Emmenée par Uzo Aduba (Orange is the New Black) qui remplace Gabriel Byrne, la saison 4 de la thérapie d’écoute débute ce jeudi à 20h30 sur Be 1.
Tout a changé – les personnes, les lieux – et pourtant tout est pareil. Le dispositif (un divan et un fauteuil qui se font face), l’écoute : deux humains qui se parlent et s’observent. Et le suivi des séances au fil de la semaine : certains patients résistent et se défilent, d’autres se confient… Il ne faut que quelques secondes pour retrouver ce qui fait le sel d’In Treatment*** (En analyse en VF) : cette densité de rapports humains où se lit un mélange d’empathie, d’abandon et de compréhension. Ce besoin de voir clair et de comprendre ses propres agissements et réactions qui conduisent nombre de nos contemporains à se rendre régulièrement chez un thérapeute.
Ancrée dans son époque
Après onze ans d’absence – dans sa version américaine, en tout cas – la série In Treatment revient plus forte que jamais, s’affirmant d’emblée en prise directe avec son époque. Avec quelques séances réalisées à distance, via l’ordinateur, et surtout le questionnement et le changement de ton entraînés par la présence d’une femme à la barre. Face à ces quelques humains à la dérive, le rapport sera-t-il maternel, de séduction ou conflictuel ? La question se pose d’emblée et l’expressivité et la finesse de l’actrice permettent de la rendre tout sauf anecdotique. Uzo Aduba (révélée par la série Orange is the New Black ) aborde ces différents enjeux sans faiblir, ni rougir, ce qui est décidément la marque des grandes comédiennes.
La tâche était pourtant d’autant plus épineuse et risquée qu’elle succède à l’acteur Gabriel Byrne et que c’est le succès de cette version américaine qui a favorisé l’exportation de ce récit, israélien à la base, à travers le globe. De nombreux pays y voyant l’occasion rêvée d’adapter, à leurs propres traumas et à leur contexte national, cette histoire d’un thérapeute confronté à ses patients.
Se glissant dans les tenues élégantes et dans l’intérieur extrêmement soigné du Dr Brooke Taylor, Uzo Aduba accueille avec calme et empathie ses patients, venus lui confier, leurs rêves, leurs craintes, leurs désirs, leurs troubles et refléter, du même coup, certains des nôtres.
Les profils très diversifiés de ses patients donnent à voir une société déboussolée. Qu’il s’agisse d’Eladio (Anthony Ramos), jeune aide-soignant à domicile qui se raccroche à elle comme il le ferait avec une bouée. Ou de Colin (John Benjamin Hickey), criminel en col blanc richissime, fraîchement sorti de prison et toujours en probation. Un homme d’autant plus arrogant et agressif qu’il semble avoir des relations compliquées avec la gent féminine et qu’il comprend assez vite qu’il ne parviendra pas à embobiner la psychologue aisément. Rapports de force encore avec Laila (Quintessa Swindell), jeune patiente volontiers rebelle, poussée par sa grand-mère à venir en consultation afin de mieux appréhender les difficultés entraînées par ses « choix en matière de sexualité »… Place, en fin de semaine, aux confidences de la thérapeute elle-même, récemment endeuillée, à son amie Rita. Certainement la partie la plus intéressante de cette introspection.
La vie, entre surprises et écueils
Composée de 24 épisodes au déroulé à la fois limpide et sinueux, cette saison 4 se déroule à Los Angeles et fait écho à la pandémie mondiale, toujours en cours, ainsi qu’aux soubresauts culturels et sociaux récents aux États-Unis (#BlackLivesMatter). Tout comme la version française En thérapie , produite par Arte, le faisait avec les attentats de Paris en novembre 2015.
Cette résurgence de la série phare d’HBO prouve non seulement la vitalité de la version imaginée en 2008 par Rodrigo Garcia, mais aussi la force inaltérée du concept établi dès 2005 par l’Israélien Hagai Levi, pour sa série BeTipul. Un récit de vie qui, en seize ans, a été adapté au fil de 20 déclinaisons à travers le monde et qui est à présent disponible sur arte.tv.
Karin Tshidimba
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