Touch

touch.jpgLe débat risque d’être houleux entre tenants de Jack Bauer et fans de Martin Bohm. Incarnés tous les deux par l’acteur Kiefer Sutherland, ces personnages évoluent en effet dans des univers que tout oppose. Les menaces terroristes internationales pour « 24h chrono », les représentations mentales complexes d’un jeune autiste dans Touch**. D’un côté, un monde où le péril est permanent et où les Etats-Unis semblent être en guerre contre la terre entière, avec pour unique bouclier l’agent Jack Bauer. De l’autre, un père déboussolé, veuf du 11 septembre 2001, tentant désespérément d’entrer en contact avec son fils de 11 ans, autiste et muet.

Dans la nouvelle série de Tim Kring (« Heroes »), le père meurtri découvre que la passion que son fils nourrit pour les nombres répond à une logique que lui seul semble pouvoir établir entre divers faits et personnes. Jake tente ainsi de le prévenir de la survenue imminente d’événements malheureux. En résolvant ces énigmes chiffrées, son père pourrait faire en sorte que les choses « rentrent » dans l’ordre. Ce qui, sur un plan humain comme mathématique, se traduit par le fait « d’empêcher l’irruption du chaos ».

On le voit, au-delà, du suspense et de l’action – qui n’éloignent pas tant que cela Kiefer Sutherland de son rôle de « justicier » -, la série propose une réflexion sur l’interconnexion des êtres et des choses, sur les équilibres à respecter, sur les conséquences de nos actes. Postulant que l’on peut briser un « cercle vicieux » en décidant de mettre en place des « mécanismes vertueux ». Le propos, forcément, fera ricaner les plus cyniques d’entre nous, d’autant que les premiers épisodes débordent de bons sentiments. Mais pour tous ceux qui ne seraient pas allergiques à la « positive attitude », « Touch » propose une réflexion qui ne manque pas de pertinence. Car dans son versant philosophique, ce feuilleton fait la part belle aux théories mathématiques (suite de Fibonacci, etc.) et aux lois scientifiques qui régissent l’univers. Rappelant que la théorie des dominos et l’effet papillon ne sont pas seulement des défis ludiques ou des titres de chansons.

L’autre force de cette série est de proposer une double quête au long cours : autour de la relation de Martin Bohm et de son fils, et des signes que celui-ci perçoit, mais aussi sur « la question de savoir si d’autres personnes vivent la même situation que Jake » ailleurs dans le monde. Ce qui occasionne des sauts scénaristiques réguliers, sur d’autres continents, dans d’autres pays, où les actions d’ici peuvent influencer la vie de ceux là-bas. Ambitieux.

La question a retenu l’attention de suffisamment de fans aux Etats-Unis pour que la série soit reconduite pour une deuxième saison.
Dans cette première salve de 13 épisodes, Kiefer Sutherland a Danny Glover (Dr Arthur Teller) pour allié dans un thriller psychologique, fils de Google et de Facebook, qui s’interroge sur les limites de la communication et de l’interconnexion entre les êtres.
KT
(publié le 07.06.2012)