Les comédiennes Audrey Fleurot et Julie de Bona parlent de leurs rôles respectifs dans la grande saga historique financée par TF1, la RTBF et Netflix. A voir sur la RTBF et dès ce lundi sur TF1.
Mise à jour (19/11): les deux premiers épisodes ont été suivis en moyenne par 6,7 millions de curieux lundi soir sur TF1. Très joli score pour une série française.

Un budget de 17 millions d’euros pour 8 épisodes, 3000 figurants, 1500 costumes, 185 techniciens au moment de l’incendie: TF1 n’a pas lésiné sur les moyens pour donner vie à sa grande fresque historique, Le Bazar de la Charité. Soutenue par Netflix, elle sera disponible sur la plateforme pendant quatre ans. Un investissement de taille mis au service de personnages féminins de premier plan.

« Adrienne de Lenverpré est une grande bourgeoise, elle a eu une grande histoire d’amour avec son mari mais aujourd’hui, ils sont dans une relation maladive. Elle a reporté toute son affection sur sa fille » explique la comédienne Audrey Fleurot.

« On s’attache au destin de chacune de ces femmes et de sa famille »

« Adrienne représente son mari dans sa campagne politique ; elle doit être vue au Bazar de la Charité. Son mari apprend qu’elle s’est renseignée pour divorcer, il ne le supporte pas car le mariage reste une institution liée au statut social et au patrimoine à cette époque. La loi sur le divorce est passée deux ans auparavant, Adrienne est donc une pionnière. Elle se sert du drame pour tenter de réinventer sa vie. Ces trois héroïnes sont à trois moments clés de leur vie qui permettent d’explorer la condition féminine sous différents angles. L’épisode de l’incendie est très immersif. Une partie du plaisir est de se mettre à la place des personnages et de tenter de déterminer ce qu’on aurait fait en pareil cas. »

L’actrice, connue notamment pour son rôle dans la série Un village français est une habituée des tournages d’époque. « Un costume vous détache de vous immédiatement, cela amène une façon de se tenir et de parler qui vous fait entrer directement dans le personnage. J’aime ne pas me reconnaître en sortant de la loge : vous y croyez vous-même. J’ai fait la voix off du documentaire sur cet incendie du Bazar de la Charité (pour la chaîne Histoire), je suis donc devenue incollable sur le sujet. C’est une porte d’entrée très intéressante car ce drame est prétexte à une saga. L’incendie est le personnage central du premier épisode mais ensuite, on s’attache au destin de chacune de ses femmes et de sa famille. »

Même s’il s’inspire de faits historiques, « il y a une volonté de moderniser le récit par la musique et les dialogues. Il y a l’idée d’un léger décalage dans les tenues et la façon de se parler pour que ce ne soit pas ennuyeux ou poussiéreux. Un côté rock et intemporel pour réduire la distance avec le téléspectateur. C’est un choix de mise en scène : on fait une grande saga, pas un documentaire d’époque », précise Audrey Fleurot.

Un drame qui permet aussi d’explorer la vie des gens de maison au service de la grande bourgeoisie.
« Rose Rivière est la bonne des Jeansin. Elle est courageuse, terrienne, elle aime énormément Alice dont elle est la grande sœur et la confidente », explique la comédienne Julie de Bona.
« Rose est moderne dans sa condition car elle a fait un mariage d’amour avec Jean ; ils ont le rêve de partir aux États-Unis pour échapper à leur statut de gens de maison. Elle culpabilise de laisser Alice derrière elle. Ce rôle éclaire la condition des femmes et la lutte des classes. Ce ne sont pas des personnages réels mais des archétypes : la bonne, la jeune fille, la femme. Mais elles ont un point commun : elles sont toutes les trois très aimées. L’incendie va être l’occasion pour ces femmes de faire le point sur leur vie. Et puis, il y a l’enquête pour savoir qui a mis le feu, comment, pourquoi : cela permet de parler du climat politique de l’époque, des anarchistes, de la peine de mort » explique la comédienne.

Sur les 126 décès constatés au soir du 4 mai 1897 à Paris, l’écrasante majorité (118) était des femmes de la haute société et leurs bonnes. Parmi ces dames, Sophie-Charlotte, duchesse d’Alençon, sœur de l’impératrice “Sissi” d’Autriche et la peintre et céramiste Camille Moreau-Nélaton. Au moment où le feu s’est déclaré, du côté du stand du cinématographe, 1200 invités étaient présents dans le Bazar. Ce qui explique le retentissement international de l’événement.

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