Pushing Daisies*** a parachevé, bien malgré elle, son statut de série-culte. Déprogrammée après seulement deux saisons (22 épisodes!), elle est assurée de rester inscrite dans la postérité comme la série la plus onirique et décalée de la saison 2008 (et vraisemblablement quelques autres après).
Car qui dit série-culte dit parcours chahuté, voire carrément maudit ET fans inconsolables.
Pushing Daisies est assurée d’avoir les deux puisque, aux critiques dithyrambiques et à l’enthousiasme sans borne du grand public, a succédé des audiences en dents de scie jusqu’à l’annonce incroyable: l’annulation pure et simple. La nouvelle n’est pas seulement désastreuse pour son créateur Bryan Fuller et pour ses deux interprètes, Lee Pace et Anna Friel, mais aussi – surtout? -, pour tous ceux qui s’étaient passionnés pour cet univers totalement original et haut en couleurs mariant « Amélie Poulain » avec une touche de nonsense.
Capable de ressusciter les morts à condition de ne plus jamais les retoucher ensuite, Ned le pâtissier semblait voué à un brillant avenir. Les mystères insondables de l’audience, reine cruelle, en ont décidé autrement. Restent une galerie de personnages irremplaçables: le détective Emerson Cod, fondu de pâtisseries, Chuck-la-ressuscitée avide d(e bonnes) action(s) et un formidable duo de tantes, folles de brie et de cheddar, ex-stars de natation synchronisée.
Les 9 épisodes de la première saison avaient tout au plus valeur de mise en bouche. Mais on apprit bien vite que les 13 aventures suivantes auraient un arrière-goût amer puisque ce seraient… les dernières. Et ce n’est pas l’annonce du possible lancement d’une bande dessinée (voire d’un film) prolongeant la série qui effacera ce goût de trop peu, ce parfum de gâchis final. Il faut dire qu’on raffole de ce petit côté « Mary Poppins » ou « Alice au pays des merveilles », pour le mélange entre absurdie et décor acidulé. Il y a de la magie dans cette « bonbonnière » qui évite soigneusement tout sentiment frelaté.
De « Pushing daisies », on aime l’humour pince-sans-rire, la poésie et le goût pour les allitérations développées par le narrateur, faisant de chacune de ses interventions un moment « délicieux ». On aime, aussi, le sens de la repartie, les jeux de mots et la pointe de nonsense cultivée par les dialogues. A dire vrai, comme la tante Lily, accro aux tartes parfumées aux antidépresseurs homéopathiques, on est un peu « addict ». Et impressionné par le créateur Bryan Fuller, qui a su trouver tant de mots doux pour parler de la mort et du vide laissé par les êtres chers.
Est-il nécessaire de préciser que ce savoureux « muffin » a bien mérité ses trois pépites (3 Emmy awards, autrement dit)? Non, quelques secondes de générique suffisent, tout est dit.
KT
Pushing Daisies. coffret 3 DVD. Warner Bros
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