Pour les fêtes, Vincent Patar et Stéphane Aubier reviennent flanqués de Cowboy et Indien pour semer la panique sous le sapin.
Ils ont mitonné une Bûche de Noël*** qui s’annonce à la fois explosive et gourmande. Elle renoue en effet avec le meilleur de l’esprit de Panique au village, série d’animation qui a rendus les deux Belges célèbres il y a dix ans.
Dans ce nouvel épisode, les deux compères, surexcités par les préparatifs du Réveillon, ont malencontrueusement détruit la bûche à laquelle Cheval mettait la dernière touche. Furieux, celui-ci décide de décommander les cadeaux auprès du Père Noël. Une aventure – à découvrir ce dimanche à 19h20 sur Be1 – dont notre collègue Alain Lorfèvre a suivi les préparatifs au plus près…
Comment est né cet épisode de Noël de Panique au Village ?
Stéphane Aubier : Après Panique au Village, le film, nous avons initialement eu l’intention d’enchaîner avec un second volet. Mais nous nous sommes aperçus qu’un tel projet serait vraiment difficile à monter, notamment financièrement. Nous avons renoncé. Mais nous gardions l’envie d’encore vivre une aventure avec Cowboy et Indien. Ce sont des personnages qui nous accompagnent depuis longtemps. Est alors née l’idée de réaliser un épisode de 26 minutes. (Photo pise à Cannes lors de la sortie du film)
Vincent Patar : Le thème de Noël est venu dans un second temps. L’idée de départ était de les faire voyager dans le temps, comme nous l’avions fait dans un épisode de la série. Mais cette idée tournait un peu en rond. Puis, l’évidence s’est imposée : les épisodes «spéciaux» dans les séries comme les Simpson, tournent souvent autour des grandes fêtes.
S.A. : Le thème de Noël est venu assez naturellement. Le scénario s’est développé assez facilement à partir de là : dans notre esprit, Cowboy et Indien, ce sont deux grands gamins qui vivent avec un père symbolique, Cheval. Comme ils ont gâché la bûche de Noël en faisant une bêtise, ils vont être privés de cadeaux. C’est pour réparer leur bêtise qu’ils vont tout faire pour trouver une bûche. Et faire encore plus de bêtises à partir de là.
On retrouve finalement la même mécanique que dans la série d’origine : une bêtise de Cowboy et Indien provoque un enchaînement de catastrophes…
S.A. : Oui, cela reste très proche. Nous avions envie de revenir aux personnages fondamentaux de la série et à l’univers du Village, que nous avions un peu quitté dans le film, qui était une grande aventure. Mais le format du 26 minutes nous permet de développer un peu les séquences et les personnages.
V.P. : On a un bon compromis entre la série et le film : nous retrouvons l’énergie de la série, le côté un peu nerveux, tout en ayant le temps de développer certaines scènes et les nouveaux personnages que nous introduisons, comme Martha, la belle-soeur de Cheval, ou le père Noël, que nous mettons à notre sauce. En revoyant les épisodes de la série, nous avons été nous-même surpris de constater combien c’était court et très speedé. On ne sait même plus comment on parvenait à raconter des histoires dans un format si bref.
S.A. : Nous avons retrouvé une autre dynamique de la série, qui était d’improviser à partir de personnages ou de figurines que nous trouvions dans nos stocks de jouets. Dans la série, cela avait été le cas avec le cosmonaute, que l’on retrouve dans cet épisode. Les soldats anglais, que l’on trouve en grande quantité dans les figurines pour enfants, ont été ici la source d’inspiration d’une séquence, ou les policiers motocyclistes qui viennent rendre visite à Gendarme. Ce sont des personnages de ce type qui nous influencent dans nos scénarios.
Une des caractéristique de Panique au Village, c’est le côté bricolage. On sent une évolution par rapport à la série, mais aussi au film.
S.A. : En fait, c’est un mélange de deux. Comme nous revenons à un format «série», nous avons dû abandonner les plans large en Scope que nous avions utilisé dans le film. L’image est plus cadrée sur les personnages, on retrouve les ambiances dans les intérieurs. Mais, en même temps, nous avons l’expérience du film et les moyens d’aller très loin dans le détail des décors et des accessoires.
V.P. : En plus, la Bûche de Noël pourrait être diffusé en salles, donc nous avons quand même fait attention à ça.
(Vincent Tavier, le producteur, intervient 🙂 Certains décors récurrents, comme la maison de Cheval ou la ferme de Steven ont été refait en MDF, notamment. On perçoit donc à l’image d’autres textures, c’est plus fin.
V.P. : C’est un vrai plaisir, le travail sur les décors. Il y a le décor de la montagne où habite le Père Noël. Nous avions fait un dessin où la montagne ressemble à une silhouette de sapin de Noël. Cela a bien inspiré notre décorateur Marc Nis. Il avait déjà travaillé sur le long métrage.
S.A. : C’est devenu notre spécialiste «Rocher/Montagne» ! Déjà, dans le film, c’est lui qui avait réalisé le grand décor de la grotte. C’est le roi du système D pour créer le sens de l’immensité des décors.
Vous jouez d’ailleurs beaucoup avec des fausses perspectives dans cet épisode. Comme avec le gros plan sur la main de Jeanine, en amorce, dans le supermarché !
S.A. : Oui, oui ! C’est un bras d’une poupée qu’on a mutilé. Ce qui est drôle, c’est la réaction de Victor, le fils de Vincent. Quand il a vu ce plan-là, il était scandalisé !
V.P. : Le bras est complètement disproportionné par rapport à la figurine de Janine. Il est tout boudiné. Il a dit : «Mais vous ne pouvez pas faire ça ! C’est un bras de poupée de fille !» Il était offusqué ! (rires)
S.A. : Ce gros plan sur le bras de Janine qui prend la bûche, avec Cowboy et Indien qui arrivent à l’arrière-plan, c’est quelque chose que nous n’avions jamais fait, même dans le long métrage. Nous n’étions pas sûr du tout que cela marcherait. C’est le bras d’une poupée que j’ai trouvé aux Petits-Riens. C’était la seule solution ou alors il fallait truquer le plan avec un green key. Mais ça a marché. Ce qui est surprenant, c’est que le résultat paraît naturel. Alors que quand on regarde le bras de la poupée, c’est une horreur !
Vous avez aussi retrouvé vos comédiens habituels pour les voix – en dehors de vous deux qui jouez Cowboy (Stéphane) et Cheval (Vincent).
S.A. : Oui, tout le monde a répondu présent. Il y a toujours Bruce Ellison, qui joue Indien. Bouli (Lanners, NdlR) qui avait déjà fait des voix sur la série et dans le film, joue cette fois le Père Noël. Et aussi le Petit Simon, qu’il avait joué dans la série.
V.P. : La grande «nouvelle» du casting, c’est Anne-Marie Loop, qui a fait la voix de la Grise dans Ernest et Célestine. Elle joue Martha, la belle-soeur de Cheval. C’est une comédienne de théâtre, mais on la verra dans « Alleluia », le nouveau film de Fabrice du Welz (tourné cet automne et également produit par Panique, la société de production de Vincent Tavier, NdlR)
S.A. : Nous sommes super contents de l’apport de Benoît Poelvoorde, qui reprend son personnage de Steven. Nous avions un peu peur, parce qu’il était en tournage et il ne pouvait venir qu’un jour. Le risque, comme toujours avec Panique, c’est que les comédiens commencent par surjouer. Et nous savions que nous n’aurions pas de seconde chance avec Ben. Mais il a parfaitement modulé ses interventions.
V.P. : J’ai toujours l’impression que par son jeu, il affine l’animation. Steven devient différent une fois qu’on a la voix de Ben sur les images. On a l’impression que le personnage bouge plus vite, qu’il est encore plus hystérique, qu’il est mieux animé !
Après deux longs métrages – « Panique au Village », donc, mais aussi « Ernest et Célestine » -, qui vous ont emmené vers un univers totalement différent du vôtre, était-ce rafraîchissant de revenir à vos standards ?
V.P. : C’était un peu récréatif, oui. Cela nous a fait du bien de replonger dans cet exercice de la série.
S.A. : L’expérience d’Ernest et Célestine a été très positive. Nous avons appris à être plus rigoureux dans l’écriture, à chercher la meilleure lisibilité possible du récit dès le départ. Nous sommes devenus plus attentifs au caractère des personnages, aussi. Et nous avons accordé plus d’attention à la réalisation du storyboard et de l’animatique. Nous l’avons encore plus développé que sur le film Panique au Village.
V.P. : Réaliser ce moyen métrage était aussi un passage nécessaire avant de nous attaquer à notre nouveau long métrage, qui sera une aventure de « PicPic et André », les héros de nos premiers courts métrages. Nous avons écrit le scénario et nous développons ce projet avec notre producteur Vincent Tavier. Mais un long métrage, c’est un processus de financement et de fabrication long et laborieux. La Bûche de Noël est une bonne transition, que nous avons réalisé en moins de six mois : nous avons écrit pendant deux mois, la fabrication des décors a commencé en avril 2013. Et nous voilà mi-novembre avec le film tourné, monté et doublé. Cela fait du bien de revenir à cette rapidité d’exécution.
S.P. : Ernest et Célestine est sorti en salles en France et en Belgique en décembre 2012. Un an après, nous sommes de retour avec Cowboy et Indien : c’est plutôt chouette.
Propos recueillis par Alain Lorfèvre¨
*nb: La bûche est également diffusée le 24/12 à 18h10 sur Be1
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