Cette nouvelle saison, marquée par les divorces des enfants royaux, est portée par l’interprétation habitée d’Elizabeth Debicki dans le rôle de Lady Di. A voir sur Netflix dès ce mercredi
La saison 5 s’ouvre sur une allégorie : le lien entre l’état de vétusté du yacht Britannia, propriété de la famille royale, et les contours sclérosés de la monarchie britannique est établi. Une institution «qui n’aurait pas varié d’un iota depuis le règne de Victoria», grand-mère d’Elizabeth II, comme le souligne le Prince Charles, rendu impatient par cet immobilisme. Désireux de voir les choses changer dans sa vie publique et privée, il se montre irrité de demeurer, à 50 ans, dans l’ombre de sa mère.
Pour souligner la transition vers les années 90, la distribution a été entièrement revisitée. Avec son allure de grand-mère idéale, Imelda Staunton (Harry Potter) campe la reine entrée dans sa 65e année; Jonathan Pryce (Game of Thrones) endosse le costume d’un Prince d’Edimbourg toujours fringant ; Elizabeth Debicki (Tenet, The Night Manager) est criante de vérité dans la peau de la Princesse Diana, malheureuse et esseulée face à un Dominic West en Prince Charles, tour à tour frustré, autoritaire, inquiet et impatient.
A ces personnages de premier plan s’ajoutent Jonny Lee Miller dans le rôle du Premier ministre John Major et Senan West, fils de Dominic, dans celui du jeune Prince William.
Un système qui broie ses membres
Si la saison 5 s’ouvre sur des images d’un éphémère bonheur familial, le poids du système monarchique se fait de plus en plus sentir. Alors que la Reine s’apprête à fêter ses 40 ans de règne, la série propose un bilan de son action internationale et nationale. Les sondages ne lui sont guère favorables et la popularité de Charles et Diana ne fait que croître au point de créer une triple rivalité : entre la Reine et le Prince Charles, entre le Prince et la Princesse de Galles, entre Diana et sa « rivale » Camilla Parker-Bowles.
Les dix épisodes suivent les mouvements de ces quatre personnages sur l’échiquier britannique. Un épisode retrace aussi le parcours de Mohamed al-Fayed et de son fils Dodi avant leur rencontre avec Lady Di, afin de mieux situer les enjeux à venir…
Plusieurs flashbacks permettent aussi d’évaluer la course du temps et les dommages causés par certaines décisions de la Reine qui ont impacté ses proches: son mari le Prince Philip, sa sœur Margaret et ses quatre enfants.
Cette saison 5 accorde une place prépondérante au couple formé par Charles et Diana. Le point d’orgue est bien sûr constitué par les coulisses et préparatifs controversés de la fameuse interview accordée par Lady Di à la BBC. Une interview, suivie par 23 millions de Britanniques le 20 novembre 1995, dont le retentissement fut international. L’événement demeure une tache indélébile sur la réputation de la célèbre Auntie comme le rappelle la série, exposant les mensonges et stratagèmes utilisés par le journaliste Martin Bashir pour parvenir à ses fins.
The Crown livre une série de portraits, sorte de Palais des glaces où chacun tente d’affirmer sa place là, où les précédentes saisons accordaient plus d’attention à l’évolution du pays à l’international. Sont toutefois explorés les liens des Windsor avec la cour impériale de Russie à l’occasion de la rencontre de la Reine avec Boris Eltsine.
Les mêmes reproches seront sûrement adressés à cette nouvelle saison de la série britannique: le fait qu’elle romance des faits historiques et dramatise les enjeux pour maintenir un suspense propre à la fiction, imaginant des dialogues dont personne n’a pu garder la trace. La saison 5 voyant la multiplication des colloques singuliers, il y a fort à parier que de nombreuses dents vont grincer…
Karin Tshidimba
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