Découverte dans « Au nom du fils », le film de Vincent Lannoo, par le réalisateur Ziad Doueiri, Astrid Whettnall (à gauche sur la photo) est une grande amatrice de séries qu’elle dévore « pour leurs qualités d’écriture et de réalisation, pour la richesse et l’originalité des univers proposés et la prise de risques énorme qu’elles assument. »
Depuis deux saisons, la comédienne belge s’est glissée dans l’appareil politique français sous les traits de Véronique Bosso, adjointe au maire de Dunkerque, alias le Baron Noir, son mentor Philippe Rickwaert joué par Kad Merad. Dans cette saison 2, on la retrouve dans le sillage de la présidente Amélie Dorendeu, campée par une Anna Mouglalis inscrite dans l’ombre (ou le reflet) d’Emmanuel Macron.
Nous avons discuté avec elle du thriller politique à suivre tous les samedis à 20h30 sur Be Séries.
« Je croyais à fond au projet mais on ne savait pas si le public allait accrocher »
« Lorsque j’ai reçu les deux premiers scénarios, j’ai été complètement séduite par l’écriture d’Eric Benzekri et Jean-Baptiste Delafon que je trouve brillante. Et puis, je trouvais qu’il y avait un potentiel et une aventure humaine énorme à vivre là. Je connaissais la réputation des séries de Canal. Je suis rentrée dans un projet auquel je croyais à fond mais c’était tout de même un grand pari pour les producteurs et les scénaristes parce que c’est une série qui ne parle que de politique, de façon assez radicale. On ne savait pas si le public allait accrocher » explique la comédienne belge.
« Au départ, Ziad Doueiri (le réalisateur, NdlR) ne pensait pas du tout à moi pour le personnage de Véronique Bosso mais au même moment Rachid Bouchareb cherchait une actrice pour son film « La route d’Istanbul »*. C’est Ziad qui lui a donné mon nom et ce n’est qu’après qu’il a pensé à moi pour le rôle de Véronique. »
Un personnage sur lequel la comédienne a beaucoup travaillé.
« Ils m’ont vraiment laissé faire ma proposition: une femme extrêmement passionnée, intelligente avec un caractère très fort. Une femme qui agit dans l’ombre et dont la vie est totalement dévouée au parti. Socialiste, jusqu’au fond du coeur et des tripes. Dans la saison 1, elle postule pour être maire de Dunkerque mais elle est totalement fidèle à son mentor Philippe Rickwaert. »
Véronique Bosso est « extrêmement fidèle en amitié, ce qui est rare. Elle est aussi beaucoup plus courageuse et plus militante que moi. Elle va jusqu’au bout. Je partage ses convictions mais j’admire sa force, sa détermination et sa droiture. Ce sont de personnages qui vous tirent vers le haut, qui vous transcendent. Grâce à eux, on participe à une révolution intérieure, on se pose des questions fondamentales qu’on oublie parfois parce qu’on court après la vie tout le temps » analyse-t-elle.
« Le personnage de Véronique m’a enrichie et éduquée »
Véronique Bosso a un profil de femme intègre qui déteste les compromissions.
« Oui, il y a certains calculs qu’elle sait devoir faire pour atteindre des buts plus élevés mais il y a des compromis qu’elle refuse de faire. En tout cas, pour le moment. Car avec les scénaristes, on est toujours surpris. Est-ce qu’elle va réussir dans la saison 3 à garder son intégrité ? On ne sait pas encore où ils vont nous emmener. »
« Dans cette 2e saison ce qui est très beau, c’est qu’on voit un tas d’hommes politiques faire du chantage, Véronique n’en fait jamais, elle fait ce qu’elle dit. C’est le genre de femme politique qui me fait rêver et pour laquelle j’aimerais voter. Je l’admire beaucoup, il y a ces idéaux humanistes qu’elle ne lâche pas. C’est vraiment un très beau personnage » poursuit-elle enthousiaste.
« Pour dire la vérité, je n’y connaissais pas grand chose avant la série et même la politique belge me semble compliquée. Ce qui est vraiment super, c’est que ce personnage m’a enrichie et éduquée. Il a réveillé ma conscience politique et je suis aujourd’hui plus que jamais convaincue de l’importance de voter, même si chez nous c’est obligatoire contrairement à la France. Parce que ce sont ces hommes et ces femmes qui se battent pour faire voter des lois et nous protéger. Si on ne vote pas, c’est un peu comme si on regardait ce qui va mal sans rien faire » argumente-t-elle.
La lecture du scénario lui a permis de comprendre les batailles de Véronique et les enjeux de chaque épisode et de chaque personnage. « Je me suis renseignée sur certaines lois, sur le 49.3, mais on a aussi été très aidés par Eric Benzekri et Jean-Baptiste Delafon car l’un des deux était toujours présent sur le plateau pendant le tournage. Et ils sont tous les deux plongés dans la politique depuis des années. »
Après avoir terminé le film « Territoires » de David Oelhoffen avec Matthias Schoenaerts et Reda Khateb, la comédienne belge est actuellement en tournage du nouveau film de Rémi Bezançon, « Le mystère Henri Pick » adapté du roman de David Foenkinos, avec Fabrice Luchini et Camille Cottin (Dix pour cent).
Elle tournera ensuite une fiction unitaire pour Arte en mai, juin: « Tout contre elle » de Gabriel LeBomin où elle jouera le rôle principal. Avant de retourner s’inscrire dans les pas du Baron Noir…
Entretien: Karin Tshidimba
* rôle pour lequel Astrid Whettnall a reçu le Magritte de la meilleure comédienne en 2017.
mise à jour (30.09.2020): Clap de fin pour Baron Noir. La série politique cocréée par Eric Benzekri n’aura pas de saison 4. S’il abandonne les personnages campés par Kad Merad et Anna Mouglalis, le scénariste a déjà un autre projet en vue dans l’arène politique…
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