Unité 42 équipe.jpgCyber voyeurisme, cyber harcèlement, cyber recrutement: on le sait, les dangers ne manquent pas une fois que l’on est connecté. Mais que sait-on des hommes qui traquent les criminels de l’ombre ? Comment mènent-ils leurs enquêtes et quelles sont leurs méthodes ?

C’est ce mystère que dissipe, en grande partie, Unité 42, la nouvelle série 100% belge concoctée sur les fourneaux de la RTBF. Une trame en dix épisodes autour des « malfrats du Net » déjà achetée par France 2. Unité 42**, qui démarre ce dimanche à 20h50 sur La Une, vient aussi de recevoir une mention spéciale au Festival du Film de Genève et sa saison 2 est déjà en cours d’écriture… Ne reste plus qu’à séduire le public.

Un quatuor de flics aux personnalités contrastées emmené par Patrick Ridremont (cf. la vidéo ci-dessous) et Constance Gay, des intrigues solides, une caméra fluide et inspirée, un point de vue unique sur un univers singulier: sous les dehors classiques de l’enquête, la recette s’avère savoureuse. Et pour les plus pressés ou les plus branchés, le premier épisode sera proposé samedi dès 20h sur la plateforme Auvio de la RTBF.

Chaque épisode retrace la traque d’un criminel sévissant dans le monde bien réel grâce à des outils technologiques perfectionnés. Et cette confrontation entre monde réel et virtuel fait tout le sel de cette nouvelle série policière bigrement didactique.
Humainement riche, Unité 42 réussit à imposer ses codes, son atmosphère et ses personnages dans l’antre de la cybercriminalité. Comment ? C’est ce que nous vous proposons de découvrir ci-dessous.

1. L’univers

unité 42 S1.jpgL’idée de la série est venue de la scénariste Annie Carels, dont le mari est futurologue chez Microsoft : « il travaille sur les technologies du futur. Annie et son mari sont des passionnés. » Restait à créer au départ de cette passion, des trames narratives intéressantes, qui captivent le grand public. Le credo de ses deux scénaristes associées, Charlotte Joulia et Julie Bertrand : « cela ne sert à rien que ce soit juste, si personne ne comprend rien à l’intrigue. On se met en permanence à la place du téléspectateur. C’est comme dans Urgences, on ne comprend pas tout au vocabulaire ou aux gestes posés mais on voit qu’ils sauvent des vies. Et on s’intéresse à l’onde de choc que ces nouvelles technologies provoquent dans nos vies, même si, au départ, on est emporté par le côté procedural d’une enquête pour meurtre confiée à l’Unité 42. »


2. Les enquêtes

« La série repose sur des policiers de terrain et d’autres plus versés dans la cybercriminalité. Avant d’écrire, nous avons rencontré des spécialistes et des flics de la Computer Crime Unit (CCU) de Bruxelles.

Unité 42 ordi.jpgOn venait avec des ébauches d’histoires, on développait des cas et eux, nous donnaient des pistes et des recommandations. Et puis, ils relisaient nos scénarios pour vérifier que tout était vraisemblable », explique Charlotte Joulia.

Au départ, le personnage principal était Billie (Constance Gay, NdlR) puis, peu à peu, la série a évolué vers un duo. « En revanche, les pôles ont été inversés: la spécialiste de l’informatique, c’est elle. Dans Castle ou le Mentalist, celui qui amène l’originalité est toujours un homme. On a voulu changer ce schéma et montrer des modèles féminins différents: une flic qui ne soit pas en brushing et perchée sur des talons pour courir derrière les criminels » explique, en souriant, Julie Bertrand.


3. La touche visuelle

Unité 42 affiche.jpgContrairement à La Trêve et Ennemi Public, deux séries portées par des scénaristes qui sont en même temps réalisateurs, Unité 42 repose sur le travail conjoint de trois scénaristes (francophones) et de trois réalisateurs (flamands). Un mariage qu’il a fallu rendre le plus harmonieux possible.

« On a vraiment accroché tout de suite avec Indra, c’était une chance parce que les réalisateurs sont arrivés assez tard sur le projet, mais Indra Siera a tout de suite compris ce qu’on voulait et on a pu travailler dans la même direction. On s’est retrouvé sur une vision commune« , s’enthousiasme Charlotte Joulia.

« Cette touche visuelle, c’est vraiment Indra Siera qui l’a amenée. Il a tout de suite compris que notre personnage principal n’était pas gothique mais plutôt lumineux et drôle. Constance Gay est exactement et même mieux que ce qu’on avait imaginé. Il y avait presque de la télépathie entre nous. Indra était tout le temps en dialogue sur les décors, les costumes. Il a amené sa patte tout en étant dans le respect de ce qu’on avait imaginé. On avait proposé Patrick Ridremont, on était très contentes que ce soit lui. »

4. La tonalité
Unité 42 geek.jpgAutre difficulté face à cet univers cybercriminel: « il a fallu aussi définir le ton qui nous correspondait et qui séduise la RTBF. Fallait-il opter pour l’humour, le trash ou l’ironie ? Car tout est possible avec le genre policier », souligne la scénariste Julie Bertrand.

« Nous avons reçu beaucoup de retours très positifs après la projection de la série en festival à La Rochelle, Namur ou Genève, plus récemment. Beaucoup nous parlent du côté pédagogique de cette série, même si il y a des approximations. On voit le côté utile, mais aussi les émotions provoquées dans le public. C’est très chouette de voir que cela touche aussi bien des ados que des personnes de 60 ans », admet Charlotte Joulia.

« On peut vraiment ne rien connaître à l’informatique, apprendre énormément de choses et comprendre très bien l’intrigue des épisodes. Bravo aux scénaristes, aux réalisateurs et aux monteurs d’avoir réussi à parler de l’informatique de façon tellement passionnante », témoignait la comédienne Constance Gay au sortir de la première projection en septembre à La Rochelle. Car contrairement à son personnage, Constance Gay n’est pas une vraie geek…


5. La langue

Unité 42 Bob.jpgPour concrétiser le travail de son équipe de scénaristes, le producteur John Engel (Leftfield Ventures) a cherché « des personnes qui avaient la compétence et l’habitude de réaliser des séries. Et les réponses les plus rapides et les plus enthousiastes sont venues de Flandre, où la tradition de la série télévisée est très ancrée. Je considère qu’il n’y a pas de barrière communautaire en la matière, d’autant que le projet est basé à Bruxelles. »
Son souhait, partagé par le réalisateur principal Indra Siera: « faire naître un projet ethniquement varié, avec une vraie diversité et une vraie multiplicité dans la façon de voir la population, avec des intervenants dans différentes langues et avec les sous-titres adhoc. Contractuellement, France 2 a toutefois demandé une version entièrement en français. » Ce qui signifie que certaines parties de l’intrigue seront doublées pour leur diffusion en France…

Aux différents langues parlées dans la capitale s’ajoute la langue des signes via une comédienne sourde et muette qui joue le rôle de la médecin légiste, Alice (Danitza Athanassiadis). « C’est l’idée d’Indra de jouer sur la poésie du silence dans le cadre de la morgue », un calme qui séduit Samuel, plutôt secoué dans sa vie personnelle. La série sera d’ailleurs disponible en version sous-titrée et en audiodescription.


6. Les lieux

Unité 42 bureau.jpgLes bureaux, le labo et la cantine du commissariat ont été aménagés dans un ancien home désaffecté de Berchem Sainte Agathe (cf. notre visite durant le tounage). La série a aussi fait quelques incursions wallonnes (Rixensart, La Hulpe) au fil des enquêtes et des nécessités (musée de l’ordinateur à Namur).
Ajoutez à cela, une salle d’attente d’hôpital, un stand de tir ou une chambre d’hôtel installés aux étages ou en sous-sol et vous obtenez un résultat bluffant. « C’est notre Cinecitta de Berchem-Sainte-Agathe », résume le comédien Patrick Ridremont.

7. Les chiffres

La cyber unité que l’on suit est baptisée Unité 42. « C’est le surnom que l’équipe s’est donnée en référence au livre de Douglas Adams «Le guide du voyageur galactique» (1979), explique le producteur John Engel. Dans ce livre, Douglas Adams explique que 42 est un nombre parfait qui apporte la réponse à de nombreuses questions : «42 est l’ultime réponse à la question de la vie, de l’univers et de tout». »
Une tâche que le comédien Patrick Ridremont aborde avec l’humour et le détachement qui s’imposent...

Le réalisateur Indra Siera, en charge de la direction artistique de la série, a réalisé les épisodes 1, 2, 3 et 10 de la saison 1. Au-delà de la nécessité de donner la première impulsion et de conclure l’histoire de façon harmonieuse, on peut y voir une autre symbolique : 1+3 = 4 x10= 40 +2= 42 CQFD…

Entretiens: Karin Tshidimba

nb: Tous les épisodes seront disponibles durant 14 jours sur le site Auvio de la RTBF après la diffusion du dimanche soir sur La Une