The New Normal

newnormal5.jpgVoilà la série qui a été interdite dans l’Utah avant même sa diffusion. Dans cet Etat majoritairement mormon, “The New Normal”, série mettant en scène un couple d’homosexuels faisant appel à une mère porteuse, a été jugée « inappropriée » par KSL-TV, chaîne de Salt Lake City affiliée au réseau NBC. La diffusion en est donc boycottée.
Au pays de l’Oncle Sam, les années électorales sont révélatrices d’enjeux à tous les niveaux, le créateur Ryan Murphy vient de le réaliser à ses dépends. Diffusée dans le reste du pays, The New Normal* créera-t-elle vraiment le débat? A la vision du premier épisode, on est pourtant presque tenté de dire: tout ça pour ça?

Sur le papier, l’idée avait l’air intéressante, sur le plan du concept s’entend. Parler de l’homoparentalité de l’intérieur en suivant un couple d’homosexuels (Bryan et David) rêvant de devenir pères grâce à l’aide d’une mère porteuse. Le thème était suffisamment ancré dans l’air du temps, tout en restant en grande partie nimbé de mystère. Les histoires personnelles de chacun des membres de l’équation sont touchantes (une jeune femme qui veut repartir de zéro avec sa fille et un couple qui veut croire en sa chance de devenir parents). Restent alors les mille inconnues en présence: La procréation assistée va-t-elle fonctionner? Comment les familles respectives vont-elles réagir? Cet enfant sera-t-il touché ou pas par les choix et les préférences de ses parents? Quelle relation entretiendra-t-il (elle) avec sa mère biologique?
La morale de l’histoire s’affiche d’emblée en grand, imparable: « une famille est une famille et seul compte l’amour » comme le proclame Goldie (Georgia King), future mère porteuse épanouie et candidate volontaire.


« L’anormalité est la nouvelle normalité » ou la nouvelle « norme » dans un monde où les géographies familiales se multiplient à l’envi: familles monoparentales, recomposées, transgénérationnelles, etc.
Mais les exemples retenus par Ryan Murphy à l’appui de ses dires sont nettement plus ciblés, voire même clichés. Aujourd’hui, rappelle-t-il, des grand-mères peuvent devenir mères à tout âge et les handicaps des parents (surdité, nanisme) ne se transmettent pas forcément aux enfants. Le ton choisi est celui de la comédie, une première pour le créateur à multiples casquettes. Alors qu’on a pu prêter beaucoup d’attention à ses précédentes créations (Nip/Tuck, Glee, American Horror story) on reste un peu perplexes sur ce choix pas forcément abouti. On rit peu, à vrai dire, et le trailer de la série (diffusé en mai dernier lors des Screenings) semblait plus convaincant que cet épisode d’exposition où tous les personnages ou presque paraissent camper un « type » bien arrêté.

Bryan (Andrew Rannells) en gay assumé, très fashion victim et forcément soucieux de son tour de taille; David (Justin Bartha) intellectuel brillant, homme posé et citoyen actif, affichant quelques penchants supposés masculins (foot, politique, etc.); Goldie, une jeune femme trop soumise, devenue mère à 15 ans, qui voit dans son nouveau « job », l’occasion d’affirmer son point de vue mais aussi de changer de vie et de reprendre ses études.
 A ces trois-là, liés par le projet de naissance, s’ajoutent Jena, la grand-mère de Goldie, homophobe, excessive, possessive et très à droite sur l’échiquier politique, et son arrière-petite-fille Shania, geek futée et pleine de bon sens qui observe, mi-narquoise, mi-indulgente, les égarements de tous « ces grands ». La multiplication des points de vue permet l’identification et le questionnement. On espère cependant que l’approfondissement est bien inscrit au menu des prochains volets.
KT
(publié le 12.09.2012)

 The New Normal, comédie de Ryan Murphy et Ali Adler, avec Georgia King, Andrew Rannells, Justin Bartha. Diffuseur: NBC. 22 épisodes en cours de production. Durée: 22 minutes. Début: Septembre 2012. Photo: NBC