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roots 3.jpg« Les deux jours les plus importants dans la vie d’un homme sont celui où il naît et celui où il comprend pourquoi il est né. »
Dans le cas de Kunta Kinte, jeune guerrier mandingue, né en 1750 à Djouffouré – une ville prospère située sur les rives du fleuve Gambie -, cette prise de conscience a pris 20 années.
Le temps que cet athlétique jeune homme soit arraché à l’amour de ses parents, Omoro et Binta Kinte, et vendu comme du vulgaire bétail par des négriers britanniques.
A son arrivée en Virginie sur une vaste plantation, Kunta Kinte refuse de se résigner à son sort d’esclave et cherche par tous les moyens à s’échapper.

La série Roots*** (Racines en VF) embrasse son destin et celui de ses descendants dans l’Amérique raciste et ségrégationniste des propriétaires terriens. Un récit abrupt décliné sur quatre générations jusqu’au lendemain de la Guerre de Sécession. Une histoire majeure qui a marqué les annales de la télévision en 1977 (avec pluie de récompenses et audience record*) remise au goût du jour depuis le 30 mai par la chaîne History.

roots 5.jpgCette histoire, d’abord relatée dans le livre d’Alex Haley, a marqué les esprits européens et américains. En 1977, elle donne en effet naissance à une série télévisée qui connaît un succès totalement inédit, fédérant jusqu’à 100 millions d’Américains devant la chaîne ABC à l’heure de son dénouement.
Alors que cette production de David Wolper, portée notamment par le jeune acteur LeVar Burton, sert aujourd’hui de support pédagogique dans les cours d’Histoire aux Etats-Unis, on peut se demander ce qui a poussé une chaîne comme History à vouloir en proposer une nouvelle version. Après avoir été longtemps ignorée l’histoire de l’esclavage est en effet reconnue et enseignée au pays de l’Oncle Sam et des films comme 12 years a slave ou des séries plus récentes comme Underground ont récemment remis le sujet sur le tapis.

Black Lives Matter

Quarante plus tard, l’histoire de cette famille maltraitée par l’Histoire demeure pourtant un puissant uppercut. A l’heure où la campagne présidentielle américaine reste hyper polarisée sur la question du racisme, Roots montre que le mouvement Black Lives Matter* conserve toute sa pertinence. Preuve que certaines plaies ne sont toujours pas cicatrisées : le rappeur Snoop Dogg a d’ailleurs, un temps, appelé au boycott de la série, déclarant en avoir assez de voir « le récit larmoyant des épreuves infligées aux Noirs-Américains ».

roots 6.jpgSi Roots est forcément grave et sombre, la série n’est en rien larmoyante, démontrant au contraire comment chaque membre de cette famille a tenté de survivre et de maintenir sa dignité d’être humain dans des conditions dramatiques. Elle prend également soin de s’intéresser à la culture mandingue et à sa survivance à travers les âges auprès des descendants de Kunta Kinte.
C’est l’utile modernisation du propos originel auquel se prête cette mini-série développée par Mark Wolper, fils du producteur de la version de 1977. Si la série demeure fidèle à son ancêtre, notamment en respectant la trame classique de son récit, les personnages gagnent en profondeur et en épaisseur et la réalisation en inventivité. Preuve qu’on ne raconte plus, aujourd’hui, les histoires familiales comme on le faisait hier.

Lancée le 30 mai dernier aux Etats-Unis, la saga, adaptée notamment par Alison McDonald, compte 4 épisodes d’1h30. Devant la caméra de Mario Van Peebles défile un casting de premier choix : Forest Whitaker, James Purefoy, Jonathan Rhys Meyers, Anna Paquin, Laurence Fishburne,… Et des visages moins connus mais tout aussi convaincants : Malachi Kirby, Anika Noni Rose, Erica Tazel.

KT

nb1: Succès public, la série de 1977 a également été un succès critique avec ses 37 nominations et 9 prix reçus lors de la cérémonie des Emmy Awards.

nb2: Le mouvement Black Lives Matter milite depuis 2013 pour dénoncer le racisme et les violences policières à l’encontre des Afro-Américains.