La série Sous Influence livre le portrait saisissant d’une femme violemment agressée et forcée à se défendre devant un tribunal qui dissèque sa vie privée. Sur Arte, à 20h50

L’histoire débute sous des airs de romance. La rencontre entre Yvonne Carmichael (Emily Watson) et le mystérieux Mark (Ben Chaplin) a tout du coup de foudre au premier regard, ou presque. Pimenté par le fait que, se rencontrant dans le cadre d’un séminaire à Westminster, les deux amants vivent leurs premiers ébats dans la Chapelle secrète enfouie au cœur du bâtiment. Un début aussi romanesque que sulfureux qui semble définir les contours de leur relation à venir. Ni Mark, ni Yvonne ne sont libres. Mariés, ils décident de tenir cette liaison secrète.

Pour Yvonne, scientifique reconnue, dont le couple aux apparences parfaites s’endormait sous le poids du conformisme, cette aventure est d’autant plus inattendue qu’elle aborde le virage de la cinquantaine avec la conviction qu’elle ne peut plus séduire. En passe de devenir grand-mère, la voilà qui redécouvre ses aspirations en tant que femme. Malheureusement, ce deuxième « printemps » ne durera qu’un instant. Yvonne est en effet victime d’une agression sordide à l’issue d’une soirée entre collègues. À l’effarement et la douleur s’ajoute la honte de ne pas pouvoir dénoncer son agresseur de peur de devoir révéler en compagnie de qui elle était quelques heures auparavant…

Récit complexe, évoluant sur le fil ténu de la morale et de la respectabilité, Apple Tree Yard*** (Sous influence en VF) est une fiction d’une profonde intelligence décrivant avec subtilité les différents stades traversés par la victime : l’effroi, la sidération, le déni, la honte, la peur, le repli sur soi. Rappelant que les violences faites aux femmes sont souvent le fait de personnes qu’elles connaissaient déjà…

Une femme soutenue puis soupçonnée

Écrite par Amanda Coe, d’après le roman éponyme de Louise Doughty, cette mini-série propose une réflexion en profondeur sur la réputation si fragile des femmes, qui peut basculer en un instant pour une attitude jugée indécente ou une soirée trop arrosée.

La réalisation de Jessica Hobbs souligne à quel point la dénonciation d’un viol peut faire basculer la vie de celles qui se refusent à être réduites au statut de victimes. Prises dans l’engrenage de la machine judiciaire, elles vont voir leur quotidien ausculté à la recherche du moindre signe qui pourra faire d’elles des « coupables ».

Dans le rôle de cette femme tour à tour épanouie et bafouée, encensée puis soupçonnée, l’actrice Emily Watson (vue dans Chernobyl) déploie une impressionnante palette d’émotions rappelant sa prestation dans le film Breaking the waves.

Karin Tshidmba