Séries politiques (Eden, Asylum City, Chimerica), familles en déroute (Mytho, Flack) et dystopies (Osmosis, Twilight Zone) sont les principaux thèmes de la création mondiale dévoilée durant neuf jours au Festival Séries Mania, du 22 au 30 mars.
Une cinquantaine de réfugiés émergent d’un canot sur une plage grecque et traversent la foule médusée. Cet événement va bouleverser le destin d’une galerie de personnages. Ainsi débute la série franco-allemande Eden, produite par Arte (photo), dont l’intégrale sera proposée samedi 30 à 11h30. Dans la même veine, on pourra découvrir le polar israélien Asylum City qui aborde également la thématique des migrants.
La politique des années 80/90, les réfugiés, les dystopies, les recompositions familiales sont au coeur des créations de cette année, a souligné Laurence Herszberg, directrice générale de Séries Mania, lors de la présentation du programme de la 10e édition. Les résonances entre notre quotidien et la trame des séries sont de plus en plus flagrantes, signe de leur volonté de donner un sens au monde tel qu’il va ou d’y chercher une nouvelle voie.
L’an dernier, Il Miracolo (Italie), On the spectrum (Israël) et Ad Vitam (France) faisaient chavirer les coeurs des spectateurs et suscitaient des tonnes de commentaires. Les 71 séries retenues cette année, sur les 450 reçues par le comité de sélection, proviennent de 20 pays, preuve d’une créativité de plus en plus répandue à travers le globe. Sur ces 71 séries, dix sont en lice dans la compétition officielle et six en compétition française.
Hier, aujourd’hui, demain
Le festival ouvre ce vendredi avec la projection, hors compétition, de la série The Red Line créée par Caitlin Parrish et Erica Weiss (à 20h au Nouveau Siècle), qui se penche sur une bavure policière raciste aux Etats-Unis, avec l’acteur Noah Wyles (Urgences).
Retour ensuite sur la politique des années 80/90 avec Chimerica (photo) qui explore les relations entre l’Est et l’Ouest. Cette série britannique suit un photojournaliste américain qui part à la recherche du modèle de sa photo la plus iconique: l’homme de la place Tian’anmen. Une réflexion sur le travail de (photo)journaliste à l’heure de la quête du clic à outrance et des fake news, un débat auquel participera, dimanche après la projection, Pierre Haski, chroniqueur sur France Inter.
Dans la même veine géopolitique, on se penchera sur le propos de Baghdad Central qui suit un policier irakien sommé de collaborer avec les Américains juste après la chute de Saddam Hussein, en 2003. Mêmes tensions et situation chaotique dans la série russe Blackout qui suit des vétérans, abandonnés à leur sort après leur retour d’Afghanistan en 1990.
Politique toujours mais nettement plus contemporaine avec la mini-série Brexit. Portée par l’impressionnant Benedict Cumberbatch, elle sera diffusée le 29 mars, jour officiel (annoncé) du Brexit. Questionnement tout aussi contemporain mais traitement fantastique avec La Dernière Vague, série française qui explore les conséquences des dérèglements climatiques.
Un futur fantasmé
Après le passé et le présent, les questions portent aussi sur notre futur. Ce sera notamment le cas avec Osmosis, nouvelle production française attendue sur Netflix. Elle explore ces algorithmes qui prétendent pouvoir nous aider à trouver le partenaire idéal.
Quant à la série Twilight Zone (La Quatrième Dimension, en VF) nouvelle version du monument de la télévision américaine, imaginée par Jordan Peele, elle arrive bientôt aux Etats-Unis et sera projetée à Séries Mania, le 30 mars. Créée par Rod Serling en 1959, cette série de Science Fiction a influencé de très nombreux récits actuels dont la plus emblématique est sans aucun doute Black Mirror.
Dans la veine fantastique et science-fiction, les fans ne louperont pour rien au monde le retour très attendu de la série Netflix The OA lancée fin 2016 et dont la 2e saison sera projetée dimanche à 20h30.
On y retrouve Prairie Johnson (Brit Marling), jeune femme disparue et mystérieusement ressuscitée chargée d’une étrange mission. Après avoir retracé son enfance à Saint-Louis (Missouri), la série sortait rapidement de ses rails pour explorer les travaux d’un scientifique inquiétant (Jason Isaacs) sur fond d’expérience de mort imminente, de quête mystique et de découverte de mondes parallèles. Une série déroutante et hybride qui est parvenue à s’imposer…
Le festival étant entièrement gratuit, la billetterie (réservation) a été rapidement prise d’assaut mais quelques places sont encore disponibles et, pour les plus gros événements, patience et désistements restent les meilleurs alliés du festivalier. L’an dernier, le festival avait attiré 55.700 spectateurs et plus de 2000 professionnels.
La liste des découvertes possibles est encore longue avec des séries qui devraient nous permettre de mieux comprendre ou analyser le monde tel qu’il tourne… ou pas: Manifest (le nouveau Lost ?), 8 Days (J-8 avant l’apocalypse), Homecoming (avec Julia Roberts), Lambs of God, MotherFatherSon, Mytho…
Karin Tshidimba
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