A tort ou à raison et Salamander sont au menu de la 15e édition du Festival de la Fiction TV qui a ouvert ses portes mercredi soir à La Rochelle. Une aubaine et une belle reconnaissance pour la créativité made in Belgium qui parvient à faire entendre sa voix sur la place européenne.
A l’heure où Julie Lescaut s’apprête à remiser son colt après 21 années de «bons et loyaux services» – son ultime enquête sera diffusée le 22 septembre prochain sur La une –, la fiction française se réunit à La Rochelle afin de saluer ses élus et d’encourager ses appelés.
Ce départ à la retraite marque-t-il la fin d’une ère ? On ne peut que l’espérer car avec une fiction mondiale de plus en plus nomade et vagabonde, les Français, et les Belges, ont du souci à se faire.
Non seulement les séries du monde entier (mais plus particulièrement celles venues des Etats-Unis ou de Grande-Bretagne) sont de plus en plus à portée de clic ou de zapette, mais les fictions françaises éprouvent toujours beaucoup de difficulté à voyager sans encombre. Si on exclut quelques exceptions (Engrenages, Les Revenants…), les seules séries qui traversent les océans sont celles prévues dès l’origine pour le marché international (“Les Borgias”, Crossing Lines…)
Comme le soulignait le “New York Times”, fin août, “il existe en France d’excellentes séries” mais elles sont malheureusement “quasi inaccessibles à un public américain, et sans bonne raison”. Le quotidien citait quatre exemples : “Engrenages” (“Spiral” en anglais), “Un village français”, “Maison Close” et “Les Revenants”. Or seule “Engrenages” est réellement accessible aux Américains, via le catalogue Netflix ou des coffrets DVD avec sous-titres ad hoc.
Secteur en pleine expansion
Les difficultés rencontrées par les fictions françaises à l’export : voilà une question à laquelle les 1 900 professionnels attendus sur le Cours des Dames seront certainement invités à réfléchir durant ces quatre jours de rencontres où l’on constate une montée en puissance des séries.
Avec 33 séries présentées à La Rochelle dont 22 en compétition (française et internationale), le format est en pleine expansion face aux traditionnelles fictions unitaires. Cette année, le Festival innove d’ailleurs en créant le “prix de la meilleure nouvelle série de l’année”. Trois séries concourent pour cette récompense décernée en partenariat avec un magazine télé français. Ce dernier devra départager “Candice Renoir” (France 2), “Falco” (TF1) et “Les Revenants” (Canal +).
Dans le détail, ce sont 28 œuvres françaises au total qui sont inscrites en compétition officielle (dans les catégories téléfilms unitaires, séries, programmes courts et web-fictions) et soumises au regard avisé d’un jury présidé par Alexandre Astier (« Kaamelott »). Et ce sont treize récompenses qui seront décernées samedi lors de la soirée de clôture. A lire l’éloquent portrait-hommage que le réalisateur-acteur-scénariste dressait de Tony Soprano dans «Libération» mercredi matin, on attend forcément le meilleur de sa présidence.
En marge de la compétition, chaque chaîne est appelée à présenter sa fiction de la rentrée, élargissant d’autant le champ des possibles. On attend notamment “Les Déferlantes” produites par Arte, “La Source” (photo) proposée par France 2 (et déjà visible chez nous, le mercredi soir sur La deux) ou “L’Escalier de fer” avec Laurent Gerra, développé par France 3.
Et comme le métier reste avant tout le reflet d’un savoir-faire proche de l’artisanat, cette 15e édition fait la part belle aux rencontres, études de cas et masterclasses permettant aux créateurs de partager leurs trucs et ficelles, ou leurs expériences. Des rendez-vous qui fleurent bon l’Europe des créateurs.
Des Belges à l’affiche
Né à Saint-Tropez mais ancré depuis sept années déjà en Région Poitou-Charentes, le Festival de la Fiction TV française a pris très tôt soin de s’ouvrir vers d’autres horizons. Des fictions venues de toute l’Europe – Allemagne, Espagne, Grande-Bretagne, Italie, Norvège, Pologne, Portugal, République Tchèque et même Belgique – permettront ainsi de voir comment bat le pouls de la fiction mondiale. Surtout à l’heure où la crise et l’apparition de nouveaux formats et supports imposent de nombreuses remises en question.
Impossible de terminer ce tour de chauffe sans souligner la jolie reconnaissance de la créativité belge: deux séries du plat pays seront en effet projetées à La Rochelle.
La première, A tort ou à raison, fera bientôt son retour sur nos petits écrans pour sa saison 2. Adoptée par France 3, elle est pourtant 100 % belge (scénaristes, acteurs, équipe technique).
La seconde, Salamander (photo), a connu un succès impressionnant au Nord du pays. Produite par la VRT, elle avait d’ailleurs eu les honneurs d’un passage éclair du Premier ministre Di Rupo dans l’un de ses épisodes.
«Salamander» (samedi 11h15) partage l’affiche des masterclasses avec la norvégienne “The Half Brother” (vendredi 16h15) et la tchèque “Innocent Lies” (jeudi 12h). Ils seront dès lors sûrement nombreux à vouloir en prendre de la graine.
KT, à La Rochelle
Commentaires récents