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C’est à Jordan Peele qu’a été confiée la délicate tâche de revisiter The Twilight Zone, série culte imaginée par Rod Serling entre 1959 et 1964, régulièrement remise au goût du jour depuis tant au cinéma qu’en série. La version 2019 est à découvrir sur Be TV.

À la fois acteur, producteur du dernier film de Spike Lee et réalisateur récompensé aux Oscar pour son film horrifique Us, Jordan Peele n’a pas été choisi au hasard par la chaîne CBS pour donner vie à une nouvelle version de La Quatrième dimension. Pour raviver The Twilight Zone, il fallait en effet quelqu’un de confiance, attaché à l’œuvre de Rod Serling. À dire vrai, Jordan Peele l’était tellement qu’il avait, au départ, refusé d’assurer ce reboot. Avant de se raviser, convaincu par la liberté offerte par la plateforme CBS All Access et par l’imposante matière à scénarios fournie par les dérives de l’époque Trump.

Angoisses et réseaux sociaux

La version 2019 de The Twilight Zone respecte les fondements de la série imaginée par Rod Serling, considérée à juste titre comme un monument du genre, un morceau du patrimoine historique de la télévision américaine (1959-1964). On y retrouve cette attention portée aux « bizarreries » et aux nombreux dérapages de la société américaine. Dès le premier épisode, Jordan Peele met le doigt sur l’une des angoisses de l’homme moderne : la peur de passer inaperçu, de ne pas connaître ce fameux quart d’heure de gloire – voire davantage si l’on est chanceux – que nous promettait Andy Warhol. Dans le cas des humoristes que l’on suit, ce besoin est même presque vital puisque sans cette reconnaissance pas d’avancée possible dans le métier. Mais « que sommes-nous prêts à sacrifier pour satisfaire notre besoin de briller en société ? » interroge Peele se référant à l’emprise toujours plus grande des réseaux sociaux sur nos vies.

Dans le second épisode, plus démonstratif et manquant par moments de finesse, l’intrigue traduit une angoisse très répandue et même presque banale : celle du crash en avion. À force de tout vouloir contrôler, de se croire omniscient et d’intervenir à tout bout de champ, ne sommes-nous pas les fossoyeurs de notre propre destin ?, interroge le créateur afro-américain. Une histoire qui adresse un clin d’œil appuyé à l’épisode imaginé à la fin des années 50 sur une trame de départ similaire.

Adam Scott dans « The Twilight Zone » 2019

Dans chaque épisode, Peele joue avec les nerfs du public et endosse le rôle de narrateur tenu par Serling dans la série originelle. John Cho, Ginnifer Goodwin, Tracy Morgan, Greg Kinnear, Seth Rogen, entre autres, ont répondu à son appel dans les huit épisodes suivants qui se clôturent sur un feu d’artifice. Si The Twilight Zone n’a pas l’âpreté de Black Mirror, elle partage avec elle quelques constats amers et grincements de dents.

La série a été présentée en avant-première au festival Séries Mania, le trailer était donc déjà disponible ici.

Karin Tshidimba