Caïn.jpgEn faisant du capitaine Fred Caïn* (Bruno Debrandt), créé en octobre 2012, un personnage intuitif, guidé par son flair mais irascible et spécialiste du dépassement des limites légales, Bertrand Arthuys et Alexis Le Sec voulaient cultiver sa part d’ombre.

Un peu à la manière d’un Gregory House avec lequel il partage une personnalité cassante et charismatique et un handicap partiel.
Divorcé et père d’un grand ado, Caïn ne laisse personne s’immiscer dans son intimité. Déployant toute son énergie créatrice dans le cadre très strict de son travail de flic.

Son cynisme et son arrogance s’expliquent autant par son insatisfaction et son récent divorce que par le fait qu’un accident de moto a tracé un trait définitif sur certains de ses rêves. Mais la question du traumatisme étant rarement creusée, il n’y avait pas là de quoi enrichir deux saisons (soit 16 épisodes au total) avec ces quelques lignes d’intrigues personnelles.
A partir de la saison 3, les relations tendues de Caïn avec son fils Ben, épris d’une riche jet-setteuse accro à la cocaïne, offrent davantage d’aspérités au personnage et surtout un fil rouge d’intrigue qui faisait vraiment défaut à la série jusque là.
La saison 4 en cours de diffusion sur La Une, a démarré hier soir avec succès sur France 2 (4,36 millions de fans et 18,8 % de parts de marché en moyenne). Selon France 2, il s’agirait même du record historique de la série.

Caïn 2.jpgEgalement concernée, en raison de ses mauvaises fréquentations à l’adolescence, le lieutenant Lucie Delambre (Julie Delarme) sort enfin de sa réserve. Ancienne des forces armées, elle cultivait jusque là son look de garçon manqué et de parfait petit soldat, mais avait tendance à promener partout ses grands yeux bleus écarquillés sans autre véritable nuance. Un personnage plutôt lisse révélant un des principaux défauts des séries françaises : le manque de moyens, certes, mais aussi le manque d’ambition en termes d’écriture ou de réalisation.

Bien sûr, les séries Chérif, Caïn et dans une certaine mesure Falco représentent une avancée de la fiction française où il reste compliqué d’imposer des personnages un peu clivants ou hors format. Mais il ne suffit pas de déposer un cadre, encore faut-il le remplir avec des propositions vraiment originales et développer un propos pertinent, saillant.

De trop nombreuses séries ont pour objectif de rester de purs divertissements qui ne nous apprennent rien sur les enjeux de notre temps. Cela n’aurait aucune incidence si d’autres récits assumaient ce rôle…
Le choix de privilégier des enquêtes bouclées, à la fin de chaque épisode, laisse peu de place au déploiement de ces destins individuels qui font la richesse des séries véritablement feuilletonnantes. Mais la volonté de creuser notre quotidien, d’étonner et de surprendre permet d’éviter bien des déceptions à tous ceux qui recherchent bien plus qu’un enquêteur de plus.

La saison 4 promet « davantage de dilemmes et d’aspérités » pour ses comédiens principaux, c’est tout le « mal » qu’on lui souhaite…

KT

nb: Après trois saisons de huit épisodes, cette saison 4 en compte 10.