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Borgen.jpgPremière femme propulsée au poste de Premier ministre du Danemark, Birgitte Nyborg Christensen (campée par la comédienne Sidse Babett Knudsen) a fait l’apprentissage du pouvoir au fil des dix épisodes passionnants de la saison 1 de Borgen***. Une qualité qui avait “payé” puisqu’Arte avait enregistré des audiences bien supérieures à sa moyenne (du 9 février au 8 mars 2012) et que la série avait été le sujet de conversation n°1 sur Twitter en France le jour de sa première diffusion.

Anticipant sur la réalité de son propre pays – quelques mois plus tard, Helle Thorning-Schmidt, cheffe des sociaux-démocrates, devenait effectivement la première femme Premier ministre du Danemark ! –, cette fiction signée Adam Price s’est fait remarquer dans le monde entier, en posant notamment la question de la possibilité d’une vie privée pour les hommes et les femmes politiques…
Dans cette saison 2 qui démarre jeudi soir sur Arte, Adam Price dit vouloir “tendre vers plus de profondeur et de noirceur” mais sans cynisme. Un pari réussi.

Sondant avec perspicacité les travées du pouvoir, “Borgen” s’intéresse en effet aux hommes et aux femmes derrière les fonctions publiques et creuse les relations tissées entre journalistes, politiques et conseillers en communication. (Une observation en partie reprise dans la trame de la série politique française « Des hommes de l’ombre ».)

Dans le rôle du Premier ministre, Sidse Babett Knudsen est bluffante et éclaire même les processus de décision politique. Or, sur ce plan, le Danemark, avec son modèle de monarchie constitutionnelle, se rapproche bien plus de la Belgique que les modèles américain ou britannique. Crise économique, terrorisme, minorités ethniques : toutes les questions qui fâchent y sont abordées, avec le piment supplémentaire d’avoir le sentiment de vivre un sacré baptême du feu en même temps que les protagonistes. Birgitte Nyborg et les membres de sa coalition gouvernementale, installés au Château, ayant été propulsés par la “magie” d’une alliance inattendue dans la course au pouvoir.

Pour démarrer cette saison 2, la participation à la force internationale, déployée non sans mal en Afghanistan, donne des sueurs froides au gouvernement danois ; gouvernement qui sera également confronté à la nécessité d’envisager un nouveau modèle économique et social, ainsi qu’à une stigmatisation d’une “certaine délinquance juvénile” orchestrée par l’extrême droite.
En cherchant à réunir une coalition la plus large possible autour de son projet pour sortir le Danemark de la crise, Birgitte Nyborg fera même fuir l’un de ses partis alliés.
Entourloupes, coups bas, fermeté voire intransigeance et manque d’écoute, le Premier ministre, jusqu’ici admiré mais désormais dans la tourmente, semble avoir beaucoup changé.

Après l’euphorie de la victoire, cette deuxième saison se penche sur la froide gestion du pouvoir. Une gestion quotidienne qui a déjà éloigné Birgitte Nyborg de ses plus proches interlocuteurs : son fidèle conseiller et mentor, Bent Sejro, mais aussi son mari, Phillip, avec lequel la rupture semble consommée. Difficile de faire vivre un couple et une famille dans les ors du gouvernement… On parle souvent de la solitude du pouvoir ; ici, on peut la voir en action.

Au fil de ces dix nouveaux épisodes, “Borgen” semble avoir intégré la richesse et la portée d’une série comme l’Américaine “The West Wing” – (“A la Maison Blanche”, en VF) qu’elle cite d’ailleurs comme modèle. Elle brosse le portrait contrasté d’une humaniste propulsée sous les feux croisés de la presse et de ses adversaires politiques, en plein cœur de l’échiquier politique. Comme son aînée, “Borgen” met en avant un personnage politique de gauche, mais surtout un être humain idéaliste et de bonne volonté découvrant une réalité bien plus amère et complexe qu’il ne le pensait.
KT

La saison 2 de “Borgen” sortira en coffret DVD (4 DVD chez Arte Editions) le 21 novembre.
Et sera diffusée en VF et VOST sur Arte tous les jeudis à 20h50, du 22 novembre jusqu’au 13 décembre. Sur arte.tv/borgen2, on trouvera des interviews vidéo du créateur Adam Price et de l’actrice Sidse Babett Knudsen, et un faux tabloïd dédié aux intrigues de la série.