fargo 2.jpgL’idée est dans l’air (du temps) mais on ne peut pas dire qu’elle enchante vraiment. Elle fait craindre, au mieux, l’absence de créativité, au pire, la décalque autorisée à destination des nouvelles générations.
Même si, l’histoire du cinéma, elle-même, est jalonnée d’emprunts plus ou moins assumés et de remise au goût du jour d’anciennes comédies ou de drames patentés, on est plutôt enclin à le déplorer.
En annonçant leur volonté de reprendre un certain nombre de succès du grand écran sur le petit, les studios américains n’ont d’ailleurs pas fait que des heureux. Ghost, Avengers, The truman show transformés en série: les fans ne sont pas sûrs d’y trouver leur compte.

Après Bates Motel (entre autres), voici donc que se jette à l’eau le Fargo*** des frères Coen. Lancée le 15 avril sur FX aux Etats-Unis et au Canada, elle sera visible ce soir sur Channel 4 (GB) et début mai en Australie… Le résultat ? Contre toutes attentes, il ne manque pas d’originalité.

Si on retrouve l’ambiance sonore et visuelle de ce thriller décalé au pays des ploucs, ainsi que ses principaux piliers, nombre de personnages et de péripéties inédites sont venues s’ajouter à la trame initiale.
Dans la série Fargo, le brave mais pathétique Nygaard est interprété par un Martin Freeman (Sherlock) très convaincant. S’il n’est plus vendeur de voitures dans l’entreprise de son beau-père, son statut de courtier en assurances n’est guère plus séduisant, d’autant qu’il a hérité d’une épouse solidement revêche. Un homme dont le quotidien de victime consentante et de souffre-douleur quasi silencieux est décrit avec une pointe d’humour mordant par Noah Hawley, scénariste de la série produite et supervisée par les frères Coen.

Face à lui, un seul individu nébuleux (plutôt que le tandem imaginé dans le film): l’inquiétant Lorne Malvo, campé par Billy Bob Thornton. Alors que l’on pouvait croire que le feuilleton choisisse d’étirer et d’enrichir une trame connue des fans, la série, au contraire, coupe court face au projet initial d’enlèvement contre rançon pour choisir une trajectoire totalement inédite.

On l’a dit, lors de la présentation de la série: pas de femme flic enceinte dans cette version 2014 mais deux figures successives qui, chacune, à sa façon, donne envie de suivre leurs traces, et deux anti-héros qui semblent tout à fait dignes d’intérêt.

Un plan foireux, un trou perdu, l’humour noir et grinçant des Coen, parfaitement préservé par Noah Hawley, de nouveaux personnages portés par un casting impeccable (notamment Colin Hanks et Bob Odenkirk de Breaking Bad) voilà une mise en bouche qui, si elle tient ses promesses, vaudra sans doute la peine que l’on s’enfonce dans la neige à sa suite.

Visiblement, l’entreprise a séduit puisque le premier des 10 épisodes a été suivi par 4,15 millions de curieux aux Etats-Unis. Un démarrage encourageant souligné par nombre de critiques US positives.
KT