occupied 1.jpgElu du parti écologiste, le Premier ministre norvégien Jesper Berg (Henrik Mestad, photo du milieu) décide de mettre un terme à la production pétrolière offshore qui a fait la richesse de son pays durant des décennies.
Il veut la remplacer par l’exploitation du thorium, un combustible plus «vert» qui permettra au pays de participer à la lutte contre le réchauffement climatique.
Mais cette décision norvégienne déplaît souverainement à l’Union européenne qui lui fait savoir sans tarder par le biais d’émissaires russes aussi déterminés que violents.
Cette prise de contrôle qui ne dit pas son nom, au départ, oblige le ministre Berg à un rétropédalage qui éveille les soupçons de son garde du corps (Eldar Skar, ci-contre) et d’un journaliste (Vegar Hoel) qui suivait de près cette grande annonce publique.

Ainsi démarre l’intrigue d’Occupied**, thriller politique à la trame audacieuse, dix chapitres à découvrir dès ce jeudi soir sur Arte.

Voici la série qui fâche la Russie.
occupied.jpgCe scénario de politique-fiction qui imagine les Russes envahir la Norvège afin de se rendre maîtres de leurs ressources énergétiques fait sérieusement grincer les dents du côté de Moscou. Par la voix de sa véritable ambassade à Oslo, et avant même la diffusion à domicile, la Russie s’est empressée de dénoncer un « programme qui tente d’effrayer les téléspectateurs avec une menace inexistante venue de l’Est« .

«Passer systématiquement pour les méchants» aux yeux du reste de la planète déplairait souverainement au Sieur Poutine. Sérieusement ? Ce qui choque sans doute Moscou, c’est la référence à des visées conquérantes pas si fantaisistes et une proximité thématique avec la réalité de l’invasion ukrainienne qui ne prêche pas vraiment en faveur de l’innocence russe. Pour le dire gentiment et poliment.

Quoi qu’il en soit l’intérêt d’Occupied réside dans l’analyse qu’elle propose de la réaction de la population norvégienne, réputée « pacifiste », face à une invasion insidieuse qui ne dit pas son nom et se joue habilement de tous les moyens de pression disponibles. Comment se positionner lorsque la menace est larvée ou latente, lorsque les apparences sont trompeuses mais le péril réel ? Jusqu’où accepter les compromis et les entorses à la liberté individuelle pour garder la vie sauve ? Comment garder la tête haute ? Ce sont toutes ces questions qu’aborde la série dont l’idée originale a germé dans le cerveau du Norvégien Jo Nesbo, fameux auteur de polars.

occupied 3.jpgPour fonder son idée de scénario, l’écrivain dit s’être inspiré de la «discrète» collaboration de son pays avec le nazisme durant la Seconde guerre mondiale, un passé édulcoré aujourd’hui. Suivant le quotidien de différents personnages (le Premier ministre, son garde du corps zélé, une restauratrice en difficultés, un journaliste chevronné, etc.), Occupied s’intéresse aux implications concrètes de cette «occupation» russe.

Un scénario inédit qui risque de faire plus de bruit encore que le retour pourtant annoncé comme fracassant, cette semaine, de la série Les Revenants (depuis lundi à 21h sur Be1).

En dix épisodes, la série suit l’évolution des réactions de la population au fil des premiers mois de l’occupation russe (d’avril à décembre). Un précieux enseignement sur les petites entorses «consenties» à la démocratie. Au final, le showrunner Erik Skjoldbjaerg livre un scénario éclairant qui souffre toutefois du manque d’épaisseur de certains personnages et de sa transposition dans une VF peu emballante.

KT