15_35_40_173218682_3df82ce712804f1ebfdcae586cef654c.jpgLe sacre de la série The Handmaid’s Tale dimanche soir à Los Angeles, lors de la 75e cérémonie des Golden Globes, ne fait pratiquement aucun doute. La série de Bruce Miller ravira certainement le titre de meilleure série à sa rivale The Crown, dont la saison 2 demeure toutefois impeccable.

Comme souvent, la cérémonie est l’occasion de jeter un regard sur l’année écoulée, sur les émotions et rencontres qu’elle n’a pas manqué de provoquer. Fait marquant, prouvant une fois encore la connexion des séries avec leur temps, parmi les nominés, trois récits émergent qui semblent partager un ADN commun en lien direct avec les récents événements qui ont secoué la planète Hollywood dans le sillage de « l’affaire Weinstein »: The Handmaid’s Tale (3 nominations) bien sûr, mais aussi Big Little Lies (6 nominations) et The Deuce.

Soit trois séries portées par des actrices et productrices qui rappellent que le destin de certains êtres humains se trouvent gravement entravé et menacé du seul fait d’être nées femmes. Que le regard du téléspectateur se tourne vers le passé (comme c’est le cas dans The Deuce), le présent (Big Little Lies) ou le futur (The Handmaid’s Tale).


Choeur de femmes entre elles

Big Little Lies 3.jpgSur le plan du jeu comme de la narration, The Handmaid’s Tale semble imbattable et devrait logiquement remporter le prix de la meilleure série. Au-delà de la force de ce scénario inspiré du roman de Margaret Atwood (La Servante écarlate en VF), le retentissement offert par l’affaire Weinstein à cette histoire de République fanatique – qui oppresse les femmes et transforme leur corps en marchandise -, en a fait un symbole fort.
Sa dénonciation de la misogynie latente, du fanatisme religieux et des tentations sécuritaires offre une solide métaphore de la résistance anti-Trump. De nombreuses citoyennes américaines ont d’ailleurs tenu à manifester contre l’occupant du Bureau Ovale en portant des tenues identiques à celles imposés aux femmes dans la République de Gilead. Elue meilleure série dramatique aux Emmy Awards, The Handmaid’s Tale confirme en outre l’immense talent de l’actrice Elisabeth Moss, époustouflante.

Portées par deux actrices très engagées, Nicole Kidman et Reese Whiterspoon, Big Little Lies met l’accent sur la violence conjugale trop souvent cachée ou minimisée, en mettant en valeur un choeur de femmes d’abord rivales avant de devenir peu à peu solidaires les unes des autres (photo du milieu).

the deuce S1.jpgQuant à The Deuce, la nouvelle série de David Simon, elle offre un portrait en creux de l’hypocrisie de la société américaine des années 70 à travers le parcours de quelques péripatéticiennes de la 42e Rue dont Candy (Maggie Gyllenhaal, photo) qui entend bien rester seule maîtresse de son corps et même en faire le principal instrument de son émancipation.

Les Golden Globes offriront-ils la tribune rêvée aux mouvements anti-Trump et aux nombreux utilisateurs(trices) du #metoo ? Suspense.

Comme souvent dans ce type de cérémonie, ce sont les absences qui sautent aux yeux.
Twin Peaks ou The Deuce qui ne figurent pas dans la shortlist des meilleures séries dramatiques et ne sont «sauvées» que par leur interprète respectif (Kyle MacLachlan et Maggie Gyllenhaal). Mais aussi celles dont il n’est fait mention dans aucune catégorie, malgré leur originalité et l’adhésion qu’elles ont suscitée: The Leftovers, Mindhunter ou Legion. Trois séries qui, chacune à sa façon, ont réinventé le drame philosophico-sentimental, le thriller psychologique ou la série de science-fiction.

KT