fait-il que je peux aller vers cette douleur-là, de la perte d’un enfant. C’est un rôle qu’on m’a souvent confiée: des mères en colère, déchirées ou rongées par la douleur.”  Rôles que la Suissesse accepte de bonne grâce même si elle ne refuserait pas des histoires plus légères. Tout en rêvant de tourner un jour dans Un village français.

L’équilibre entre fiction et réalité est d’autant plus précaire à trouver lorsqu’il s’agit d’un personnage que vous endossez pour plusieurs années. Et que son ambiguïté et sa polarité ne font que s’affirmer au fil du temps. C’est le cas de Thierry Godard qui avoue avoir mis du temps à trouver un rapport équilibré avec Gilou, son personnage dans Engrenages, la série-phare de Canal+.
«Les deux premières saisons ont été très difficiles. Je ne parvenais pas à gérer mon rôle en dehors du tournage. Le côté sombre et torturé de Gilou me bouffait littéralement, j’étais vraiment pénible, même pour ma copine.»

Dans la saison 5 d’Engrenages dont le tournage se termine en ce moment (cf. présentation ci-dessus), Gilou aura de nouveaux défis à affronter, au commissariat et en dehors. «Il est assez perturbé par ce qui se trame dans le ‘bidon’ du capitaine Laure Berthaud dont il est très proche. Et puis, dans le cadre d’une enquête, il va développer une relation forte avec un de ses indics; il va rencontrer sa femme et tomber très amoureux d’elle. Donc ça va être un peu la merde d’autant que l’enquête est très compliquée.»
Une intrigue inspirée de l’affaire Neyret et de sa problématique des indics, qui va concerner tous les personnages de la série. «Même nous on ne sait pas comment cela se termine car les deux derniers épisodes sont en cours de finalisation» pour un tournage prévu… cette semaine.

A l’autre bout de l’échiquier, son personnage de Raymond Schwartz dans Un village français n’est guère plus facile à cerner même si le décalage du temps et de l’Histoire permet de le tenir à distance.
«Là aussi, on a pris beaucoup de retard sur le tournage. Six épisodes sont déjà en boîte et les 6 autres le seront durant le mois de juillet.» Une succession qu’il faut pouvoir gérer, avec ou sans transition…
KT, à Monte-Carlo