Jimmy McGovren tisse la toile de cet intense thriller carcéral où Sean Bean et Stephen Graham offrent une prestation magistrale qui sonde les tréfonds de l’humanité. Dimanche sur Be1, à 20h30

Tensions et bagarres entre prisonniers au moment du transfert vers la prison. Mark Cobden (Sean Bean, inoubliable notamment dans Game of Thrones), impressionné et taiseux, tente de se maintenir loin des embrouilles. C’est sa toute première incarcération. Il a écopé de quatre ans de réclusion à la prison de Craigmore. La cinquantaine fatiguée et désabusée, il dénote dans son costume sombre mais reconnaît avoir tué un homme. Conduite dangereuse… L’ancien professeur était en état d’ivresse au moment des faits et depuis, cet accident le hante toutes les nuits.

À son arrivée, Cobden croise le chef McNally. Petit mais costaud, Éric McNally (le toujours excellent Stephen Graham vu dans The Virtues ) est un gardien de prison respecté par les hommes dont il a la charge. Il veille au grain et essaie d’éviter au maximum que la situation ne dérape au sein de son aile. Un jour, certains détenus apprennent que le fils de McNally est en prison et exigent qu’il leur rende service en échange de la protection de son fils.

McNally veut organiser le transfert de David car il refuse d’être placé en isolement « comme les pédophiles et les balances ». Connu pour être un surveillant « hyper réglo », McNally fait face à un choix cornélien pour tenter de protéger son fils.

Comme son nom l’indique Time*** mesure le temps qui s’écoule – lent, vain et violent – au sein de la prison de Liverpool. Chaque jour, les hommes se toisent et se provoquent quand ils ne se rançonnent pas ou ne se vengent pas brutalement. La tension, palpable au cœur de chaque scène, saisit le spectateur pour ne plus le lâcher dans cet univers où rien n’est jamais calme ou posé et où le pire semble toujours à venir.

Dilemme et mises à l’épreuve

Créée par Jimmy McGovern, Time est l’histoire d’un dilemme, une mini-série en quatre épisodes qui parle de douloureux chemins d’apprentissage et de mise à l’épreuve. Tant pour Cobden, en tant que prisonnier et que condamné purgeant sa peine, que pour McNally, considéré jusqu’alors comme irréprochable et très humain. Les deux comédiens, à la longue carrière et aux multiples rôles, parviennent encore à étonner et à nous toucher, chacun à travers son personnage.

Diffusée en juin dernier sur BBC One, la série, réalisée par Lewis Arnold, sonde les relations humaines dans ce lieu forcément sombre, violent et souvent désespérant et montre avec une grande justesse l’impact délétère de l’univers carcéral sur tous ceux qui s’en approchent de près ou de loin (visiteurs, famille, gardiens, etc.).

Karin Tshidimba