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Mildred-Pierce.jpgPhotographie léchée, soin apporté aux détails et bande son haut de gamme, c’est par la reconstitution historique soignée que Mildred Pierce*** s’impose en premier lieu.
Ancrée au coeur de la grande Dépression aux Etats-Unis (années 30), cette mini-série HBO en 5 parties accompagne le destin d’une femme qui voit son statut social tout d’un coup menacé. Son mari, au chômage depuis peu, décide en effet de la quitter pour s’installer chez sa maîtresse. Pour la jeune femme, mère au foyer accomplie, le choc est rude et lui fait d’abord perdre pied. Comment subvenir aux besoins de ses enfants sans perdre la face? La question la tourmente tellement qu’elle finit par se confier à son amie Lucy (formidable Melissa Leo, vue dans «Treme»)…

Revenant aux sources du roman de James M. Cain – paru en 1941 et transposé sur grand écran par Michael Curtiz quatre ans plus tard -, Todd Haynes propose le portrait d’une femme libre et ambitieuse qui décide de mettre à profit ses talents de cuisinière et de ménagère, pleine de bon sens et bonne gestionnaire, pour faire son entrée dans le monde du travail. Un exercice auquel ce portraitiste féminin (« Loin du paradis », « Safe ») est habitué.

Acteurs de qualité, scénario fouillé, qualité cinématographique : «Mildred Pierce» a su mettre tous les atouts de son côté pour sublimer son récit. Avec Kate Winslet en jeune divorcée volontaire, elle s’assure aussi la sympathie du public embarqué dans un long récit parsemé d’embûches et de déceptions. C’est la loi du genre, en matière de mélodrame, et il faut toute la ténacité et la persévérance de Mildred pour relever la tête et vouloir croire qu’après la pluie, viendra forcément le beau temps.

Au-delà de la lutte de cette femme pour assurer l’avenir de ses deux filles et son indépendance financière, c’est aussi l’histoire d’un amour inconditionnel: celui d’une mère pour ses enfants, au risque d’en faire des monstres d’égoïsme. Ayant déjà une fâcheuse tendance à se considérer comme une «princesse égarée au milieu des paysans», l’intransigeance de Veda (Evan Rachel Wood, impeccable en garce sans coeur) est renforcée par le comportement de sa mère qui estime que rien n’est trop beau pour son ainée et ses rêves d’artiste. Des rêves qui semblent combler ses propres espoirs enfouis…

Si vous avez raté cette production HBO, qui a permis à Kate Winslet de recevoir un Golden Globe et un Emmy Award en 2011, sachez que la mini-série débute ce samedi sur La une à 20h15, ce dimanche à 20h45 sur France 3 et lundi à 21h05 en VO st sur La trois. Vous avez donc l’embarras du choix…
KT