Puisque la saison 3 de Treme**** ne sera pas disponible sur nos petits écrans avant décembre, voire janvier prochain, et que l’ultime opus sera délivré au même moment sur HBO (une saison 4 allégée: 5 épisodes seulement), mieux vaut profiter de toutes les occasions d’explorer les richesses de la Nouvelle-Orléans.
C’est le cas grâce à la parution du coffret DVD de la 3e saison de Treme (10 épisodes), formidable série HBO.
Deux ans après avoir failli être rayée de la carte, la Nouvelle-Orléans continue à panser ses plaies et tente de se reconstruire un futur en s’appuyant sur les traces les plus profondément ancrées de sa culture: musique, gastronomie et traditions. Un bain culturel dans lequel David Simon et Eric Overmyer (The Wire) nous plongent, confiants dans notre capacité à observer et à apprendre par nous-mêmes.
Impossible en effet de livrer un guide de la Nouvelle-Orléans, clés en main, qui ne serait ni réducteur, ni arbitraire. Confluent des cultures caraïbes, nord et sud-américaines, la ville a connu les influences françaises, espagnoles et sud-américaines sans oublier les migrants venus de toute l’Europe et des Caraïbes et les anciens esclaves en fuite ou émancipés. Ce sont tous ces morceaux de culture recomposés qui scintillent dans « Treme » et lui donnent cette saveur inimitable.
Les mots manquent pour présenter la richesse de ce qui est bien plus qu’une évocation du quotidien de La Nouvelle-Orléans après le passage de l’ouragan Katrina. Treme, c’est un feuilleton au long cours dans la plus belle tradition du genre: collé aux basques de personnages qu’il ne lâche pas, au fil des semaines et puis, des mois. Foisonnante et organique, la série n’omet aucune de ses composantes: musiciens, policiers, avocats, ouvriers, journalistes, cuisiniers, professeurs, pêcheurs,…
Il existe des séries d’auteur comme on parle de cinéma d’auteur. Au fil des plans et des chapitres, on y perçoit une voix singulière, analysant le monde comme il va, dans sa richesse et sa complexité, et non comme il devrait être. Treme, c’est cela: la voix, étouffée mais vivace de la Nouvelle Orléans. Une voix que certains feignent de ne pas entendre mais dont le timbre est reconnaissable entre tous.
Après deux années, la situation a à peine changé dans la ville. La multiplication des chantiers au lieu de ramener l’espoir fait craindre aux plus pauvres de se voir dépossédés de leur bien car la pression immobilière fait rage, charriant dans son sillage le spectre d’une cité expurgée de ses classes laborieuses. Où l’on comprend que certains politiciens veulent profiter de la reconstruction pour changer la physionomie de la ville, en la rendant plus présentable, voire même bourgeoise.
D’un côté, il y a ceux qui ne veulent rien oublier et de l’autre, ceux qui veulent reconstruire de plus belle. Le générique porte la trace de cette dynamique, lente mais déterminée comme autant de pièces d’un puzzle en passe d’être complété.
La criminalité croissante et les bavures policières sont au coeur du troisième volet de cette histoire. Un nouveau journaliste est arrivé en ville et enquête sur les nombreuses disparitions suspectes survenues durant l’ouragan. Une préoccupation qui rejoint tout à fait celles de l’avocate Toni Bernette.
Tandis que les derniers habitants luttent pour que leur quartier ne perde pas son âme et reprenne le cours de son histoire, celle qui remonte aux racines du blues et du jazz.
Parallèlement, on suit les tentatives des nombreux musiciens de la ville de survivre à la catastrophe. Si DJ Davis tente de magnifier le passé, avec son énergie habituelle, Annie prend peu à peu son envol en tant que chanteuse et violoniste et Antoine Batiste s’est découvert une nouvelle passion.
Sur ce plan-là, Treme reste égale à elle-même: sertie de vrais musiciens garantis 100% (Fats Domino et les Neville brothers) et avec de vrais morceaux de jazz, de R’n’B, et de blues dedans. Autant de pépites largement évoquées dans les bonus du DVD.
KT
Treme, saison 3, coffret 4 DVD, Warner Home video.
Et le trailer? Il était déjà disponible ici
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