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Underwood.jpgFrank Underwood est l’un des personnages de fiction les plus haïssables apparus ces dernières années. Il est d’ailleurs arrivé en deuxième position dans le sondage sur vos «méchants ciné et tv favoris» sur Lalibre.be. Nous lui consacrons le portrait de ce jeudi.

Il y a chez Francis J. Underwood, né à Gaffney en Caroline du Sud, un mélange subtil entre Brutus et César : la prestance du pouvoir associée à la force (sournoise) de la trahison. Dès les dernières minutes du tout premier épisode de la première saison, le spectateur sait à quoi s’en tenir. Cet homme politique n’a ni remords ni regrets et n’éprouve aucune compassion comme en atteste la scène au cours de laquelle on le voit achever un chien blessé à mains nues. Il y a chez cet homme quelque chose d’un barbouze ou d’un mercenaire comme le suggèrent ses origines militaires…

House of cards S1.jpegManipulateur hors pair et joueur d’échec patient, l’homme affiche une ambition politique démesurée et décomplexée : rien ne lui résiste lorsqu’il se fixe un objectif.
Découvrant la trahison du nouveau Président des Etats-Unis Garrett Walker – qui lui avait promis le poste de Secrétaire d’État (ministère des Affaires étrangères) en échange de son soutien -, Underwood n’aura de cesse de fomenter sa vengeance. Un plat qui se mange forcément glacé dans le cadre d’un parcours législatif ou électoral aux Etats-Unis.

Homme sans foi ni loi, Frank Underwood n’a d’admiration que pour son épouse Claire campée par l’impressionnante Robin Wright. A eux deux, ils forment un couple de grands fauves, des prédateurs forcément inscrits au sommet de la chaîne alimentaire (photo ci-dessous). L’un comme l’autre n’ont pas un regard ni une once d’empathie pour les loosers et les gagne-petit. Un mépris qu’Underwood symbolise de la plus claire des manières face à la tombe de son père.

Underwood couple.jpgMaître ès Machiavel, Underwood affiche un parfait cynisme et peut se défaire d’une amitié de 20 ans en un claquement de doigt, si le besoin s’en fait ressentir. Son regard perçant et son visage de marbre sont l’une de ses meilleures armes lorsqu’il s’agit d’affronter le danger ou un ennemi potentiel.

Pour tous les autres, reste la solution du chantage, de l’intimidation ou de l’humiliation. Ces trois axes nourrissent abondamment la trame de la série House of Cards créée par Beau Willimon, dont la cinquième saison a été diffusée en mai dernier sur Be TV et Netflix. C’est aussi à travers ses yeux noirs et ses regards face caméra que Kevin Spacey, son fabuleux interprète, nous tire de notre position de «voyeurs» pour tenter de faire de nous ses complices…

On a beaucoup gloser il y a quelques mois, sur la ressemblance entre ce personnage et les agissements d’un certain D. Trump, mais la série a pour elle une élégance et une intelligence narrative que la réalité ne possède pas.

KT

mise à jour (5/11): A la suite de plusieurs accusations de harcèlement et d’agression sexuelle – dont certaines sont venues des équipes de tournage d’House of cards -, Netflix a annoncé le renvoi de l’acteur Kevn Spacey. Après avoir annoncé la suspension de la 6e saison, la production réfléchirait à une « façon créative » de sortir la série de l’impasse dans laquelle l’a plongée cette crise.