monroe.jpgL’humour sarcastique et une tendance à la forfanterie ou à la toute-puissance ne sont pas tout. Et les personnes affublées de ces caractéristiques ne sont pas forcément des sosies. Alors, avant toute chose: tordons le cou à un fameux canard: Monroe** n’est pas Dr House.

D’aucuns seront certainement tentés par la comparaison, mais une fois les premiers sarcasmes passés, force sera de constater les très nombreuses divergences avec l’original. Ici, ni énigmes répétées, ni trilogie systématique d’essais et erreurs pour aboutir au traitement adéquat, ni sempiternels jeux du chat et de la souris avec une insaisissable Cuddy… Gabriel Monroe n’est pas le cousin outre-Manche de Gregory House, et c’est tant mieux. Ce qui le définit? Une réelle empathie pour ses patients et des relations très particulières avec tout son entourage, femme et fils compris. Sans oublier des réalités propres à la Grande-Bretagne et à ce colosse dont le pieds se révèlent souvent d’argile dès lors qu’il quitte son précieux bloc opératoire.

Si Monroe n’est pas une série révolutionnaire – le genre attend toujours un nouveau souffle salvateur (cf. note précédente) ­-, elle propose en revanche un beau personnage qui mérite que l’on fasse un bout de chemin en sa compagnie. D’autant que l’acteur qui lui prête vie est l’un de ceux qui illuminent le petit écran. Il y a d’abord ce rictus reconnaissable entre mille et cet oeil qui frise avant même que ne fuse la première sentence qui tue. Sarcasme et douce ironie sont les armes majeures de l’acteur James Nesbitt, un comédien qui allie la finesse à la détermination. A croire qu’aucun rôle ne lui résiste jamais, qu’il soit soldat (Occupation), schizophrène (Jekyll) ou neurochirurgien réputé. Ne mégotons pas: Monroe doit tout à ce faciès élastique et à ce sourire éloquent.

Pour sa deuxième collaboration avec l’acteur d’origine irlandaise – après la brillante série «Occupation» sur fond de guerre en Irak – , Peter Bowker soigne à la fois la mise en images et la bande son, créant un univers personnel, original et attachant. Malgré le ton relativement sombre de l’ensemble, on apprécie son côté résolument impressionniste avec le joli jeu sur les flous, les clairs-obscurs, les plans d’ensemble et les gros plans, d’autant que la musique évite soigneusement de surligner l’émotion.

Là où House virait bien souvent au one-man show, Monroe se révèle à la fois plus subtil et ancré, certainement moins démonstratif, offrant une vraie place aux patients et à l’ensemble du casting hospitalier. Anesthésiste, brancardier et responsable de la chirurgie constituent à la fois son premier (et meilleur) public, ainsi que ses éternels alliés. Que ce soit pour le poker ou pour décompresser.

Philosophe à son corps défendant, Monroe pratique aussi l’autodérision. Tout à fait conscient des limites de son art, il cite volontiers Voltaire: «La médecine consiste à distraire le malade pendant que la nature le guérit.»

Après deux saisons de cas en tous genres (12 épisodes), la neurochirurgie ne présentant pas une infinité de réponses possibles et l’audience s’étant peu à peu effritée, ITV a mis un terme aux interventions du Dr Monroe. L’Hôpital St Matthew a refermé ses portes.
Arte diffusera les six premiers épisodes jeudi 21 et 28/02 dès 20h45.
Karin Tshidimba

Drame médical de Peter Bowker, avec James Nesbitt, Tom Riley, Sarah Parish. 12 épisodes. Diffuseur: ITV. Début: 10 mars 2011.
site officiel de la série