La comédienne belgo-suisse retrace le chemin parcouru au fil des trois saisons de la série RTBF, à l’heure de clore la traque de l’Ennemi Public. A voir dimance à 20h50 sur La Une
Stéphanie Blanchoud est un couteau suisse. Au sens propre comme au figuré. Même si elle a grandi en Belgique, elle a passé de nombreux congés dans les Alpes, dans la famille de son père. Et son travail de comédienne et de chanteuse l’a menée tant sur les planches belges qu’helvètes. Révélée sur le petit écran par le rôle de Chloé Muller, l’inspectrice au cœur de la série belge Ennemi Public, elle s’apprête à lui faire ses adieux au fil des six derniers épisodes proposés en salle et sur La Une, dès ce dimanche. Une saison finale au parfum très particulier.
”Dans cette saison 3, Chloé retrouve son papa et l’idée est vraiment d’entrer dans son intimité. On ouvre son album privé et on découvre tout un pan de sa vie qui n’avait pas été dévoilé jusqu’ici. Bien sûr, l’enquête continue et le but est toujours de retrouver sa sœur. Mais je n’ai pas du tout travaillé de façon technique, comme pour les saisons précédentes.”
”Revenir mettre ses pieds dans les chaussures de son personnage est toujours un grand bonheur, confie la comédienne. On s’y retrouve facilement, chargé du temps qui a passé aussi. Il n’y a que trois mois entre la fin de la saison 2 et la saison 3, mais, dans nos vies d’acteurs, il y a eu quelques années. On remet le costume et les sensations reviennent facilement.”
Découvrir la famille de Chloé
Bien sûr, l’écriture en six épisodes amène un autre rythme, “le temps se dilate moins, il y a un besoin d’aller à l’essentiel. J’étais très heureuse d’explorer d’autres choses et de quitter un peu l’enquête policière.” Ajouter à cela, le côté très satisfaisant de découvrir les racines familiales de son personnage et de disposer ainsi de clés supplémentaires. Même si cela semble paradoxal de les recevoir à la fin.
”C’est vrai, sourit-elle. D’autant que cela me ramène au travail que je fais hors champ d’habitude et qui est ma popote interne : quelle musique écoute-t-elle, qu’est-ce qu’elle aime ? C’est valorisant et jouissif pour un acteur, un personnage comme celui-là. J’ai vraiment pu explorer une très large palette d’émotions.”
Au risque d’être surprise par ses révélations de dernière saison ? “Non, je ne m’étais pas trop imaginée où elle avait vécu et quelle famille elle avait eue. Je me suis laissée aller dans le décor qu’on me proposait. C’est toujours merveilleux, ce côté immédiat : le fait de s’approprier les objets, les lieux, les vêtements, tout ce qui nous rapproche de la vraie vie. C’est l’inverse du théâtre, évidemment.”
Dans cette dernière saison, de nombreux personnages font leur entrée en scène.
”Pour eux, ça n’a pas dû être simple d’arriver dans le grand bain après deux saisons complètes (20 épisodes). Mais j’aime vraiment ça, car cela amène de la fraîcheur. Tout comme le changement de décors et de saison, avec un tournage en été. Il y a quelque chose de plus détendu qui s’est mis en place. Et même s’il y a moins d’épisodes, paradoxalement, j’ai l’impression qu’on a pris un peu plus de temps dans la manière dont les scènes ont été construites. Il y a un côté plus posé, malgré la tension” souligne-t-elle.
Il y a aussi eu beaucoup de réécritures. “Oui, passer de dix à six épisodes, c’est vraiment vertigineux. On sent qu’il y a des endroits où ils auraient peut-être eu envie de creuser davantage, mais il n’y avait pas le temps. Donc, cela a dû vraiment être un tout autre travail pour eux.”
Tourner sur son lieu d’enfance
Avec un plan de travail resserré, il a fallu être très efficace. “On a fait encore moins de prises que lors des saisons précédentes. Il faut avoir confiance et accepter cette chose-là”, note-elle philosophe. Mais à travers ses différents domaines d’activité – musique, film, théâtre, série et la boxe aussi -, Stéphanie Blanchoud a eu l’occasion de polir, d’affiner et de “muscler” son jeu. Un entraînement bien utile lorsque les journées de tournages sont longues et extrêmement rapides.
”Je venais de tourner avec Ursula Meier le film La Ligne et c’est vraiment un grand bonheur de faire si peu de séquences par jour (deux contre dix en série), mais il y a aussi un côté excitant au fait de devoir être toujours prêt, toujours alerte. Et puis, il y a la fluidité qui vient du fait qu’on se connaît bien entre acteurs. Je trouve cet exercice assez génial, on ne peut jamais s’ennuyer.”
Le hasard – mais existe-t-il vraiment ? – veut que cette dernière saison s’est tournée dans une région que Stéphanie Blanchoud connaît très bien. “Ma mère a habité pas très loin de Nivelles, j’avais beaucoup d’amis du côté de Wavre, je connais bien le Brabant wallon. Tous les coins où on a tourné, c’était plutôt joli. Il y a même un lieu de tournage avec les prêtres qui était dans la rue de mon enfance. J’ai habité là, de mes 2 ans à mes 12 ans et j’ai fait ma communion dans cette église, donc c’était fou… Quand j’y suis retournée, mon fils de trois ans était là sur le tournage, avec ma mère, ce jour-là, c’était vraiment touchant.”
”Heureusement, je n’ai pas dû tourner une scène hyper dramatique devant ma maison d’enfance, plaisante-t-elle. Le créateur Matthieu Frances vient du même village, on a pu comparer nos impressions.”
Au moment de faire ses adieux à Chloé, la comédienne reconnaît avoir lutté contre la nostalgie et la tristesse.
”C’est merveilleux d’avoir eu cette chance-là. C’est un personnage que j’ai infiniment aimé. Comme lorsqu’on lit un roman extraordinaire dont on met plusieurs mois à se remettre. J’ai beaucoup cherché autour et à propos d’elle. Cela a pris tellement de temps que c’est sûr que ça va rester en moi. Quand on me propose d’autres rôles, je fais toujours des comparaisons. Chloé est devenue un point de référence pour moi. J’accepterais un rôle principal comme celui-là sans souci, mais avec un autre look, un autre tempérament.”
Entretien: Karin Tshidimba
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